EHPAD : «On a fait du mieux possible !»
«Depuis trois mois nos parents sont « séquestrés », les EHPAD ont dressé un mur entre eux et nous ! ».
Il ya quelques jours, le président de la République annonçait la levée des restrictions concernant les visites des résidents en EHPAD (Etablissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes). Une annonce suivie, peu après, d’un communiqué du ministre de la santé, qui précise le protocole à appliquer. Protocole qui vise, entre autres, à « permettre d’assurer prioritairement, le plus vite possible, la reprise des visites des proches sans rendez-vous ». Ces évolutions devant « s’accompagner d’une vigilance continue ».
Pourtant, aux portes de la Résidence Baufort à Rumilly, certaines familles se sont vues refuser l’entrée de l’établissement pour rendre visite à leurs parents. « Les portes sont toujours fermées aux familles, malgré l'intervention du président de la république. J'en ai fait l'amère expérience » témoigne cette lectrice qui a eu maille à partir avec les responsables des soins de cet établissement, et n’a pu, après des discussions animées, qu’entrevoir sa maman au travers des grilles fermées. « J'ai honte d'être sa fille et de lui faire subir ce cauchemar », se désole cette personne dans une lettre adressée au ministre.
Une protestation que l’on peut évidemment comprendre, sans prendre position évidemment, et qui a fait réagir la Fédération Nationale des Associations et Amis de Personnes Agées Et de leurs Familles (FNAPAEF) qui a saisi le défenseur des droits sur ce sujet. « On continue à faire du mal, beaucoup de mal à nos ainés […] alors que nombre de voix s'élèvent maintenant pour dire que les dégâts dus au confinement et à l'absence des familles vont sans doute être supérieurs aux dégâts occasionnés par le virus lui-même ».
« Il y a toujours eu
des visites »
« Il peut y avoir des mécontents », commente une responsable des soins de l’EHPAD de Baufort, « mais on a fait du mieux que l’on pouvait ». Grâce, en partie, à la vigilance et au dévouement du personnel, aucun cas de contamination n’a été déploré à la résidence. Seule une alerte a provoqué rapidement une réaction et une campagne de tests, heureusement négatifs.
« Il ya toujours eu des visites ». Sur rendez-vous jusqu’à maintenant et avec les précautions imposées par la tutelle, mais sans restrictions. « Les familles peuvent venir autant qu’elles le veulent, en réservant des créneaux ». Ainsi, on a compté une dizaine de visites chaque jour dans l’unité, et tous les créneaux possibles n’ont pas forcément été occupés. Le nombre de visites devrait, toujours sur rendez-vous pour le moment, passer à 16, voire 20 par jour. Mais dès lundi prochain, ces visites pourront même avoir lieu en chambres, et sans rendez-vous.
Avec les nouvelles directives, « Cela demande beaucoup d’énergie pour les soignants ».
Certes, le protocole défini par le ministère est placé sous la responsabilité de la direction du centre hospitalier et du médecin coordinateur, et tout n’est pas simple. Par exemple, l’obligation de « décontaminer » les cadeaux de fête des mères a compliqué un peu la spontanéité de ce rendez-vous annuel. « Mais comment faire ? Les choses devraient se décanter rapidement. On peut et on va aller plus loin mais il faut rester prudents ».
Dans les prochains jours, « l’étau » devrait encore se desserrer autour des résidents des maisons de retraite. Les sorties à l’extérieur devraient pouvoir reprendre, en respectant les gestes barrières.
Mais il est vrai que, pour les familles comme pour les résidents, la période de confinement aura été particulièrement difficile à supporter.
Et, même si le personnel fait le maximum pour le bien-être des personnes âgées, avec les contraintes imposées par les risques de contamination par le Covid-19 et la fragilité des ainés face au virus, le mot d’ordre reste, pour le personnel : « On est toujours là, on sécurise ! ». Mais assurément, cela demandera beaucoup de présence des personnels et « cela demandera beaucoup d’attention et de rigueur ».