Crise de l’énergie : faut-il craindre des coupures d’électricité cet hiver ?
Le préfet de la Haute-Savoie, Yves Le Breton, en fonction depuis 3 mois, a convié la presse lundi 5 décembre afin de faire un point sur les sujets d’actualité dans le département et plus particulièrement concernant les risques de délestage électrique annoncés au niveau national, qui concerneraient des coupures de courant organisées un peu partout dans le pays en cas de grand froid et de forte tension du réseau électrique afin de le soulager, dans un contexte de crise énergétique mondiale.
Délestage de 2h maximum
Le préfet, accompagné de sa directrice de cabinet Animya N’Tchandy, a tout de même tenu à être rassurant. Il a insisté sur le fait que le délestage serait la mesure de dernier recours, la première solution étant la sobriété énergétique à travers la responsabilité des entreprises et des citoyens. «Il faut faire en sorte que chacun d’entre nous consomme moins d’électricité dans sa vie quotidienne pour permettre aux fournisseurs de passer le cap de l’hiver». Des solutions dégradées comme les baisses de tension sont également envisagées en cas de pics de consommation.
Les délestages seraient donc le recours ultime. «Je comprends que les concitoyens s’en inquiètent mais je tiens à les rassurer sur un point : le délestage, c’est une durée de deux heures maximum. Il faut aussi savoir qu’il y a un délai de prévenance, les usagers seront donc avertis le plus tôt possible par les fournisseurs d’électricité en lien avec les transporteurs que sont RTE et Enedis».
Les usagers prioritaires épargnés
Le préfet a également informé que les usagers jugés prioritaires par les autorités de l’état locales ne seront pas délestés, à savoir les services publics, les hôpitaux, les industries dépendantes des énergies, tous ceux «dont l’activité est absolument essentielle à notre société» ou «dont la rupture de l’alimentation électrique peut entraîner la destruction ou la détérioration de l’outil de production lui-même». Feront également partie de ces usagers prioritaires, les personnes bénéficiant d’une hospitalisation à domicile dont le recensement est en cours. 38% du potentiel électrique sera réservé aux usagers prioritaires. «Les autres, en revanche, doivent se préparer à d’éventuelles coupures le matin entre 8h et midi et le soir entre 18h et 20h, lorsque les pics de consommation sont les plus importants».
Yves Le Breton conseille aux usagers de suivre le dispositif Ecowatt qui est «la météo électrique. Aujourd’hui, elle est verte, mais demain elle peut évoluer et devenir rouge».
«Une situation inédite pour tout le monde»
Sur la base de la circulaire récemment communiquée par la Première ministre Elisabeth Borne, le préfet s’apprête à organiser des réunions avec les collectivités locales et les milieux économiques pour pouvoir anticiper au mieux les conséquences de ces délestages éventuels. «C’est une situation inédite pour tout le monde car d’habitude, il n’y a pas de prévenance du délestage, c’est causé par la tempête de neige, la rupture électrique qui fait qu’un secteur n’est pas alimenté pendant un certain temps».
Concernant l’échelle des secteurs de délestage, immeuble, quartier, commune, canton, elles sont difficilement indentifiables car le réseau électrique est complexe : il fonctionne par grappes et non en cercles concentriques. La directrice du cabinet précise que le fait d’habiter, par exemple, tout près d’un hôpital ne garantit pas d’être épargné par ces coupures. Quant à la téléphonie mobile, elle informe que les services de l’Etat travaillent avec les opérateurs «pour avoir des antennes qui permettent d’assurer une couverture optimale dans le département, et une cartographie sera prochainement établie au niveau national pour évaluer les zones blanches éventuelles qui se dessinent et dans lesquelles même les appels d’urgence seraient compliqués».
Les gestionnaires de transport et de distribution de l'électricité ont programmé un exercice national «de délestage électrique programmé» aux côtés des préfectures, dans leurs locaux respectifs, vendredi 9 décembre.
En cas de coupures d’électricité organisées, une cellule de crise préfectorale devrait être mise en place.