Après la dermatose nodulaire contagieuse, les éleveurs « n’oublient pas mais redémarrent »

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Pascal Coen à Massingy a accueilli de nouvelles vaches en provenance de plusieurs autres exploitations comme d'autres éleveurs du territoire.

Pascal Coen à Massingy a accueilli de nouvelles vaches en provenance de plusieurs autres exploitations. - Photo : Alexis Fernandez 

Les éleveurs victimes de la dermatose nodulaire contagieuse commencent à retrouver le sourire avec les arrivées de nouvelles vaches grâce à une belle solidarité de la profession. 

Le silence régnait depuis des semaines sur les pâturages et dans les exploitations marquées par les abattages liés à la dermatose nodulaire contagieuse. Aujourd'hui, ce calme pesant cède la place aux premiers meuglements et aux bruits des sabots. Des vaches reviennent enfin dans les exploitations de Savoie et de Haute-Savoie touchées par la maladie, ramenant avec elles le sourire sur les visages des éleveurs. Au GAEC des Betiolis, à Massingy, Pascal Coen a retrouvé de l'entrain depuis quelques jours. Depuis peu, son exploitation a retrouvé l'animation qu'elle avait perdue il y a plusieurs mois de ça.

À seulement un peu plus d'un kilomètre à vol d'oiseau du premier cas à Cessens, l'exploitation de Pascal Coen a été la première touchée en Haute-Savoie. Une première vache malade le 7 juillet et l'inquiétude ne met pas longtemps à se transformer en cauchemar. Le 10 juillet, le couperet tombe. Les 31 vaches de l'étable sont abattues. Les 7 vaches taries de l'exploitation suivront le 13 juillet.

Un moment "très compliqué" pour Pascal Coen. "C'est une partie de nous-mêmes qui s'en va", déplore l'éleveur, impuissant. Après la tragédie, le quotidien devenait même morose. "On se lève le matin toujours aux mêmes heures, mais les bêtes ne sont plus là." Les éleveurs doivent alors prendre leur mal en patience après avoir accompagné leurs vaches jusqu'au bout.

La patience laisse place à l'espoir

Puis, les désinsectisations se mettent en place et une avance sur les indemnisations permet aux éleveurs de s'accrocher financièrement. "Cet argent sert à acheter des vaches et à payer les charges fixes plus les salaires", explique Pascal Coen. Pendant ce temps, les banques font le tampon et prêtent à taux zéro, sans frais de dossier, pour pouvoir permettre aux éleveurs de redémarrer. Et en attendant que les véritables indemnisations arrivent, cela semble porter ses fruits.

Après des mois d'attente, Pascal Coen, au même titre que d'autres éleveurs, peut enfin repartir de l'avant. Grâce à un bel élan de solidarité de la profession, l'éleveur a pu accueillir de nouvelles vaches le 24 octobre, date à partir de laquelle il était autorisé à accueillir de nouvelles bêtes. "Il y a eu un gros travail de fait par la chambre d'agriculture et les organismes de races : la race montbéliarde, la race tarine et la race abondance, qui sont les trois seules races acceptées dans le cahier des charges du lait de Savoie", souligne Pascal Coen.

C'est du côté de la race abondance que l'éleveur de Massingy trouve en premier son bonheur. "L'Upra Abondance (organisme d'intervention agricole) m'a mis en contact avec monsieur Philippe Cusin, à Andilly, qui avait un troupeau de 28 vaches", explique l'éleveur. Prenant sa retraite, l'éleveur souhaitait que son troupeau ne soit pas dispersé. Ses vaches ont donc pris la direction de Massingy après des échanges avec Pascal, pour sa plus grande satisfaction.

De plus, l'éleveur d'Andilly, qui lui rend désormais visite, utilisait le même système de traite avec ses vaches, rendant l'acclimatation plus facile. Neuf autres vaches sont arrivées du Reposoir, d'un éleveur qui souhaitait dégraisser son troupeau, et une de Viuz-la-Chiésaz, portant le nombre total de vaches à 38. Dans les prochains jours, d'autres vaches en provenance de La Biolle, Saint-Sylvestre, Évires et Avressieux (10) viendront gonfler les rangs grâce à la solidarité de toute la profession.

Une conversion au bio à venir

Des vaches supplémentaires qui devraient être très utiles. "Nous, on a une particularité : c'est qu'on fait du bio et malheureusement les restrictions n'ont pas été levées, donc on a six mois de temps de conversion", indique l'éleveur. Alors que certaines vaches risquent de ne pas s'intégrer, Pascal Coen préfère donc redémarrer avec un peu plus de vaches. "En bio, on a le droit à 10 % de renouvellement non bio. Pour nous, grossièrement, ça fait quatre vaches. Si on dépasse, il faudra repartir pour six mois de conversion, donc j'ai pris des vaches en plus pour prévenir", détaille Pascal Coen.

Sans génisses de  renouvellement, ces vaches supplémentaires serviront également à combler les besoins temporaires. Relancé, l'éleveur débutera sa conversion vers le bio le 1er décembre. En attendant, il sera payé en conventionnel, dans l'attente d'éventuelles nouvelles démarches pour compenser cette perte. Malgré ces difficultés, Pascal Coen est "reboosté", même si l'épisode de la dermatose reste un souvenir traumatisant. Désormais, il souhaite avant tout repartir de l'avant. "On a de nouvelles vaches, mais ça n'enlève pas celles qui sont parties. On n'oublie pas, mais on redémarre."

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