Enraciner le vivant à l’école

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Avec le réchauffement climatique et ses manifestations de plus en plus visibles dans notre quotidien, la question écologique est devenue une évidence pour tout à chacun. Comment l’inscrire concrètement au cœur de l’école, terreau du futur ? Ce sont les jeunes qui seront en première ligne, touchés par les dérèglements que notre société a induits dans notre monde. L’urgence nous pousse donc à prendre des initiatives concrètes : non plus pour simplement les «sensibiliser», mais avant tout pour leur permettre d’avoir des pistes pour agir et devenir acteurs de leur destin. Les jeunes sont conscients de ce qu’il se passe, mais beaucoup se sentent impuissants et ont peur pour leur futur. «Faire éclore des écocitoyens, c’est faire en sorte que nos jeunes ne se sentent plus victimes d’un système, mais acteurs et créatifs, leur donner les moyens de s’inventer une nouvelle société en harmonie avec l’environnement» précise Julie Noël, professeure de français  au collège du Mont des Princes de Seyssel.

La naissance du projet

Tout a commencé par la rencontre de trois femmes : Marie France Barrier, Marie Curtet et donc Julie Noël. Trois femmes engagées personnellement dans l’environnement : une réalisatrice, une viticultrice et une enseignante. Le film “le temps des arbres” a donné naissance à l’association “Des Enfants et des Arbres” dont la démarche et la proposition ont résonné avec les aspirations citoyennes de Marie et Julie «Le film et le projet de l’association ont été l’étincelle qui a allumé le feu de notre collaboration : ils ont été sources de motivation pour créer un pont entre l’école et l’agriculture, entre les jeunes et le vivant». Leur projet s’inscrit donc dans un élan national qui relie et met en lumière les initiatives locales d’agriculteurs et d’enseignants désireux de faire pousser des enfants enracinés et engagés !

Enraciner le thème de l’arbre

Côté collège, des enseignants de plusieurs matières se sont mobilisés en équipe avec une classe de 4ème pour enraciner le thème de l’arbre dans leur programme tout au long de l’année. Des projets annexes ont également été mis en place pour étayer ces enseignements : un spectacle pour donner à voir le pouvoir d’un seul homme par sa seule volonté et à son humble niveau avec une  adaptation de la célèbre nouvelle “l’homme qui plantait des arbres” de Giono ; une incursion en forêt pour enraciner dans le concret d’une expérience vécue à travers tous ses sens, sortie encadrée par un garde-forestier de la commune au printemps dans la forêt qui surplombe le collège ; la projection du documentaire “le temps des arbres” orchestrée par un groupe d’élèves engagés, appelés “les écollégiens”, pour donner un éventail inspirant des actions menées autour des arbres ; une porte ouverte avec tous les travaux des élèves réalisés dans le cadre de ce projet interdisciplinaire lors de la journée internationale des forêts le 21 mars.

Quelques 150 arbres plantés

Et, bien sûr,le point d’orgue de tout le projet avec une journée de plantation d’arbres dans les vignes des Curtet. Côté ferme, l’heure est à l’évolution en réponse au dérèglement climatique. Marie et son époux-associé Florian ont choisi d’orienter leur ferme viticole vers l’agroécologie, et notamment l’agroforesterie. Ils ont voulu concrétiser ce changement par un acte symbolique fort : construire l’avenir avec les enfants qui ne seront pas seulement les héritiers de ce travail, mais en seront les bâtisseurs.

Lors de cette journée de vendredi, quelques 150 arbres ont été plantés par les jeunes au sein du coteau situé à Motz , ce qui a permis aux 22 élèves de 4ème impliqués de contribuer au grand projet d’agroforesterie mis en place : planter 1000 arbres  champêtres et fruitiers au milieu des vignes, projet sur lequel nous reviendrons dans un prochain article. Ce chantier fut préparé en amont par Marie Curtet, venue dans la classe de Julie Noël en novembre 2020 pour présenter ce qu’est la viticulture, l’agroforesterie et faire comprendre le rôle essentiel de l’arbre en agriculture.

Pour cette mise en œuvre concrète et ce don de soi à la sueur de leur front, les élèves ont pu ainsi se réjouir d’être des écocitoyens acteurs de la transition écologique.

D’une part en ayant travaillé intellectuellement sur les arbres, et d’autre part en ayant mis les mains dans la terre pour y planter les arbres, ils ont peu éprouver la satisfaction d’avoir contribué , à leur échelle, à construire un monde meilleur, plus respectueux du vivant.

«Et si planter un arbre devenait une étape fondatrice, et pourquoi pas obligatoire, du parcours scolaire de nos enfants?»

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