Direction le Festival de Cannes pour Robin, lauréat d’un concours de films
Robin Mary, 16 ans et demi, lauréat du concours «Moteurs !», a été invité à monter les marches du Festival de Cannes jeudi 25 mai pour la projection officielle du soir. Ce concours de courts-métrages, ouvert aux 14-22 ans, propose aux jeunes de réaliser un film d’une minute trente sur une personne qui les inspire. Robin a choisi de rendre hommage, en images et en voix off, à son oncle Takao, décédé il y a quelques années. Son film a séduit le jury qui s’est réuni le 24 avril, sous la présidence du rappeur Oxmo Puccino, afin de mettre en lumière 24 lauréats parmi 505 jeunes.
Scolarisé en classe de première au lycée Gabriel Fauré, Robin partage sa vie entre Marcellaz- Albanais chez sa mère et Annecy chez son père. Ce jeune homme pétillant, drôle et sensible, qui se qualifie de perfectionniste, vibre au rythme de sa passion : le cinéma. Plus tard, il voudrait travailler dans la réalisation et le montage.
«Je suis un vrai passionné»
Déjà attiré par le monde de l’audiovisuel et du théâtre durant le collège, Robin a découvert l’univers du septième art en seconde lorsqu’il a pris l’option cinéma, ce qui a révélé en lui une certitude : vouloir en faire son métier. «Mon amour du cinéma est assez récent. J’ai des parents très cinéphiles mais je ne connaissais pas ce milieu. Au fil du temps, en découvrant son histoire, son univers, ses rouages, j’ai aimé de plus en plus le cinéma et aussi le montage. Aujourd’hui, je suis un vrai passionné». Robin regarde beaucoup de films, même si pas assez à son goût, avec une sensibilité particulière pour les films d’auteur français, les films d’animations et la science-fiction : «Il y a tellement de films, notamment des grands classiques, que je voudrais voir mais au lieu de me dire que j’ai du retard, je préfère me dire que j’ai encore plein de choses à découvrir.»
Lauréat de plusieurs concours
Entre ses spécialités mathématiques et physique-chimie, Robin s’épanouit avec la spécialité cinéma et s’implique beaucoup dans l’association GCiné, créée et présidée par l’une de ses professeurs. Ce jeune garçon actif, créatif et plein d’avenir a déjà remporté plusieurs concours : le Prix départemental de la Résistance et de la Déportation en mai 2022 pour la réalisation d’un film d’animation dans la catégorie «Travaux collectifs Lycées», le Prix Lirôlac d’écriture jeunesse en octobre 2022 parmi trois lauréats pour son texte de slam sur le thème des clichés, et le 1er Prix Court-Toujours Lycée lors du Festival Images Hispano- Américaines d’Annecy en 2023.
Qu’aimes-tu dans la réalisation et le montage ?
«J’aime diriger, que ce soit une équipe ou des acteurs, mais pas dans le sens péjoratif, pas dans une démarche ni une attitude de chef. Je suis porté par l’esprit du collectif, c’est important de travailler dans une bonne ambiance. Ce qui me plaît beaucoup aussi, c’est de réfléchir à l’intérêt d’un plan, que ce soit au niveau de la colorimétrie, du cadrage, de la recherche artistique. Concernant le montage, ce que j’adore, c’est savoir que j’ai le produit fini entre les mains. C’est vraiment la touche finale. Un montage, ça peut tout changer, ça peut autant détruire une oeuvre que la rendre extraordinaire car comme on dit, un film s’écrit trois fois : au scénario, au tournage et au montage.»
Comment es-tu arrivé dans ce concours ?
«Notre professeur de cinéma nous avait parlé du concours l’année dernière, et j’avais réalisé une vidéo sur Cyrano de Bergerac. Quand on n’a pas confiance en soi et qu’on déteste l’injustice, surtout pendant l’adolescence, c’est un personnage ultra inspirant et j’ai adoré jouer la tirade du nez au collège. J’ai raté de peu la dernière étape de sélection. Cette année, j’ai voulu retenter l’expérience en parlant de mon oncle Takao.»
Pourquoi avoir choisi de parler de ton oncle ?
«J’ai beaucoup souffert de sa mort en 2019, des suites d’une longue maladie. J’étais très proche de lui, même si on se voyait peu car il vivait à Paris. Takao m’a apporté beaucoup d’inspiration et m’inspire encore aujourd’hui alors j’ai voulu lui rendre hommage à ma manière. Quand il est décédé, je me suis intéressé à ce qu’il faisait dans la photographie, qui était à la fois son métier et sa passion. Il m’a aussi transmis l’amour du Japon, son pays d’origine. J’adorais l’écouter, parler avec lui. C’était quelqu’un de passionné, passionnant, il était très doux, gentil, bienveillant.»
Peux-tu nous dire quelques mots sur ce film ?
«J’avais travaillé un premier projet en spécialité cinéma au lycée, où il fallait réaliser un film sur un objet qui comptait beaucoup pour nous. Et j’avais choisi de parler de la montre que m’avait offerte mon oncle. Quand le concours est arrivé, j’ai décidé de parler de Takao autour de cette montre, objet très symbolique pour moi. J’ai fait un story-board, écrit un scénario, effectué un montage avec un travail d’animation, mêlant photos de famille, clichés de Takao et prises de vue réelles. J’ai écrit un texte pour la voix-off et j’ai ajouté une musique libre de droits.»
Qu’as-tu ressenti en apprenant que tu faisais partie des lauréats ?
«Je ne m’y attendais pas, c’est incroyable, je suis super heureux. Tout le monde est fier de moi : mes amis, mes professeurs, ma famille, en particulier ma mère qui me soutient depuis le début. Sandra, une amie proche qui a elle aussi participé au concours avec un film sur son père, était à mes côtés lorsque j’ai appris la nouvelle par téléphone : elle n’a pas été sélectionnée mais était ravie pour moi.»
Tu réalises que tu vas monter les marches du Festival de Cannes ?
«Je me sens comme un dingue, c’est irréaliste et pourtant c’est vrai. Apparemment, on nous a réservé un beau programme et quelques surprises. Aussi, en plus de monter les marches et d’assister à une projection officielle, nous allons recevoir les Claps d’Or, qui sont la récompense du concours, des mains de Thierry Frémeaux, délégué général du festival.»
Rendez-vous dans notre prochaine édition, pour découvrir les impressions de Robin à son retour de Cannes.