Des patients évacués du CHMS

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Vendredi dernier, deux patients ont été évacués de l’hôpital de Chambéry vers le CHU de Tours et une clinique privée de la même ville.
Ces transferts, les 16ème et 17ème depuis la Savoie en huit jours, sont une anticipation des entrées à venir à l’hôpital dans les jours qui suivent. Loïc Mollet, directeur départemental de l’ARS indique que «ces évacuations permettent de se redonner des marges dans les hôpitaux de la Savoie pour pouvoir accueillir des nouveaux patients - covid ou non - en réanimation». En effet, malgré la capacité qui a déjà été augmentée (18 en temps normal, plus de 40 lits à l’heure actuelle), presque tous les lits sont occupés. Bien sûr, les cliniques privées du département ont coopéré et ouvert des places mais cela n’est malheureusement pas suffisant. M. Mollet précise que «au pic de la 1ère vague, il y avait un peu plus de 120 personnes hospitalisées dans tout le département, aujourd'hui on est depuis plusieurs jours à plus de 400».
Les différentes ARS travaillent donc ensemble avec le ministère de la santé pour pouvoir identifier les régions où le virus circule moins afin de pouvoir y envoyer des patients et alléger le travail des régions les plus touchées. Bien entendu, un risque existe que toutes les régions soient sévèrement touchées en même temps, limitant de fait ce genre de possibilité. Mais il a aussi été constaté que durant la première vague ainsi que pendant cette deuxième, ce n’était pas arrivé. On se rappelle par exemple qu’à la fin de l’été, la Savoie était en capacité de recevoir des patients d’autres départements.
Pour M. Mollet, il existe plusieurs raisons à cette hausse du virus assez soudaine depuis le mois d’octobre. Tout d’abord, les mesures dans les territoires limitrophes (Rhône et Isère) ont été mies en œuvre plus tardivement alors qu’il existe des flux entre les différents territoires. En plus de cela, il a été observé que les gestes barrières ne sont pas suffisamment respectés pour être efficaces. Enfin, le virus a pu circuler dans tous les milieux (universités, établissements médico-sociaux, milieux professionnels…) favorisant ainsi sa transmission. Cependant, la Savoie n’a pas de typicité particule!ère par rapport à d’autres départements, le virus circulant à une vitesse élevée dans beaucoup de territoires français.

Des critères stricts pour l’évacuation
Pour pouvoir être transférés vers d’autres régions, les patients doivent répondre à des critères stricts. Pascal Usseglio, responsable du SAMU 73, explique que tous ne peuvent pas être éligibles.
Tout d’abord, ils doivent n’avoir qu’une défaillance mono-respiratoire. Si plusieurs organes étaient touchés, il ne serait pas possible d’organiser un transport, le risque d’instabilité étant alors trop élevé.
En effet, le matériel utilisé lors du transport ne peut pas être le même qu’en hôpital. L’environnement de réanimation est adapté à la pathologie alors que durant le transport, le matériel est adapté pour le transport. Si ce matériel est tout aussi performant, la problématique de l’autonomie doit être prise en compte par exemple. Le matériel de respiration est par exemple changé plusieurs heures avant le transport afin que le patient puisse s’adapter dans des conditions calmes plutôt qu’au dernier moment.
L’état clinique des patients doit aussi correspondre à une certaine norme. Ils ont généralement été hospitalisés dans les 7 ou 8 jours précédent leur transfert et les équipes médicales doivent avoir un recul de 5-6 jours de leur présence en réanimation avant de prendre une décision. Les paramètres respiratoires doivent donc être stables et le patient ventilé et endormi.
Bien entendu, le patient ne peut pas être consulté puisqu’il est endormi au moment du choix. C’est donc à l’entourage familial de donner un accord explicite pour qu’un transfert puisse avoir lieu.

L’organisation doit être rapide
La décision d’un transfert se fait généralement dans les 48h avant que celui-ci ne soit effectif. Les équipes médicales doivent dont être très réactives. D’autant plus que les patients sont transférés deux par deux, mobilisant autant d’équipes (un médecin, un ambulancier et une infirmière chacun).
Pour ces deux transferts par exemple, 48h avant qu’ils n’aient lieux, les médecins étaient rassurés quant à leurs capacités mais la veille, six personnes sont entrées à l’hôpital. La décision a donc dû être prise du jour au lendemain.
Quand la décision est prise, une compagnie spécialisée dans le transport médical est contactée et le SMUR médicalise l’appareil. Le jour-même des ambulances prennent en charge les patients pour les emmener à l’aéroport. Par ailleurs, au vu de l’étroitesse de l’accès à l’avion, la corpulence des patients doit aussi être prise en compte afin de pouvoir les faire monter dans l’aéronef.
 

 

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