Dès 2024, la gestion de l’eau va devenir publique
Anticipant la fin des contrats de délégation de service public fin 2023, l'agglomération a fait le choix d'internaliser la distribution d'eau potable et la relation usagers. L'exploitation des stations d'épuration sera elle aussi réalisée en régie.
C'est une petite révolution qui est en train de s'opérer : la réorganisation du service des eaux de Grand Lac à partir de 2024. Un sacré chantier surtout, tant la situation est disparate d'une commune à l'autre.
Depuis sa création en 2017, la communauté d'agglomération de Grand Lac gère les compétences eau potable, assainissement et eaux pluviales du territoire, mais en ayant hérité des contrats préalablement signés par les communes avec les concessionnaires, soit la Saur, soit Véolia, dont l'échéance surviendra à la fin de l'année.
Côté assainissement, les réseaux d'eau pluviale et d'eaux usées seront externalisés et feront l'objet d'un contrat de prestation de service. Les principales stations d'épuration (Step) _ Aix-les-Bains, Le Bourget-du-Lac _ sont exploitées par les services de Grand Lac, tandis que les autres le sont par des opérateurs. Dès 2024, toutes seront suivies par Grand Lac en régie, y compris celles de Chautagne et de l'Albanais. Le vice-président en charge de l'assainissement, Robert Aguettaz, annonce déjà d'importants travaux à prévoir sur les Step d'Aix-les-Bains, d'Entrelacs et du Bourget-du-Lac. A terme, toutes les Step, à l'instar de celles d'Aix-les-Bains et du Bourget-du-Lac, se détourneront du lac pour rejeter leurs eaux usées dépolluées dans le Rhône, en passant par la galerie de l'Epine.
Côté eau potable, toutes les communes (sauf Vions, dont le contrat court jusqu'en 2031) passeront en régie Grand Lac, qui assure aujourd'hui la distribution de la partie Sud de l'agglomération, dont Voglans, Le Bourget-du-Lac, Bourdeau, Ontex, La Chapelle-du-Mont-du-Chat. Ce qui représente un grand changement, notamment pour Aix-les-Bains, Tresserve et Brison-Saint-Innocent dont la distribution d'eau potable est confiée à un délégataire privé. Le chantier est tel que jusqu'en 2027, Grand Lac pourra externaliser certaines prestations, le temps de structurer le service. La relation avec les usagers (facturation, relève des compteurs, service clients) sera entièrement transférée à Grand Lac : de 18.500 aujourd'hui, elle en gérera 45.000 demain.
Tarifs maintenus
Pour assurer ces nouvelles missions, le service va fortement monter en puissance, passant de 52 à 87 agents. Les personnels travaillant aujourd'hui pour les prestataires privés pourront candidater s'ils le souhaitent.
Pourquoi ce choix de tout gérer en interne ? «Les collectivités ont tendance à réinternaliser», constate Renaud Beretti, président de Grand Lac. Est-ce une question de coût ? «C'est surtout une question de maîtrise. On va pouvoir décider les installations que l'on va renouveler, réparer et la manière dont on va investir», répond M. Aguettaz. Lors du conseil communautaire, le conseiller d'opposition, André Gimenez, qui s'est longuement intéressé au dossier, a estimé que la ressource en eau «devenue si importante, méritait une prise en main totale pour gérer les investissements nécessaires qui n'ont pas forcément été réalisés et qui nous tombent dessus aujourd'hui». Le directeur du pôle eau, Christophe Touzeau, annonce la création d'une cellule consacrée à la collecte et l'analyse de données, grâce à la pose de capteurs, donnant une vision précise de la situation afin de prendre les meilleures décisions et de proposer des solutions au regard des enjeux de demain.
Qu'est-ce que ça change pour l'usager ? Rien du point de vue de la tarification, qui sera maintenue. « Mais il aura une écoute de proximité, avec quelqu'un au bout du fil qui connaît le territoire, l'une des difficultés actuelles », pointe Renaud Beretti.