« Un gros élan de solidarité de la part des éleveurs qui fait chaud au cœur »

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Jean-Paul Simon heureux d'avoir accueilli de nouvelles vaches.

Jean-Paul Simon heureux d'avoir accueilli de nouvelles vaches. - ©Claire Castelar

4 mois après avoir vu ses vaches se faire abattre, l'éleveur Jean-Paul Simon reconstitue peu à peu son troupeau, avec le sourire.

Suite à la levée de la zone règlementée en Savoie et Haute-Savoie le 22 octobre instaurée lors de la crise sanitaire des bovins, le repeuplement des élevages touchés par la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC), a débuté. Au Gaec du Houx Fleuri, à Saint-Germain-la-Chambotte, les sourires se lisent à nouveau sur les lèvres. Quatre mois après avoir été contraint de faire euthanasier 132 de ses bêtes, Jean-Paul Simon, éleveur de vaches laitières aux côtés de son frère (associé) et de son neveu (salarié), nous raconte comment il n'a jamais baissé les bras malgré les craintes et les incertitudes.

Premières nouvelles vaches laitières arrivées le 24 octobre

Le 24 octobre est un jour qui restera gravé dans sa mémoire : celui de l'arrivée de ses toutes premières nouvelles vaches laitières, des Montbéliardes issues d'un élevage de Miribel-les-Echelles en Isère. Depuis, d'autres sont arrivées et d'autres suivront : "Le repeuplement sera progressif. D'ici la semaine prochaine (interview réalisée le 7 novembre, ndlr), on devrait arriver autour de 80 vaches laitières" se réjouit Jean-Paul.

"Je tiens à remercier tous ceux qui ont joué le jeu en acceptant de vendre certaines de leurs bêtes, des bêtes jeunes et de qualité. Il y a eu un gros élan de solidarité de la part des éleveurs qui fait chaud au cœur". Parmi les vaches nouvellement accueillies dans l'exploitation, 6 sont issues d'un lot de 30 vaches "qui font partie du repeuplement collectif organisé au niveau des deux départements de Savoie et Haute-Savoie. Il y a eu un appel auprès des personnes qui avaient des bêtes à vendre et qui étaient prêtes à s'en séparer. Puis un tour des élevages a été fait pour vérifier la conformité des vaches". 

"Elles ne connaissaient pas le bâtiment et étaient dépaysées"

 Les premières venues semblent s'être plutôt bien adaptées à leur nouvel environnement. "Sur les deux premiers jours il y a eu un gros travail d'adaptation puisqu'elles ne connaissaient pas le bâtiment et étaient dépaysées, mais elles ont vite pris leur rythme, ce qui nous a agréablement surpris" sourit l'éleveur savoyard. "Après, on sait très bien qu'il y a des animaux qui s'adapteront mal et d'autres qui ne s'adapteront pas du tout, mais tout est optimisé pour faciliter et favoriser leur bien-être". Jean-Paul Simon précise : "On essaie de prendre des bêtes qui sont le plus habituées à notre système de traite, à notre type d'alimentation, etc., de façon à ce qu'il y ait beaucoup plus de facilité d'adaptation".

"On n'a jamais baissé les bras"

Comment cette famille d'éleveurs a vécu les trois mois qui ont suivi l'abattage de ses bêtes, laissant un grand vide dans le bâtiment principal ?

"Au début, c'est quand même une perte de repère et une grosse désorganisation. Mais on ne s'est jamais arrêtés, on n'a jamais baissé les bras. Tous les jours il y avait du travail, avec deux chantiers déjà en cours : la construction d'un bâtiment pour les génisses et l'agrandissement de l'espace pour les vaches laitières. Puis on a lancé différentes améliorations pour apporter plus de confort aux vaches et réorganisé le bâtiment pour faciliter la circulation des animaux. On s'est vraiment concentrés sur ces travaux pour avancer. Début septembre, on a repris le rythme du matin au soir avec les génisses vaccinées".

Côté indemnisations, "une méthode de calcul a été prise en compte par un expert national qui a fait le tour des exploitations touchées. Maintenant tout devrait aller assez vite. En parallèle, un dispositif a été mis en place au niveau des banques". Même si l'éleveur a conscience qu'il ne retrouvera pas tout de suite sa production moyenne de 630 000 litres de lait par an, et malgré certaines incertitudes, il se dit "serein" pour l'avenir notamment grâce "à la force du collectif qui apporte du positif".

Car il le répète, "s'il y a vraiment des points positifs à cette crise, c'est quand même cet engagement collectif de part et d'autre : les organisations professionnelles agricoles, la Chambre d'Agriculture, les syndicats qui ont fait remonter beaucoup de choses dans leurs instances régionales et nationales pour appuyer aussi au niveau de l'État, sans oublier les élus, ceux qui n'ont pas fait de récupération politique. Nous avons aussi reçu beaucoup de messages de soutien de la part des citoyens". Jean-Paul Simon est également référent local de la cellule d'accompagnement Réagir.

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