Découverte des bébés morts dans un appartement : mise en place d’une cellule psychologique

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Photo : Claire Castelar

Après l’effroi et l’émoi qu’a suscités la découverte de deux bébés morts dans une valise le jour de l’An, dans un appartement de la cité de la Salle, l’heure est au questionnement et à l’incompréhension. Pour la première fois confronté à un tel fait divers, le maire Christian Heison a décidé de mettre en place une cellule psychologique pour les habitants du quartier et le voisinage encore sous le choc ainsi que pour l’ensemble de la population fortement marquée par cette affaire qui n’en est qu’à son début. L’enquête étant en cours, peu d’éléments ont à ce jour été fournis. La procureure du Parquet d’Annecy, Line Bonnet, a toutefois apporté quelques informations vendredi 6 janvier, via un communiqué (Cour d’Appel Chambéry / Tribunal Judiciaire Annecy) :

«Le 1er janvier 2023 à 14heures, une femme âgée de 35 ans demeurant à Rumilly (74) a contacté le 17 pour faire part de ses intentions suicidaires. Au cours de l’appel elle a indiqué avoir à son domicile les corps de deux bébés morts.

Les militaires de la gendarmerie se sont immédiatement dépêchés sur place et ont découvert, sur l’indication de la requérante, deux dépouilles emmaillotées dans une valise.

Compte tenu de son état de santé, cette personne a fait l’objet d’une hospitalisation sous contrainte. Elle est toujours hospitalisée à ce jour et n’a pu être entendue par les enquêteurs.

Une enquête judiciaire sous la qualification de meurtre sur mineur de 15 ans a été immédiatement diligentée par le parquet d’Annecy et les investigations confiées à la brigade des recherches d’Annecy et à la section de recherche de Chambéry avec l’appui de la cellule d’identification criminelle d’Annecy.

Des autopsies ont été réalisées le 4 janvier 2023 à l’institut médico-légal de Grenoble. La date des décès et leur cause n’ont pu être déterminées à ce stade. Des analyses complémentaires ont été diligentées. La présence d’un cordon ombilical sur un des deux corps permet de supposer toutefois qu’il s’agissait d’un nouveau-né.

Le compagnon actuel de la requérante, en couple avec cette dernière depuis 2019, à l’étranger depuis le 13 décembre 2022, a été placé en garde à vue pour recel de cadavre le 5 janvier 2023 au matin dès son retour en France. Aucune charge n’a été retenue contre lui et il a été mis fin à sa garde à vue ce jour à 11h50.

Les deux enfants du couple, nés en 2020 et 2021, ont fait l’objet d’une ordonnance de placement.»

«Elle était très renfermée, on se disait juste «bonjour»»

Le maire a organisé une rencontre d’urgence avec les habitants de la cité de la Salle vendredi après-midi, dont certains sont durement affectés par l’ampleur des faits, qu’ils n’auraient jamais soupçonnés, comme la voisine de l’appartement du dessous à qui les enfants de la mère de famille ont été confiés durant quelques heures, suite à son appel de détresse : «On nous les a amenés à 14h30 et vers 19h-20h les assistantes sociales sont venues les récupérer». Cette voisine, elle-même mère de deux petites filles, ne dort plus depuis ce fameux dimanche. «Je ne connaissais pas son prénom ni celui de ses enfants. Elle était très renfermée, on se disait juste «bonjour». Cinq jours avant, elle avait tapé à notre porte et voulait me parler pour s’excuser du bruit que faisaient ses enfants. Je lui ai répondu que la seule chose qui me dérangeait, c’était les disputes de couple, et que j’espérais qu’ils ne faisaient pas de mal aux petits. Elle m’a alors regardée droit dans les yeux : «je vous jure qu’on ne touche pas les enfants». Pour moi ça reste un couple comme les autres, avec des disputes, des hauts, des bas. Je suis profondément choquée».

Le maire à la rencontre des habitants

Une dizaine de personnes étaient présentes vendredi après-midi et ont pu libérer leur parole durant plus d’une heure. Le maire, pour qui il était primordial d’aller à leur rencontre, explique avoir ressenti leur sidération et leur détresse : «Concernant l’affaire en elle-même, je n’en parlerai pas, à chacun ses compétences. Le seul sujet où je me sens peut-être utile dans cette dramatique affaire, c’est accompagner la population choquée, et plus particulièrement les habitants de la cité et du secteur. Je voulais les rencontrer au plus vite pour connaître leur sentiment, leur état d’esprit et comment ils vivent la situation. Certains ne dorment plus, ne mangent plus. Les parents d’enfants en bas âge se demandent comment un tel acte est possible, c’était manifestement un couple sans grands problèmes et plutôt discret, ce qui a d’autant plus sidéré le voisinage. Les habitants n’arrivent pas à se remettre de l’idée qu’ils ont vécu dans cet immeuble avec deux enfants morts dans une valise».

Le maire a pris l’initiative de mettre en place une cellule psychologique via le 15, qui selon lui, «bien au-delà d’être nécessaire s’est avéré indispensable».

Une action à destination des riverains de la cité de la Salle, en lien avec des psychologues spécialisés, sera prochainement menée afin de recenser les besoins concernant d’éventuels traumatismes.

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La porte scellée.

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