Du Pont Saint Joseph au Pont Neuf

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Franchir les rivières ! Depuis les temps les plus reculés, c’est une difficulté majeure des hommes dans leurs déplacements. Et on ne compte plus les ponts et autres passerelles qui, au fil de l’Histoire, ont permis de traverser à pieds secs les grands fleuves comme les plus modestes ruisseaux.
A Rumilly, la difficulté était encore plus importante puisque le Chéran comme la Néphaz, coulent au fond d’une gorge profonde. Les premiers ponts de bois connus datent des XIVème et XVème siècles, la plupart des charrois traversant alors le Chéran par le gué de l’Aumône. Le premier pont « moderne » sera celui placé sous la protection de Saint Joseph à la fin du XVIIIème siècle, pour traverser le Chéran au nord de la ville.
Durant un siècle et demi, il en aura vu passer du monde, ce pont Saint Joseph. Jusqu’à la nuit du 22 au 23 juin 1940 où une formidable explosion devait secouer la ville et réveiller des rumilliens complètement affolés. Une charge d’explosif venait de faire sauter le pont, pour tenter de stopper l’avancée des armées allemandes. Une initiative jugée plutôt malheureuse, quoique désespérée quelques heures après la signature de l’armistice, puisque cela n’empêchera rien : le 24 juin suivant à 11 heures du matin, les allemands faisaient leur entrée à Rumilly, venant d’Albens…

Passer le pont !
Plus de passage entre la ville et la partie nord du canton ! Alors que nombre de maisons avaient été endommagées par l’explosion, il fallait en urgence trouver un moyen de « passer le pont ». Exceptionnellement, la SNCF devait accepter que, sous la surveillance d’un gardien, les piétons empruntent le pont du chemin de fer, accessible grâce à des escaliers de bois.  Pendant ce temps, la municipalité mettait les bouchées doubles pour entreprendre la reconstruction du pont détruit. 
Dès la fin de l’année 1940, on commence, après avoir remonté les pierres, à dégager les gravats et poser une charpente de bois. De nombreux ouvriers sont recrutés pour les travaux. L’un d’entre eux trouvera la mort en tombant dans le lit de la rivière…  En décembre 1941, devant l’édifice reconstruit, on chantera même une « Ode au Pont Saint Joseph de Rumilly » !
Aujourd’hui, on lui a attribué le nom de Pont Neuf et il continue à relier le centre de la ville à ses quartiers nord, même si le nouveau Pont du Chéran, sur la Rocade, absorbe la majeure partie du trafic automobile. 

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