Des habitants victimes de coupures d’eau
Plusieurs habitants des hameaux de la Blangelée, Doucy et la Côte, à Menthonnex-sous-Clermont, ont eu la désagréable surprise de ne plus voir couler l’eau à leurs robinets certains jours entre le 10 juillet et le 15 août. Ils déplorent cette douzaine de coupures totales ou partielles qui selon eux auraient pu être anticipées par la Commune, au vu de la situation de crise «sècheresse». Arrivés à bout d’avoir subi ces désagréments en pleine période de canicule, dont trois jours de coupure consécutifs, et de ne pas avoir été informés en amont, ils se sont regroupés et ont adressé un mail le 13 août dernier à leur maire, Florence Pozzo, pour s’assurer que les premières mesures d’urgence seraient prises à la veille du week-end prolongé. Même si depuis le 16 août au matin, aucun problème de distribution n’a été constaté, les habitants ont le sentiment d’avoir été délaissés et craignent que cela se reproduise de plus en plus souvent au vu de l’évolution climatique. Ainsi, ils souhaiteraient être informés des actions à venir et que des solutions soient proposées.
«160 m3 d’eau approvisionnés en juillet et 430m3 en août»
Florence Pozzo a répondu à ses administrés le lendemain, dimanche 14 août, leur rappelant la situation de crise «sans précédent» au niveau national, les informant que de nombreuses communes étaient privées d’eau et leur précisant que de l’eau potable était acheminée par camions-citernes depuis le 15 juillet. Ce dimanche-même, une nouvelle coupure a eu lieu, d’après plusieurs personnes, au hameau de la Blangelée et quelques maisons à Doucy.
«J’étais en lien direct dès le 10 juillet avec les entreprises de lait qui ont bien voulu transporter de l’eau et j’ai moi-même ravitaillé de l’eau embouteillée chez ces personnes dont les maisons sont situées sur le point le plus haut et qui sont les premiers touchés dès que l’eau s’amenuise. J’ai fait distribuer deux palettes de packs d’eau, sachant qu’il y avait des bébés et des enfants» assure la maire.
Selon les habitants des hameaux concernés, le ravitaillement était loin d’être suffisant, mais la maire estime avoir fait le nécessaire : «Il faut savoir qu’en juillet, nous avons fait acheminer 160 m3 d’eau en juillet et 430 m3 en août. Le dernier ravitaillement a été effectué le 27 août, pour éviter toute coupure en ces jours d’avant rentrée». Concernant les divers incidents, elle explique que les réservoirs ont été à chaque fois remplis à ras-bord, estimant ne pouvoir faire plus.
Bien que déplorant un manque de communication, les victimes de ces coupures intempestives se disent toutefois rassurés qu’un contrôle de l’eau ait été rapidement effectué par le laboratoire agréé, en lien avec l’Agence Régionale de Santé (ARS), et satisfaits d’avoir pu être informés des résultats d’analyse confirmant que l’eau distribuée pendant cette période est conforme à la règlementation sanitaire.
Un problème d’eau ne datant pas d’hier
D’après les habitants et la maire, ce problème de distribution d’eau perdure depuis des décennies. La commune possède cinq réservoirs en fonction dont le plus gros est celui du bois de Charmont (d’une capacité de 200 m3 en comptant la réserve à incendie, et de 125 m3 pour l’eau distribuée aux foyers) qui alimente les maisons de ces différents hameaux : «c’est un problème récurrent sur la commune, nous étions déjà en restriction au mois de mai, il y a trois ans, l’ancien maire nous avait clairement dit que c’est une commune qui manque d’eau» indique une habitante.
Selon les administrés, une cinquantaine de foyers auraient été touchés par ces coupures.
La maire et les administrés s’accordent à dire que le problème provient également de la consommation de certains habitants non concernés qui ne font pas attention et ne respectent pas les restrictions, au détriment des autres. Tous ont d’ailleurs constaté que des piscines avaient été remplies et des jardins arrosés.
Des solutions proposées par les habitants
Plusieurs solutions à plus ou moins long termes ont été soumises à la maire par ses administrés dans un second mail dont ils sont restés sans réponse. A court terme : «des restrictions plus drastiques pour tout le village, une mise à disposition de douches et sanitaires dans les villages voisins, éventuellement dans les gymnases, un point d’eau même non potable accessible pour assurer l’hygiène minimum des foyers, un dispositif d’urgence d’informations officielles pour tous les habitants de la commune et une réunion publique». A moyen et long terme : «un dispositif pérenne d’informations officielles pour tous les habitants (restrictions, niveau d’eau, état des coupures, résultats d’analyses), un groupe de travail incluant les citoyens sur le sujet de l’eau et des investissements pour pallier à cette disponibilité en eau défaillante».
Florence Pozzo assure que des travaux sont envisagés en 2025, «pour effectuer un maillage entre les réservoirs et les colonnes d’eau, surtout qu’à l’avenir l’eau va être de plus en plus précieuse car nous en aurons de moins en moins».
Concernant la communication, elle considère que la population est amplement informée de la situation et des restrictions nécessaires, notamment par l’arrêté préfectoral largement diffusé et distribué, et par l’intermédiaire des divers médias, mais que tant que cela ne les concernent pas directement, les gens ne se préoccupent pas des voisins, et «ce sont toujours les mêmes qui en pâtissent, ceux qui pourtant sont peut-être les plus vigilants en terme de consommation».
Concernant la gestion de cette période compliquée, Florence Pozzo remercie vivement les communes du bloc communal, ainsi que la Communauté de Communes Usses et Rhône pour leur soutien, leur aide, leur approvisionnement. «Ils nous ont aidés à tourner les vannes, que j’ai moi-même tournées pendant que le chauffeur mettait son tuyau dans le camion. Nous avons fait au mieux pour l’intérêt général, nous nous sommes épuisés pour que les habitants aient de l’eau mais on ne peut pas donner l’eau qu’on n’a pas. La source se tarit et nous sommes en plus en période d’étiage jusqu’a fin septembre».
Du côté des administrés, une rencontre avec leur maire et l’ensemble des habitants est espérée : «Nous attendons impatiemment qu’elle ouvre le dialogue pour que tout le monde soit informé de la situation que nous avons traversée et que chacun puisse s’exprimer, écouter l’autre et donner à l’autre la possibilité d’écouter afin que des solutions soient apportées, concrétisées et connues de tous».
