Effacer le seuil de l’Aumône pour redonner sa liberté au Chéran

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La restauration de la continuité écologique d’une rivière, c’est lui redonner de la vie. C’est permettre aux organismes vivants (poissons, invertébrés) de circuler librement, aux divers sédiments de suivre le cours d’eau. C’est aussi un moyen de préserver les lieux de reproduction, d’alimentation, de repos des poissons, et de rétablir les connexions avec les réservoirs biologiques.
Cette continuité écologique, elle a été rétablie sur le Chéran dès 2016 par le Syndicat mixte interdépartemental d’aménagement du Chéran (SMIAC) sur une partie des ouvrages du bas Chéran, en particulier avec l’effacement du seuil « Nestlé » et la restauration de la « franchissabilité piscicole » du seuil d’Alby. Le seuil de l’Aumône, à Rumilly, reste le dernier ouvrage qui impacte la continuité écologique à l’aval du seuil naturel de Banges (près d’Allèves).

Un projet commun
Ce seuil est situé dans un secteur restreint avec plusieurs infrastructures implantées dans le même périmètre : la STEP de la Ville de Rumilly, une prise d’eau, et la ruine de l’ancien seuil du dit « petit barrage ». Le seuil, les ouvrages associés et la pisciculture sont aujourd’hui propriété de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie qui a la volonté d’engager l’effacement de l’ouvrage afin de répondre aux exigences réglementaires. 
Il aura fallu près de huit années pour mener à bien ce projet de restauration de la continuité écologique du Chéran, pour lequel était nécessaire l’engagement commun du SMIAC, de la commune de Rumilly, de la Communauté de communes Rumilly Terre de Savoie et des services de l’Etat (DDT74). 
Après la rétrocession, pour l’euro symbolique, du droit d’eau par la société des tanneries BCS à la Communauté de communes, le projet a pu officiellement être lancé, la communauté de communes ayant confié la maitrise d’ouvrage au SMIAC.

Trois mois de travaux
Les travaux seront effectivement lancés le 17 août prochain pour une durée de trois mois environ. Ils prévoient la déconstruction totale du seuil de l’Aumône et de ses annexes (ancienne pisciculture et prise d’eau des tanneries BCS) et la restauration écologique des berges du Chéran. Budget  prévisionnel à près de 530 000 € TTC, plus environ 82 000 € pour le suivi pluriannuel de l’impact de l’effacement. Un budget financé à 70% par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, 10% par le département de la Haute-Savoie, et 20% par le SMIAC. 
Au programme, outre la déconstruction du seuil (barrage), des bâtiments annexes et des ruines d’anciens ouvrages, les travaux permettront la réalisation d’un ouvrage de protection de berge (Cité du Chéran), la restauration et diversification écologique de la rivière sur 600 mètres linéaires, avec l’aménagement d’une zone humide et le rétablissement d’un accès de proximité à la rivière pour les promeneurs et les pêcheurs.
Au final, l’effacement du barrage de l’Aumône redonnera une dynamique naturelle à la rivière. Les graviers venus des Bauges pourront continuer leur route et, ainsi, diversifier les habitats aquatiques dans les gorges du Chéran à Rumilly. Les poissons pourront circuler librement depuis la confluence avec le Fier vers les zones refuges situées en amont. Le Chéran, en retrouvant son lit et sa pente naturelle, sera moins impactant pour les berges, sera mieux oxygéné et permettra ainsi une meilleure autoépuration des eaux. Enfin,  la dynamique retrouvée de cette « rivière sauvage » (une labellisation obtenue en 2019 pour le Chéran) limitera le réchauffement de l’eau dû au changement climatique. ­-­

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