Collège du Clergeon : Une mobilisation pour de meilleurs conditions d’enseignement
Les parents d'élèves, les professeurs et les AESH se sont mobilisés pour réclamer de meilleurs conditions d'enseignement pour leurs enfants au collège du Clergeon. - Photo : Alexis Fernandez
Collège du Clergeon
La rentrée est passée. Alors que le soulagement était de mise dans certains établissements comme l'école René Darmet après le maintien de toutes ses classes, du côté du collège du Clergeon, au contraire, on tire la sonnette d'alarme. La recherche d'économies au niveau de l'éducation touche particulièrement les établissements scolaires, qui voient les conditions de l'enseignement se dégrader.
Les élèves en difficulté abandonnés
Bon nombre d'établissements sont frappés de plein fouet par ces baisses de budget. Et dans ce contexte difficile, tout le monde y perd, à commencer par les élèves en difficulté, qui sont en première ligne. L'augmentation du nombre d'élèves par classe et la réduction des moyens humains sont décriées. " Nous, en tant que professeurs, on est très inquiets parce que ça fait plusieurs années que les moyens diminuent et qu'on nous a enlevé des classes de SEGPA. Du coup, ces élèves en difficulté n'ont plus de place et se retrouvent en classe ordinaire ", explique Marilyne Buttin, professeure de mathématiques au collège du Clergeon. Dans ce cadre, les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) doivent les accompagner. Mais là encore, la recherche d'économies se fait grandement ressentir. " On en a de moins en moins et, de ce fait, les élèves ne sont pas toujours accompagnés ", déplore Marilyne Buttin. Malgré leur bonne volonté, il devient difficile pour les professeurs d'aider tout le monde, et d'autant plus lorsque plusieurs élèves en difficulté sont dans la même classe. " J'ai une classe de sixième où j'ai 26 élèves, dont 3 avec une notification de la MDPH (recensant une difficulté importante). Ils devraient être accompagnés par un AESH, mais là, je n'ai personne très souvent, et du coup, c'est à moi de m'en occuper en parallèle des 23 autres, sachant que dans cette classe il y a aussi 4 élèves qui ont des plans d'accompagnement personnalisés (difficultés reconnues). Donc en 55 minutes, on n'a pas le temps de les aider ", regrette la professeure. Face à cette absence de suivi, les parents s'inquiètent eux aussi de voir leurs enfants livrés à eux-mêmes, sans accompagnement.
De la maltraitance pour les enfants
" Mon fils a besoin de 9 h par semaine, assisté d'un AESH. Une aide qu'il avait à peu près en début d'année, et son AESH a été affectée en primaire. Du coup, il n'a plus que deux heures, donc ça devient très compliqué en cours. Il n'arrive plus à s'organiser, il n'arrive plus à se concentrer. Il est en train de lâcher alors qu'on n'est qu'au mois d'octobre, donc l'échec scolaire est en approche ", détaille Cyrielle, la maman d'un élève de 6e en classe ordinaire. Comme d'autres parents, elle regrette une inclusion mal organisée, dont les premières victimes sont les élèves. En cause : le manque de place dans les classes SEGPA et même ULYS du collège. " Ces classes spécifiques sont en classe ordinaire, donc on les favorise, mais il n'y a plus de temps pour aider les autres ", analyse-t-elle.
Au même titre que les professeurs, elle espère que des moyens seront mis en place pour recruter plus d'AESH et garantir un bon enseignement à son fils et aux autres élèves. " C'est de la maltraitance ", déplore Samuel Chavillon, professeur d'histoire-géo, qui y voit un problème commun avec d'autres services publics. " Et ce problème n'impacte pas que les élèves en difficulté ", surenchérit-il. Tous les élèves sont en effet victimes de ces manques de moyens.
Les AESH demandent de la considération
Les AESH sont les autres victimes de ce manque de budget pour l'éducation. Souvent oubliés, ils sont au contact des élèves en difficulté au quotidien pour les aider à mener leur scolarité normalement. Au collège du Clergeon, après deux départs imposés en début d'année, les AESH, déjà en sous-effectif, ne peuvent plus remplir pleinement leur rôle. " Nous nous retrouvons à devoir assurer uniquement les accompagnements des élèves bénéficiant d'une notification individuelle (9, 12 ou 15 heures hebdomadaires), et nous ne pourrons même pas combler ces heures auxquelles ils ont réellement droit. Quant aux autres collégiens dotés d'une notification mutualisée, c'est-à-dire 3 à 4 h par semaine, ils ne seront plus du tout suivis, sauf ceux qui ont la chance d'être dans des classes où l'AESH est présente et qui pourra peut-être leur accorder un peu d'aide ", alerte Valérie Le Bihan, une AESH.Elle espère également plus de considération de la part des comités de pilotage. " On nous ballotte d'un établissement à un autre du jour au lendemain, avec comme seule information un mail froid et insipide qui nous prévient de notre changement d'affectation la veille pour le lendemain. Nous ne pouvons tolérer davantage d'être considérés comme des pions que l'on manipule au gré des besoins des établissements ", s'indigne-t-elle. Dans le même état d'esprit, tous demandent une amélioration notable au collège du Clergeon, alors que 23 élèves notifiés par la MDPH ne sont pas suivis. " On aimerait une nouvelle classe SEGPA et un engagement pour recruter des AESH ", demande Mathieu Fourneyron, ancien parent d'élève impliqué au SNES-FSU, soulignant le décalage entre les promesses et les actions possibles avec des moyens restreints. En tout cas, tous étaient d'accord pour le dire, ce mercredi 15 octobre, devant le collège du Clergeon :" L'école inclusive, oui, mais pas comme ça. "