Déplacement de la station d’épuration : le plus gros projet financier de la collectivité

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Lors du conseil communautaire du 22 mai, le projet de nouvelle station de traitement des eaux usées et de valorisation énergétique intercommunale (STEU VE) à Rumilly a longuement été présenté en début de séance. L’équipement sera construit à proximité du Fier, sur la RD910 à côte de l’aire de grand passage, et devrait être mis en service en juillet 2027. «Ce projet, initialisé il y a de longues années, est suffisamment arrivé à maturité pour en présenter le dossier. Financièrement, c’est sans doute le plus gros projet de la Communauté de communes depuis qu’elle existe» a annoncé le président Christian Heison.

Travaux estimés à 22 630 000 € HT

Le montant des travaux, qui devraient démarrer début 2025 pour une durée de deux ans, est estimé à 22 630 000 € HT (comprenant la démolition, entière ou partielle, de la station actuelle) et la maîtrise d’oeuvre devrait coûter 815 000 € HT. Jean-Pierre Lacombe, vice-président en charge de l’eau et de l’assainissement, est revenu sur l’historique de l’actuelle station datant de 1978, située au nord-est de Rumilly en bordure du Chéran, rappelant que sa remise en état est évoquée depuis 2011 : « La réflexion a été menée pour faire évoluer le site non plus en amont mais en aval de la ville, au bord du Fier plutôt qu’au bord du Chéran dont les étiages sont très faibles avec des risques de pollution plus importants ».

«Malgré plusieurs réhabilitations et adaptations, il est temps de la renouveler»

Julien Rimbot, chef du projet, a présenté l’état d’avancement du dossier, le contexte et les enjeux, la capacité et le périmètre de collecte. L’actuelle STEU traite les eaux usées de Bloye, Marigny- Saint-Marcel et Rumilly, mais également les effluents industriels de l’Espace Leader d’Alby-sur-Chéran. «Malgré plusieurs réhabilitations et adaptations, il est temps de la renouveler. Face à l’augmentation de la population et l’accroissement des exigences sur les niveaux de rejets, elle n’est plus à même de remplir son office». En parallèle de l’élaboration du Schéma Directeur d’Assainissement intercommunal, adopté courant 2021, et avant engagement des travaux structurants sur la station actuelle, la Communauté de communes a fait réaliser une étude s’avérant peu concluante pour une réhabilitation sur site. Il a donc été décidé de la déplacer et de la reconstruire intégralement au bord du Fier. Le terrain, situé dans le secteur des Hutins, a été acquis en juin dernier. Au-delà de cette mise aux normes, c’est aussi l’occasion d’étendre le périmètre de collecte des eaux usées avec à terme, le raccordement d’autres communes. L’objectif du projet sera de faire coexister la nouvelle station et l’aire du grand passage, en tenant compte de la reconstruction du pont Coppet (travaux lancés par le Conseil départemental d’ici 2028).

Deux solutions de traitement envisagées

Les études de maîtrise d’oeuvre (recrutement maître d’oeuvre en cours, offres prévues le 25 mai) envisageront deux solutions : la construction d’une station de traitement extensif semi couverte/ fermée désodorisée ou d’une station de traitement compact entièrement couverte/fermée désodorisée. La station sera munie d’un méthaniseur de boues. Après l’étude des coûts d’investissement et des coûts d’exploitation, la collectivité tranchera sur une des deux solutions dès la fin 2023. Le programme prévisionnel de travaux prévoit également diverses dispositions pour limiter l’impact environnemental des infrastructures à construire et exploiter, mais aussi pour valoriser la matière. Des travaux sont par ailleurs indispensables sur les réseaux de collecte pour autoriser le transfert des effluents vers le nouveau site, minimiser le dimensionnement des installations et les consommations d’énergie. Cette opération est soumise à un planning contraint, notamment lié à des impératifs financiers. Les grandes échéances sont l’arrêt du programme définitif d’ici fin 2023, la signature du marché des travaux fin 2024, le lancement des travaux en janvier 2025 et la mise en service des installations en juillet 2027.

4 nouvelles communes collectées en 2027

Des scénarios sont à l’étude sur le périmètre de collecte et la capacité de la nouvelle station. Les trois communes (Rumilly, Bloye, Marigny-Saint- Marcel) raccordées actuellement représenteront un EH (équivalent habitant, unité de mesure permettant d’évaluer la capacité d’une station d’épuration) de 27 216 en 2027. Le périmètre sera élargi à quatre nouvelles communes (Boussy, Massingy, Moye, Sales), soit 30 409 EH cette même année, puis à deux nouvelles communes (Vallières-sur-Fier, Lornay) en 2037, soit 37 926 EH, pour une capacité cible en 2057 de 49 200 EH (sur la base d’une croissance démographique de 1,5% par an).

Confortement de la station actuelle

L’actuelle station, qui doit continuer de traiter les eaux usées jusqu’en juillet 2027, est confrontée à plusieurs difficultés comme un rejet dénoyé suite à l’évolution de la morphologie du Chéran (travaux programmés à l’été 2023 sous réserve des autorisations foncières), des pointes de charge hydraulique (travaux d’écrêtement en tête prévus en 2023/2024), des pointes de charge polluante (discussions en cours avec industriels concernés et renforcement de la capacité d’aération) avec notamment des apports non conformes tels des effluents non domestiques conduisant à des dysfonctionnements. «Pour contrer ce problème, les services travaillent à des opérations de contrôle et conventionnement des rejets industriels. C’est un travail compliqué mais qui porte ses fruits : par exemple, Alcia Laboratoires a récemment mis en place une installation de traitement» a commenté le chef du projet.

«A terme, la quasi moitié des communes devraient être connectées à cette station, ce qui n’était pas forcément l’idée de départ et qui représente donc un enjeu très important pour notre territoire. Cet équipement est à la dimension intercommunale » a conclu le président.

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