Écologie oui, nos emplois aussi !

Lecture 3 minute(s)

 

La proposition de loi visant à interdire les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), connues sous le surnom de «polluants éternels», avait franchi une première étape avec une adoption unanime au Sénat, mais elle n’a pas réussi à passer la deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Défendu par le député écologiste Nicolas Thierry, ce texte ambitionnait de limiter l’exposition à ces substances persistantes et omniprésentes dans divers produits de consommation tels que les poêles antiadhésives, les textiles imperméables et les emballages alimentaires. La particularité des PFAS réside dans leur extrême durabilité : ils s’accumulent dans les sols, les eaux et même dans les organismes vivants, soulevant de réelles préoccupations pour la santé publique et l’environnement.

L’objectif initial de cette proposition de loi était ambitieux : une interdiction progressive de la fabrication et de la vente de produits contenant des PFAS, avec une suppression totale d’ici 2026 en France pour certains articles comme les ustensiles de cuisine et les textiles. Cette perspective, accueillie avec satisfaction par les associations écologistes, suscitait en revanche une vive opposition dans l’industrie, et en particulier au sein du groupe SEB, fabricant des poêles Tefal. Pour le groupe, qui emploie des milliers de salariés en France, une interdiction rapide des PFAS pourrait engendrer de lourdes pertes d’emplois. Lors d’une manifestation organisée à Paris, des centaines de salariés et de représentants syndicaux ont affiché leur inquiétude avec le slogan «L’écologie oui, nos emplois aussi !». SEB estimait en effet que cette loi pourrait mener à la suppression de 3 000 postes et même à la fermeture de deux de ses usines françaises.

Face à cette pression, un amendement a été proposé pour repousser l’interdiction des PFAS dans les ustensiles de cuisine jusqu’en 2030, laissant aux industriels un délai pour s’adapter et explorer des alternatives. Bien que ce compromis soit salué par les partisans de l’industrie, les associations écologistes y voient une concession dangereuse, rappelant que chaque année de plus contribue à l’accumulation de ces polluants dans l’environnement, avec des conséquences irréversibles pour la biodiversité et la santé humaine.

Au niveau européen, le débat sur les PFAS est également en cours. Un projet de réglementation européen, soutenu par plusieurs pays, vise à harmoniser l’interdiction de ces substances d’ici 2027. Gabriel Attal, ancien Premier ministre, déclarait que «le levier européen est le bon levier», plaidant pour une approche coordonnée qui éviterait de pénaliser l’industrie française face aux concurrents européens.

Dans ce contexte, Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, a été accueilli mardi matin par la direction du site de Tefal à Rumilly. Il tenait à rencontrer et visiter l’usine, et notamment entendre les avancées du groupe Seb face aux restrictions qui s’annoncent rapidement, celles de l’Union Européenne.À l’heure de la transition écologique, il souligne les défis auxquels sont confrontés les travailleurs et l'importance d’un dialogue social pour garantir la pérennité de l’emploi dans les régions industrielles.

 

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil