EELV : «La baignade est autorisée malgré la pollution aux PFAS»
Après une fermeture durant l’été 2022 pour cause de pollutions bactériologiques, la baignade est de nouveau autorisée au plan d’eau de la base de loisirs de Rumilly mais ne sera pas surveillée, contrairement aux années précédentes. Selon la municipalité, l’Agence régionale de santé (ARS) aurait bien confirmé la présence de PFAS dans le plan d’eau, ces «polluants éternels» qui font beaucoup parler d’eux depuis plusieurs mois, mais à ce jour aucune règlementation n’interdit la baignade dans une eau «pfasée». Certains s’interrogent sur le risque sanitaire pour la population, comme les écologistes des Pays de Savoie qui ont décidé de réagir jeudi 13 juillet via un communiqué.
Christian Heison : «Il n’est pas interdit de se baigner dans les PFAS»
Pour rappel, lors du conseil municipal du 4 mai, le maire Christian Heison, questionné par des élus de l’opposition, avait expliqué que le plan d’eau étant en liaison directe avec la nappe de Madrid contaminée par les PFAS (celle alimentant deux captages du réseau d’eau potable aujourd’hui déconnectés qui devraient être reconnectés à l’automne grâce à un traitement au charbon actif), «les résultats démontreront probablement qu’il est lui aussi touché à peu près dans les mêmes proportions. Nous aurons les analyses d’ici quelques jours et je crois qu’il n’y aura pas de bonnes surprises. Les choses peuvent parfois paraître étonnantes, l’Agence régionale de santé nous autorisera malgré tout à ouvrir le plan d’eau à la baignade car il n’est pas interdit de se baigner dans les PFAS : ce qui doit fortement être évité, c’est d’en ingérer»… Cette phrase avait alors fait réagir au sein de l’assemblée : «Il ne faudra donc pas boire la tasse !».
Les écologistes estiment que le principe de précaution n’est pas respecté
Selon EELV Pays de Savoie, le maire est «le garant de la sécurité et de la salubrité publique (article L1212-2 du code général des collectivités territoriales). Et même si aucune règlementation concernant la teneur en PFAS n’est en vigueur pour les eaux de baignade, on s’étonne qu’une campagne proactive de réduction des PFAS et de leur dépollution ne soit pas mise en place». Les écologistes ajoutent que l’ouverture du plan d’eau à la baignade «ne nous semble pas respecter le principe de précaution chère au domaine de la santé, qui plus est sans aucune information des baigneurs» et précisent : «Les PFAS, et notamment le PFOA majoritairement présent dans ce plan d’eau, ont des impacts multiplicatifs sur les risques de maladies chroniques comme le diabète. Ils augmentent la prévalence de cholestérol, favorisent les cancers et affaiblissent le système immunitaire».
Fabienne Grébert, conseillère régionale EELV, rappelle qu’«une campagne d’imprégnation des tissus humains a été engagée par la Métropole de Lyon avec le soutien des communes» (territoire touché de plein fouet par la contamination aux PFAS sur le site de Pierre-Bénite, NDLR) et s’interroge : «Pourquoi les autorités publiques de Haute- Savoie se refusent à une telle démarche de connaissances scientifiques ?».
EELV demande ainsi la mise en place «d’un affichage clair et informatif sur la présence de PFAS et les conséquences possibles sur les baigneurs, une campagne d’information auprès des populations et des actions pour mesurer les impacts sur la santé des habitant.es du bassin de vie, et une règlementation forte sur ces substances pour diminuer leur omniprésence et leur toxicité».