Dans la «peau» d’une personne âgée

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Deux fois par an, durant une semaine, la résidence seniors Domitys les Deux Lacs met à disposition une combinaison de simulation de vieillissement pour son personnel ainsi que pour les accompagnants et personnels soignants extérieurs qui peuvent s’inscrire à un atelier de mise en situation de la vie quotidienne d’une personne âgée. L’objectif : mieux appréhender le corps d’un senior et mieux comprendre les difficultés physiques qu’il rencontre tout au long de la journée

Simulateur de vieillissement

Le kit de simulation de vieillissement est constitué de plusieurs éléments qui se fixent sur différentes parties du corps.

«Cette combinaison permet de ressentir l’effet de la vieillesse, c’est vraiment représentatif de ce que les personnes âgées éprouvent dans leur vie de tous les jours» explique Isabelle Artru, chargée de réseau chez Domitys et animatrice de ces mises en situation.

Un gilet de 20 kg environ simulant la sensation d’alourdissement, poids autour des chevilles et des poignets simulant la fonte musculaire et la lourdeur des membres, gants diminuant les réflexes et la sensibilité des doigts, genouillères et coudières faisant ressentir les problèmes d’articulation, minerve reproduisant la raideur de la nuque, casque réduisant l’audition ou encore lunettes simulant l’opacité du cristallin, toute une panoplie destinée à être testée par les infirmiers, aides-soignants, médecins, auxiliaires de vie et personnels côtoyant les seniors afin de les aider à mieux comprendre les problématiques du vieillissement, à adapter leur comportement et leur accompagnement de la meilleure façon qui soit face aux besoins et fragilités des personnes vieillissantes.

Une fois la combinaison enfilée, l’impression d’être dans un autre corps et d’avoir pris de l’âge se fait très vite ressentir : diminution de la souplesse, difficulté à se mouvoir, sensation d’alourdissement, d’affaiblissement, réduction de l’acuité visuelle et auditive, essoufflement, perte d’équilibre… Le ressenti est déstabilisant, dans tous les sens du terme.

Isabelle Artru propose une simulation de 15 à 20 minutes qui démarre par  une déambulation dans le couloir où déjà l’on se traîne, dans une démarche imprécise, les pas sont ralentis et le dos alourdi. L’on ne tarde pas à se voûter. S’ensuit une montée de deux étages, le réflexe est de se tenir à la rampe pour ne pas chuter et faire une pause se révèle nécessaire pour reprendre son souffle. La simulation continue avec d’autres gestes du quotidien, comme ouvrir un tiroir, se servir une tasse de thé, allumer la télévision, prendre une douche ou encore enfiler un peignoir. L’utilisation des membres et des doigts est confuse, les articulations paraissent bloquées, les doigts semblent engourdis, la vue est jaunie et légèrement floutée, l’ouïe est diminuée, les sons sont étouffés, tout est synonyme de pénibilité et le simple fait de s’asseoir dans un fauteuil ou se relever demande un effort considérable. 15 minutes où l’on ne se sent plus maître de son corps, 15 minutes de mouvements banals, de gestes anodins qui auront suffi à avoir hâte de retrouver sa légèreté.

«On vit cette expérience sur un temps assez court, mais il faut se dire qu’eux, c’est en permanence qu’ils éprouvent ces sensations et ressentent ce poids, cet affaiblissement» indique Isabelle Artru, ajoutant que selon les personnes «testeuses», le ressenti de l’expérience n’est pas le même : «Certains seront plus gênés par le poids, d’autres par la visibilité ou le manque d’agilité.». Ce qui semble certain: quelles que soient les perceptions et conclusions de chacun, personne ne ressort indifférent…de cette combinaison.

Etre plus patient

Se vêtir de cet attirail est une expérience fatigante mais enrichissante car elle permet d’avoir une réelle prise de conscience quant aux comportements parfois plaintifs et impatients des personnes âgées. Ce que l’on pourrait parfois considérer comme des caprices dus à l’âge sont en réalité l’expression d’une vraie gêne voire d’une véritable souffrance imperceptibles si on ne les ressent pas soi-même. «Cela nous apprend à être plus patient et mieux à l’écoute» précise Isabelle Artru.  «Les combinaisons de simulation de vieillissement circulent dans tout le réseau Domitys. La plupart des gens viennent ici mais il est également possible d’apporter la combinaison à l’hôpital, par exemple, lorsque les soignants n’ont pas le temps de se déplacer.»

Le prochain prêt dont la résidence Les Deux Lacs bénéficiera a été fixé à début mai.

 

C. C.

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