Déploiement de la fibre : Hervé Gaymard saisit l’autorité régulatrice

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«Savoie connectée» a annoncé ne pas être en mesure d'atteindre les objectifs de raccordement mi-2022. En colère, le président de la Savoie a décidé de saisir l'Arcep pour que l'Etat sanctionne financièrement l'opérateur et le contraigne à accélérer les travaux. Une première en France.

Le président du Département de la Savoie, Hervé Gaymard, a exprimé son profond mécontentement au sujet du déploiement de la fibre optique, lors de la séance plénière qui se tenait vendredi 19 novembre. «Plus de deux ans après les annonces, moins de 1 000 lignes ont été déployées à la fin décembre 2020. Savoie connectée a annoncé pour la première fois, en présence des 18 intercommunalités concernées, ne pas être en mesure d'atteindre mi-2022 l'objectif de raccordement de la moitié des foyers savoyards relevant de l'Amel (appel à manifestation d'engagement local)», s'indigne-t-il. Aussi, après s'être concerté avec le secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique et des Télécommunications électroniques, Cédric O, le président du Département a-t-il décidé de saisir l'Arcep, l'autorité régulatrice des communications électroniques, afin que l'opérateur soit sanctionné financièrement par l'Etat et qu'il accélère les travaux. «Ce sera la première procédure engagée en France», annonce M. Gaymard.

Un parcours semé
d'embûches

Le déploiement de la fibre optique en Savoie n'a jamais été un long fleuve tranquille.

En 2017, le conseil départemental avait dû dénoncer la délégation de service public contractualisée avec le groupement Axione/Bouygues énergies et services pour motif d'intérêt général. Dans la foulée, il avait lancé un Amel remporté fin 2018 par le groupement Covage-Orange, créant une filiale spécialement dédiée, Savoie connectée. La filiale avait pris l'engagement de livrer 255.000 prises fin 2024, dont la moitié mi-2022, selon les priorités définies en lien avec les 18 intercommunalités et 243 communes concernées. Un programme uniquement financé sur ses propres fonds, sans recours à l'argent public. Les autres communes, situées sur les agglomérations de Grand Lac, Chambéry et la ville d'Albertville, étant prises en charge par Orange.

«Désinvolture
scandaleuse»

La société Covage avait choisi de découper le département en 16 lots de travaux, attribués à sept sous-traitants afin d’accélérer le chantier. En avril 2020, Covage alerte sur le retard des travaux dû au confinement. Et pour ne rien arranger, la société se fait racheter par Altice-SFR FttH en décembre 2020. Si cela ne change rien aux termes du contrat, la stratégie évolue et les travaux sont interrompus : Savoie connectée, désormais contrôlée par XpFibre (anciennement Altice-SFR FttH), prévoit un découpage du département en deux. Elle confie à deux sous-traitants la construction et l’exploitation du réseau. Manifestement sans que cela n'entraîne d'amélioration des délais de déploiement de la fibre...

La Savoie ne serait pas la seule à subir cette situation. Aux dires du secrétaire d'Etat, rapportés par Hervé Gaymard, les opérateurs auraient levé le pied dans la mesure où la France, qui avait beaucoup de retard en la matière, l'a rattrapé au point de figurer en tête de peloton en Europe. «La Savoie n'a pas à faire les frais d'une situation globale, martèle l'élu. Quand la société sera tapée au portefeuille, son attitude devrait changer de sa désinvolture scandaleuse.»

 

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