Eau polluée : pas de traitement au charbon actif avant mi-septembre
Lors du conseil municipal du jeudi 4 mai, la pollution de l’eau aux composés perfluorés (PFAS), qui fait beaucoup parler d’elle depuis plusieurs mois, a été abordée sur plusieurs points.
Contrairement à ce qui avait été annoncé au conseil communautaire du 27 avril, l’unité de traitement de l’eau au charbon actif devrait être opérationnelle le 15 septembre et non courant juillet : « Après avoir déclaré infructueux le marché, nous avons relancé une négociation avec l’entreprise qui n’a pu tenir les délais initialement annoncés » a précisé le maire Christian Heison. D’après l’élu, le Grand Annecy continuera d’aider la collectivité pendant la période estivale « mais la difficulté, c’est que les opérations conduites par Grand Annecy pour nous secourir cet été ne pourront être réalisées qu’une seule année car nous sommes en train d’affaiblir leur situation. Il faudra quoi qu’il en soit trouver une autre solution pour les années à venir, nous attendons donc beaucoup de cette station de traitement au charbon actif qui sera lancée pour trois ans, en espérant qu’elle fonctionne ». L’équipement devrait être installé sur un terrain longeant la route de Saint-Félix, à proximité des puits de la nappe phréatique de Madrid.
Améliorer la connaissance de la pollution et de ses impacts
La Commune de Rumilly, la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, le SMIAC (Syndicat Mixte Interdépartemental d’Aménagement du Chéran) et la préfecture se sont rapprochés pour construire un programme de recherche et de développement partagés, avec l’appui du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), à travers la signature d’une convention. L’objectif est d’améliorer la connaissance de la pollution et de ses impacts sur la ressource en eau, mais aussi plus largement l’environnement et les différents usages de l’eau et des sols impactés afin de préserver les ressources en eau, les milieux et la qualité de vie des habitants.
«La Ville a-t-elle prévu de porter plainte contre X ?»
Jean-Sylvain Goutelle, de la liste d’opposition « Rumilly Albanais une autre Ambition », a salué l’intérêt de cette convention et du travail qui sera mené sur la pollution, avant de soumettre une question au nom de l’ensemble de son groupe : « La Ville a-t-elle prévu de porter plainte contre X ? Pour qu’il y ait une enquête et que les éventuels préjudices subis à la fois par les citoyens et par la collectivité puissent, le cas échéant, être pris en charge et que l’on puisse aboutir au principe de pollueur-payeur ? »
«Le moment du partage des responsabilitésviendra inévitablement»
Selon Christian Heison, « nous voulons d’abord comprendre le phénomène, nous travaillons en toute transparence avec les services de l’Etat et l’ensemble des industriels aujourd’hui concernés et il y en aura certainement d’autres. Pour engager une procédure juridique, il est important de matérialiser les faits. Quelle est cette pollution ? D’où vient-elle ? Comment se déplace-t-elle ? Perdure-t-elle ? Quelle est sa dimension ? Le moment du partage des responsabilités viendra inévitablement, la commune en portera peut-être une part car c’est sur ses terrains, mais aujourd’hui il est sans doute un peu tôt pour tirer des conclusions et des jugements. Les deux collectivités ne déposent donc pas de plainte mais n’importe quel habitant ou association peut le faire ». Le maire a ensuite indiqué qu’une fiche d’informations serait envoyée aux habitants des 13 communes touchées pour leur apporter des éclairages sur la situation et leur expliquer de façon simplifiée le calendrier et les mesures prises, ainsi que leur rappeler la nécessité d’économiser l’eau chacun à son échelle.
Plan d’eau : «Il n’est pas interdit de se baigner dans les PFAS»
Philippe Hector, élu de la liste d’opposition « L’engagement pour Rumilly » est intervenu pour connaître la situation du plan d’eau : « Des tests y ont-il été faits et si oui, quand aura-t-on des résultats ? ». Le maire a expliqué que le plan d’eau étant en liaison directe avec la nappe de Madrid contaminée par les PFAS, « les résultats démontreront probablement qu’il est lui aussi touché à peu près dans les mêmes proportions. Nous aurons les analyses d’ici quelques jours et je crois qu’il n’y aura pas de bonnes surprises. Les choses peuvent parfois paraître étonnantes, l’Agence Régionale de Santé nous autorisera malgré tout à ouvrir le plan d’eau à la baignade car il n’est pas interdit de se baigner dans les PFAS : ce qui doit fortement être évité, c’est d’en ingérer »… Phrase qui n’a pas manqué de faire réagir : « il ne faudra donc pas boire la tasse ! ».
Par ailleurs, les analyses effectuées sur les poissons des plans d’eau de Rumilly « révèlent la présence de PFOS (sous-famille des PFAS, Ndlr) «que nous n’avons trouvés nulle part ailleurs dans notre eau. Il y a donc encore des interrogations, des pollutions qui viennent peut-être d’ailleurs ».