Des coups de pouce bienvenus pour la transition écologique des artisans
La chambre de métiers et de l’artisanat et l’Ademe Auvergne-Rhône-Alpes ont choisi Aix-les-Bains pour signer leur convention de partenariat. L’occasion de visiter trois commerces qui ont reçu un soutien financier ou logistique pour accroître leur performance énergétique et baisser leur facture par la même occasion.
Au-delà d’améliorer le confort de travail, investir dans le renouvellement du matériel est parfois une question de survie pour les commerçants et artisans. «Il faut penser à la transmission de l’entreprise», exhorte Isabelle Guillaud, présidente de la chambre de métiers et de l’artisanat de la Savoie (CMA). «Aujourd’hui, un artisan qui ne rentre pas dans la transition énergétique aura des coûts si extravagants à l’avenir qu’il ne sera plus rentable», renchérit Vincent Gaud, président de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes.
Des aides existent, encore faut-il s’en saisir. C’était tout l’objet de la convention de partenariat entre la CMA Aura et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) Aura, signée mardi 15 mars, à Aix-les-Bains. Cette alliance n’est pas nouvelle ; elle date de 20 ans. «Elle est surtout gagnante pour l’Ademe car elle nous permet de multiplier notre action sur le terrain», reconnaît Franck Dumaitre, directeur de l’Ademe Aura.
Il s’agit de déployer un réseau de chargés de mission environnement de la CMA sur le terrain qui conseillent, informent et accompagnent les artisans dans le cadre d’une réduction de leur impact environnemental et de l’accroissement de leurs performances. Comment ? En les sensibilisant à la réparation, aux mobilités douces, à l’éclairage, à la réduction et la valorisation des déchets, mais aussi en menant des diagnostics qui peuvent parfois aboutir à la nécessité d’investir dans des outils neufs. Car outre l’aspect écologique, le renouvellement de matériel, moins énergivore, affecte également le portefeuille des chefs d’entreprise.
L’opportunité du Plan de relance pour les TPE/PME
2021 marquait justement une opportunité en la matière pour les petites ou moyennes entreprises, devenues éligibles à des dispositifs de l’Ademe dans le cadre du Plan de relance. Les chargés de mission de la CMA se sont fait le relais de ces aides à la fois financières, pour accélérer la transition écologique de ces entreprises, et logistiques, à travers des diagnostics en matière d’énergie, d’isolation, de mobilité, de gestion de l’eau et des déchets...
Nicolas Chaton, chargé de mission environnement à la CMA de la Savoie, avait repéré quelques commerces susceptibles de prétendre au dispositif Tremplin de l’Ademe, qu’il avait auparavant accompagnées dans leurs démarches de mise en accessibilité et de diagnostic énergétique.
La boucherie Robesson, rue de Chambéry, a ainsi touché 15.000€ de l’Ademe, pour remplacer trois équipements frigorifiques, fonctionnant avec des gaz frigorigènes à potentiel très impactant sur l’effet de serre. «Ce renouvellement divise par quatre ou cinq les émissions potentielles», fait remarquer Nicolas Chaton. La boucherie a engagé 200.000€ de travaux l’été dernier, revoyant entièrement l’ergonomie, le design, l’efficacité énergétique, l’éclairage de l’espace de vente. «Nous avions des fuites régulières sur nos groupes frigorigènes. Nous réparions, opérions quelques améliorations ponctuelles mais l’équipement et la boutique avaient 40 ans, devenaient vieillissants», admet David Robesson, qui gère la boucherie aux côtés de son père. La boucherie dispose aujourd’hui de vitrines plus grandes, de groupes frigorifiques plus performants, moins bruyants aussi.
Dispositif reconduit en 2022, mais partiellement
Changement radical également du côté de la pâtisserie, chocolaterie, salon de thé, Gourmandises & co, rue des Bains. Céline Saccani et Sébastien Velon prévoyaient de réhabiliter leur commerce. Ils ont bénéficié de 15.000€ de l’Ademe pour remplacer trois équipements frigorifiques anciens, aux fortes répercussions sur le climat. «Cette économie réalisée a été réinvestie dans le réagencement du salon», indique la gérante.
Le guichet Tremplin n’a pas seulement contribué au renouvellement des équipements frigorifiques. Il a aussi financé l’acquisition de véhicules électriques, de compacteurs de déchets, des travaux d’isolation et d’éclairage. «Ce dispositif ponctuel est reconduit en 2022, même si des lignes ont disparu», annonce Hervé Baffie, coordinateur du pôle économie circulaire à l’Ademe Aura. Les aides au changement des fluides frigorigènes ou à l’acquisition de véhicules électriques, par exemple, n’existent plus. «Ça a été un coup de pouce. Nous réfléchissons à la manière de faire perdurer ces aides envers les entreprises que nous ne touchons pas habituellement», annonce Hervé Baffie.
