Direction la bande sahélo-saharienne
A quelques semaines de partir dans la bande sahélo-saharienne, le Colonel Yvan Morel, commandant le 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins d’Annecy, reviens sur ses deux ans à la tête du bataillon, mais aussi sur la préparation opérationnelle de ses hommes qui vont l’accompagner durant quatre mois dans le cadre de l’opération Barkhane. Entretien.
Nous sommes à Chambaran où nous avons pu suivre vos hommes en plein entrainement. Quel est le sens de cet exercice ?
Ce camp viens en point final de notre préparation car vous pensez bien que ce n’est pas justement une semaine sur le terrain, qui permettra à nos Chasseurs d’acquérir les actes réflex, l’expérience et la cohésion entre tous. Chambaran nous permet de peaufiner notre préparation, et de travailler avec les différentes composantes appartenant aux Troupes de Montagne qui viendront renforcer notre GTD (Groupement Tactique Désert) tels que les légionnaire de montagne qui eux sont spécialisés dans le déminage et la recherche des IED (Engins Improvisés Explosifs), mais aussi le 4ème Régiment de Chasseurs de Gap qui nous apportera sa rapidité et ses moyens de reconnaissance du terrain, plus différents corps d’armes tel que les artilleurs de montagne, etc... Tous, nous devons apprendre à travailler ensemble, et c’est un des objectifs de ce camp de Chambaran.
Justement, Colonel, quelle va être votre mission au Mali ?
Je commanderais un GTD qui sera constitué de trois unités déployées sur la bande du sahélo-saharienne. Avec un peu plus de 500 hommes. Nos missions sont multiples, comme maintenir la stabilité face aux groupuscules terroriste, mais aussi de travailler main dans la main avec les forces en présence, telle que l’armée Malienne. Il y aura aussi des programmes d’aides à la population, etc... Nos missions seront très variées en effet. J’aurais à relever un régiment du RICM basé à Gossi un des postes avancés au Mali.
Justement, vous revenez de cinq jours de repérage du Mali. Comment est la situation là bas ?
L’ambiance est tendue en raison des différentes factions qui sèment le trouble dans cette région. Je n’ai pas noté d’animosité particulière envers la présence de l’armée Française. De plus il faudra composer aussi avec différents groupes : les GAS (Groupe Armé Signataire) qui sont des hommes en armes, mais qui ont l’autorisation de circuler ainsi. Et nous avons les GAT (Groupe Armé Terroriste). Mais comment faire la différence puisque pas d’uniforme, et tous sont véhiculés avec des pick-up ou des motos pour être le plus mobile possible. Donc nous devrons toujours considérer la menace comme étant présente. Et c’est les GAT qu’il faut empêcher de s’installer dans la région, car ils sèment la terreur parmi les villageois.
Quand vous allez arriver au Mali, vous aurez un temps d’acclimatation ?
A peine posé, nous récupérons un complément de matériel car nous n’emportons pas tout de France, heureusement. Nous aurons des rappels sur les différentes conduites à tenir, et un point de situation sur l’évolution ou non, sur les tensions ou différents événements qui auraient pu se dérouler dernièrement. Ensuite, envol par hélicoptère pour rejoindre notre base avancée. Là bas, la passation des consignes se fera rapidement, pour que nous puissions attaquer nos missions, nos patrouilles dans les plus bref délais. La phase donc de transition est réduite au maximum. Nous allons passer ensemble quatre mois, sans pause, dans un environnement qui est quand même assez chaud, il faisait 45 degrés ce matin quand j’étais encore sur place. Et la saison des pluies arrive bientôt. Nous avons calculé que par jour il fallait plus de 12 litres d’eau par homme.
Vous avez fait deux ans à la tête du 27ème BCA, votre successeur arrive cet été ?
En effet c’est le Colonel Vincent Minguet qui prendra la relève du Bataillon courant du mois d’août. Il connait bien le Bataillon puisqu’il y a servi.
Justement, le «chef» part quatre mois mais c’est pas pour autant que le Bataillon reste en sommeil ?
Non je confie le quartier à mon second. Et en effet c’est pas pour autant que la vie s’arrête. Nos hommes doivent continuellement respecter un planning de formation, de mission comme Sentinelle ou Résilience, les gardes du quartier, l’accueil des jeunes recrues… Donc ils auront à faire, même si je suis pas là.
Pour finir, le 27 est un des plus gros employeur du bassin Annécien. Que ce soient en terme d’hommes et femmes qui composent le Bataillon, mais aussi des emplois indirects, des familles vivant sur le bassin. Qu’allez vous faire pour entretenir ce lien Armée Nation ?
En effet nous avons un lien très fort avec nos élus locaux, nos écoles, car nos enfants les côtoient, et la population, par le biais de cérémonie, de nos portes ouvertes. Hélas la crise sanitaire y a marqué un frein, et nos activités tournées vers le grand public ne peuvent pas avoir lieu. Mais ce n’est pas pour autant que nous les oublions.Nous veillerons à donner de nos nouvelles régulièrement. Pour ce qui est des familles restées en bases arrières nous avons une cellule famille, qui est activée toute l’année, pas que lorsque nous avons du personnel qui part en mission. Cette cellule veille à palier aux difficultés que les familles pourraient rencontrer, et apportent aussi un soutien psychologique. Même si nous ne pouvons pas faire de grand rassemblement, le lien restera intact.