Double hommage présidentiel au berceau de la Résistance
Le 75ème anniversaire des combats du plateau des Glières s’est déroulé en 2 temps, dimanche 31 mars, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron, de Nicolas Sarkozy, ancien Président, mais aussi du ministre de l’Education Nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer, de la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, du préfet de Haute-Savoie, Pierre Lambert, et du président du conseil régional, Laurent Wauquiez. Sous un dispositif de haute sécurité, une 1ère cérémonie ouverte au public à la Nécropole des Morettes, a rassemblé plus de 1 000 personnes dont de nombreux porte-drapeaux et élus hauts-savoyards, un contingent du 27ème BCA, et plus de 60 élèves des établissements scolaires du département. Un second hommage, plus intime, s’est poursuivi au plateau des Glières, au pied de la sculpture monumentale d’Emile Gilioli.
Valeureux héritage
Ponctuée de temps forts en hommage aux résistants des Glières, la cérémonie fut empreinte d’union face au devoir de mémoire. Le poignant hommage à ceux qui ont sacrifié leurs vies pour défendre nos libertés, et qui par leur courage sont devenus l’espoir de tout un peuple, retentit au pied des Glières, porté par les voix des enfants, entonnant le chant des Partisans. Emmanuel Macron a ensuite retracé dans son discours, l’histoire des 465 maquisards menés par le jeune lieutenant du 27ème BCA, Tom Morel, qui par leurs combats ont fait naitre le mouvement de la Résistance en Haute-Savoie, en janvier 1944. « Il y a 75 ans, des héros ont pris les armes pour combattre la milice de Pétain et l’armée d’Hitler (…) En cet hiver 44, la France terrassée, la France occupée, bâillonnée, prouvait au monde qu’elle pouvait encore parler, sur son sol même, la langue de la liberté. Parce qu’ici, dans ce décor comme destiné à être le théâtre d’une épopée à la fois sublime et tragique, quelques centaines d’hommes avaient décidé de se lever. Sans ces hommes qui refusèrent le renoncement, fût-ce au prix des larmes et du sang, sans ces héros de la résistance intérieure qui refusèrent le déshonneur, fût-ce au prix de leur propre vie, la France ne serait pas la France. »
Vivre libre ou mourir
Juillet 1940, Albert Lebrun, président de la République se retire de ses fonctions laissant le maréchal Pétain, héros de la 1ère Guerre Mondiale, collaborer avec les nazis. En février 1943, le Service du Travail Obligatoire est instauré en France, ordonnant la réquisition et le transfert de milliers de français vers l’Allemagne. Près de 650 000 travailleurs furent acheminés de force, vers les usines ennemies entre 1942 et 1944. Voulant échapper au STO, de nombreux réfractaires se regroupent peu à peu au plateau des Glières, où des parachutages d’armement en provenance de Londres assurent un soutien logistique de taille à partir de janvier 44. Engagé dans l’action clandestine sous le pseudonyme de Tom depuis novembre 1942, Théodore Morel s’impose comme l’emblématique leader des résistants, à la célèbre devise : « Vivre libre ou mourir ». Soutenu par la population locale, le groupe de maquisards repousse l’avancée de l’ennemi sur le territoire, devenant alors, la cible de la milice française, le Groupe Mobile de Réserve. Dans la nuit du 9 au 10 mars 1944, Tom Morel fut tué d’une balle en plein cœur lors d’une opération lancée contre le Poste de Contrôle du GMR. Privé de chef, le commandement du bataillon des Glières est repris par Maurice Anjot dit « Bayard », qui ordonne le décrochage le 26 mars, après une attaque allemande. Plus de 100 résistants et 20 habitants accusés de complicité seront tués cette nuit-là, dont Bayard, mettant à mal une seconde fois, l’organisation de la Résistance. Mais l’émoi se répand à travers le pays, et soulève une nouvelle vague de solidarité. En quelques semaines, 3000 hommes se rassemblent au plateau des Glières et lutteront jusqu’à la capitulation du siège allemand à Annecy (Hôtel Splendid), le 19 août 1944.