Depuis trente ans, pour lutter contre l’exclusion
L’origine, elle se situe au printemps 1989 ! Le 3 avril de cette année-là, il y a tout juste trente ans, Georges Dutreuil déposait en préfecture d’Annecy les statuts d’une nouvelle association, «Bazar sans frontières». Pour les intimes, BSF.
Georges, c’est un homme qui allie une générosité quasi maladive, un sens du partage et du contact développé lors d’expériences diverses, et des compétences de brocanteur acquises au fil d’années de métier. Il a réuni autour de lui un groupe de bénévoles pour créer, avec ce «Bazar», une structure d’économie sociale et solidaire avec un chantier d’insertion autour du recyclage et de la vente d'objets et de matériels donnés à l’association : meubles, appareils électroménagers, multimédia, cycles, Hi-fi, linge, vêtements, livres, bibelots etc.
Un appel dans la presse annécienne du moment permet de lancer progressivement cette cause sociale et humanitaire.
Au départ, Georges et les premiers salariés en insertion multiplient les «maraudes» pour récupérer (y compris sur les trottoirs de Genève !) les objets dont les citadins veulent se débarrasser. Peu à peu, les appels se multiplient pour débarrasser caves et greniers… Si on le questionne un peu, Georges Dutreuil et son épouse Patricia ne manquent pas d’anecdotes parfois cocasses sur cette époque.
Un modèle vertueux
Le travail au sein des différents ateliers permet la réinsertion sociale et professionnelle de personnes éloignées de l’emploi : l’insertion devient le but premier de Bazar Sans Frontières qui est déclaré aujourd’hui «Atelier et Chantier d’Insertion».
En 1989, l’association accueillait six personnes, 70 aujourd’hui, encadrées par une vingtaine de permanents. «L’association, au démarrage novatrice dans ses objectifs et son modèle, a grandi. Au cours de ces trente années, de nombreux bénévoles, salariés et partenaires ont travaillé ensemble pour le développement de la structure gérant aujourd’hui le plus important chantier de réinsertion agréé de Haute-Savoie ».
Avec le soutien de la Ville d’Annecy (pour les locaux), de l’Etat, la Région, le département et de nombreux donateurs, l’objectif de Bazar sans Frontières est d’offrir des postes de travail en Contrat à Durée Déterminée d’Insertion (CDDI) ainsi qu’un accompagnement, aux demandeurs d’emploi qui sont adressés par Pôle emploi, le Conseil départemental, Cap Emploi, la Mission locale jeunes, etc. L’association recycle les objets (800 tonnes de marchandises traitées !) qui lui sont apportés par de nombreux donateurs, les remet en état et les vend. « Un modèle vertueux ».
«Sa capacité à redonner espoir à de nombreuses personnes est avant tout notre grande fierté», explique Claude Viollet l’actuel président de BSF. «Etre éloigné du travail, c’est perdre pied dans la vie, c’est perdre ses relations sociales. En accompagnant les personnes éloignées du monde du travail, dans un parcours d’insertion par l’activité économique, Bazar sans frontières les aide à retrouver une vie professionnelle et sociale ».
Défilé de mode !
Pour fêter le trentième anniversaire de « Bazar », les salariés et les bénévoles font de 2019 une année exceptionnelle, ponctuée par plusieurs grands événements. Une soirée de lancement le samedi 16 mars dernier. A venir, une journée Portes Ouvertes le samedi 15 juin prochain avec visites et présentation des ateliers par les salariés. Cet automne, le 16 octobre, la soirée de clôture se tiendra à la salle Eugène Verdun à Bonlieu.
Mais le temps fort de ce trentième anniversaire a eu lieu le jeudi 11 avril dernier, à l’occasion de l’assemblée générale. On y a mis à l’honneur le fondateur Georges Dutreuil qui a évoqué les débuts de cette association qu’il a présidée durant des années avant son départ de la région.
Il a reçu de «Bazar sans frontières» un chèque de 1 000 € pour aider au financement d’une autre association d’entraide qu’il a créée «BSF France Bénin» avec laquelle il a installé et anime un foyer d’accueil à Porto Novo, «L’Oasis de Tokpota», pour les jeunes filles victimes de maltraitance.
Et le clou de la soirée a été offert par les salarié(e)s de «Bazar» qui ont défilé comme des mannequins, en portant exclusivement des vêtements « récupérés » et mis en vente par l’association. Inoubliable !