Des investissements prudents ou trop timides ?

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C'est l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Alors que la situation financière de la Ville s'assainit, la municipalité préfère, jusqu'à la fin du mandat, ne pas investir plus de 10,5 M€ par an et continuer à se désendetter. Pour sa part, le conseiller d'opposition Daniel Carde juge dommage de ne pas emprunter pour accélérer la transition énergétique.

Rarement le contexte économique et international aura été plus incertain. «2022 aura été à l'épreuve d'une inflation record. 2023 peut apparaître comme l'année de tous les dangers», résume Marie-Pierre Montoro-Sadoux, adjointe aux finances. Rien d'étonnant à ce que le mot «prudence» revienne en boucle au sein des collectivités. Le conseil municipal d'Aix-les-Bains, réuni ce lundi 23 janvier, était largement consacré au débat d'orientations budgétaires. Il précède le vote du budget qui interviendra le mois prochain.

Le contexte national et international pèse lourdement sur les finances des collectivités. Elles doivent, de fait, se serrer la ceinture et l'Etat attend d'elles qu'elles participent à l'effort de désendettement du pays.

Comme tous les Français, la Ville a dû composer avec la crise énergétique. «Au niveau de l'électricité, nous avons moins subi que certaines collectivités (+ 3%), grâce au contrat passé avec le Syndicat départemental d'énergie, qui se termine fin 2023. Mais pour 2024, le syndicat nous annonce une progression de 50 ou 100%. Quant au prix du gaz, l'évolution a été plus dure _le MWh est passé de 50 à 130€_, mais nous y avons peu recours dans notre mix énergétique. La Ville est, en revanche, indirectement impactée par les entreprises prestataires qui répercutent cette hausse», souligne l'adjointe.

Côté recettes, si la dotation de base attribuée par l'Etat s'annonce stable, Mme Montoro-Sadoux souligne que la dotation forfaitaire de la commune n'a cessé de diminuer, représentant «9 M€ de recettes en moins en cumulé, de 2015 à 2021, soit quasiment un an d'investissement». Mais elle espère pouvoir bénéficier du Fonds vert donnant un coup de pouce aux collectivités dans leur transition énergétique.

D'un autre côté, la Ville s'attend à percevoir 1 M€ de recettes supplémentaires du fait de l'augmentation de la base sur laquelle est calculé l'impôt (+ 7%), décidée par l'Etat. «Une bonne nouvelle pour le budget de la commune mais moins bonne pour les contribuables», commente-t-elle. Pour ne pas alourdir la note, la Ville n'augmentera pas son taux d'imposition, comme c'est le cas depuis 2001.

Les recettes de gestion devraient elles aussi connaître une évolution positive, grâce à un retour à la normale du produit des jeux (3,8 M€) et des droits de mutation, de l'ordre de 2,6 M€.

Un assainissement des finances

En parallèle, la Ville assainit ses finances, avec un reconstitution de son épargne brute, supérieure à 5 M€, et l'objectif d'atteindre un ratio de 14% du produit de gestion. «Au-delà des 10%, nous sommes dans le vert», signale l'élue. Son endettement devrait retomber à 32 M€ d'ici fin 2024 en continuant à ne pas contracter de nouvel emprunt. «La Ville a fait des efforts considérables pour maîtriser ses dépenses de fonctionnement», fait observer le maire, Renaud Beretti. Elles ont diminué de 3,3% en 2022, malgré le contexte de crise des énergies. «Elles s'élèvent à 1393€ par habitant contre 1504€ en moyenne pour les villes de la même strate», ajoute Marie-Pierre Montoro-Sadoux.

Malgré ces signaux positifs, les dépenses d'équipement ne devraient pas dépasser les 10,5 M€. «Pour les financer, nous pourrons compter sur les ventes immobilières dont la Zac des bords du lac.» Le conseiller d'opposition de gauche (L'Alternative), Daniel Carde, ne comprend pas «que l'on se prive de la possibilité d'emprunter pour aller plus vite dans la transition énergétique, alors que les finances sont saines». Ce à quoi le maire rétorquera que la Ville «a beaucoup emprunté les deux premières années du mandat, lorsque les taux étaient très bas, pour investir. Ça m'a été reproché à l'époque. On est monté jusqu'à 15 M€ d'investissement alors que nous tournons habituellement autour des 10 à 12 M€. Nous avons pu bénéficier de taux à 0,75% alors qu'ils dépassent les 4% désormais.» Ne pas emprunter est aussi le prix à payer pour se désendetter et « revenir à ce que doit être une bonne gestion pour une commune de notre taille». La majorité estime pour sa part «investir de manière dynamique, sans prendre de risque». Et saupoudrer de vert ses projets.

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