Entre stabilité et nouveaux défis
L'été 2024 s'achève avec un bilan positif pour l'Albanais, une région située au carrefour entre Annecy et Aix-les-Bains. Marlène Jacquet, directrice de l'office de tourisme, revient sur les temps forts de la saison estivale, les tendances observées, ainsi que les défis auxquels elle a été confrontée. Entre évolution des comportements des visiteurs, succès des sites touristiques et nouveaux projets pour 2025, l'Albanais continue de s'imposer comme une destination touristique de choix, avec son authenticité et son offre variée.
La saison estivale 2024 a pris fin. Comment s'est-elle déroulée globalement ? Est-elle en ligne avec vos attentes ?
Dans l'ensemble, nous sommes satisfaits de la saison. La fréquentation est restée bonne, surtout dans les sites touristiques et les hébergements. Cependant, il faut noter une légère stabilité comparée aux saisons précédentes, qui avaient été marquées par des records de fréquentation. En effet, après la période Covid, nous avions connu un véritable afflux de visiteurs, mais cette tendance semble s'être stabilisée. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car nous sommes toujours dans de bons chiffres. Ce qui a particulièrement retenu notre attention cette année, c'est l'évolution des comportements de consommation des touristes. Cela s'explique, selon nous, par les préoccupations croissantes liées au pouvoir d'achat. On a senti que la saison a été un peu plus longue à démarrer, mais elle a fini par se stabiliser. Les visiteurs ont été plus prudents dans leurs dépenses, et cela s'est reflété dans plusieurs aspects.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette évolution des comportements ?
Nous avons effectivement remarqué que les vacanciers faisaient des choix plus réfléchis. Au lieu de réserver une semaine entière de vacances, ils ont parfois opté pour des séjours plus courts, de quatre ou cinq jours. Cela s'est ressenti aussi dans la restauration :
là où certains faisaient un repas au restaurant tous les soirs, ils ont plutôt choisi de s'offrir ce plaisir de manière plus occasionnelle, par exemple deux ou trois fois dans la semaine. En termes d'activités, on a observé une montée en popularité des activités gratuites, comme la randonnée, qui est un atout important de notre région. L'inflation a certainement joué un rôle, mais il ne faut pas non plus oublier l'impact d'événements comme les Jeux Olympiques. Cela a pu détourner une partie des touristes étrangers, qui se sont davantage concentrés sur Paris et les grands sites olympiques.
Quel est le profil type des visiteurs qui viennent dans l'Albanais ?
Le public qui visite l'Albanais est essentiellement familial. Notre territoire se prête bien aux familles à la recherche d'activités en plein air et de découverte. Nous avons des infrastructures comme nos nombreux sentiers de randonnée qui attirent beaucoup de familles, à la recherche d'activités nature et accessibles. D'ailleurs, en termes de fréquentation, nous sommes très contents : en juillet et août, nous avons accueilli 7% de visiteurs en plus par rapport à l'été précédent. À l'office de tourisme, nous avons reçu 1249 visiteurs durant cette période. Nous avons également constaté que les appels téléphoniques ont légèrement baissé de 1%, ce qui est normal puisque de plus en plus de gens trouvent les informations dont ils ont besoin sur internet ou via nos réseaux sociaux. Cela montre bien l'importance d'investir dans le digital et les nouveaux modes de communication.
Les visiteurs étrangers ont-ils été nombreux cette année ?
La part des visiteurs étrangers est toujours relativement faible chez nous. Ils représentent environ 3,3% de l'ensemble des visiteurs sur la période estivale, ce qui est une hausse de 20 % par rapport à l'année dernière, mais cela reste un segment minoritaire. Cela dit, ce sont des chiffres que nous observons chaque année : les étrangers ne constituent qu'une petite partie de notre fréquentation globale. Nos principaux visiteurs viennent principalement de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et il y a aussi beaucoup de visiteurs locaux, ce qui montre bien que les gens d'ici trouvent aussi un intérêt à venir explorer leur propre région.
Quels ont été les sites touristiques qui se sont distingués cette année ?
Le site des Jardins Secrets reste un des grands favoris de notre destination. Ils ont battu leur record de fréquentation cette année avec plus de 50 000 visiteurs, contre 45 000 l'an dernier. Ce succès est en partie dû à leur 30e anniversaire, qui a attiré encore plus de monde. C'est un site qui plaît énormément, et nous sommes ravis de voir un tel engouement. D'autres sites comme les Jardins de Lornay, qui ont été repris par de nouveaux gérants cette année, ont également eu une très bonne saison pour leur première année de gestion. La visite des lamas au Petit Calamine est aussi une activité qui a bien fonctionné. Nous avons aussi des partenariats avec des sites proches, comme les Gorges du Fier ou le Château de Montrottier, qui ont aussi eu une belle saison.
Vous parliez de changements dans les comportements liés à l'inflation. Est-ce que cela a aussi influencé les réservations d’hébergements ?
Nous avons observé que les réservations ont parfois été plus tardives que les autres années. Les gens ont pris plus de temps avant de se décider. Du côté des campings, nous avons constaté une légère baisse, notamment au mois de juillet, qui a été plus long à démarrer. Par contre, les hôtels sont restés stables, et nous avons vu une augmentation de la fréquentation dans les gîtes et les chambres d'hôtes, ce qui montre un intérêt pour des séjours plus intimes et en petits groupes. Les effets de la météo ont également joué un rôle. En période de forte chaleur, certains touristes préféraient un hébergement plus confortable que le camping, ce qui explique cette tendance à privilégier les gîtes cette année.
Vous mettez également un point d'honneur à la promotion du tourisme durable. Quelles initiatives avez-vous mises en place en ce sens ?
Nous sommes conscients de l'importance du tourisme durable et c'est un axe que nous voulons continuer à développer. Par exemple, cette année, nous avons lancé une application web avec des QR codes distribués dans les hébergements du territoire. Cela permet aux vacanciers d'accéder facilement et en temps réel aux informations sur les activités et les sites touristiques en fonction de la météo et de leurs envies. Ils peuvent savoir ce qui est ouvert, ce qu'il y a à faire en cas de pluie ou de forte chaleur, et nous essayons ainsi de rendre leur expérience plus fluide et pratique. L'un des aspects sur lesquels nous allons devoir travailler à l'avenir est le développement de partenariats pour des offres de mobilité douce ou de transports en commun. Pour le moment, nous avons encore des défis à relever dans ce domaine, notamment parce que les transports publics ne desservent pas toujours tous nos sites touristiques. C'est un projet à plus long terme.
L’office de tourisme organise aussi des événements. Quels ont été les succès cette saison ?
Nous avons eu plusieurs événements phares qui ont bien fonctionné. Le Village de la Bière, qui en est à sa sixième édition, est un événement convivial qui attire de nombreux visiteurs, à la fois locaux et touristes. Cette année, malgré une petite averse en début de soirée, les gens sont venus nombreux. C'est un événement qui a pris une place importante sur le territoire. Le Marché des Potiers, qui en était à sa onzième édition, est également un rendez-vous bien établi, attirant même des visiteurs venus de loin pour découvrir les créations des 24 potiers présents.
Pour conclure, quel bilan tirez-vous de cette saison estivale 2024 ?
Le bilan de cette saison est globalement très positif. Nous avons eu une bonne fréquentation, malgré un contexte économique difficile. Les hébergements et les sites touristiques ont bien fonctionné, et nous sommes sur une dynamique de croissance modérée mais stable, ce qui est sain pour notre territoire. Nous allons continuer à travailler pour offrir une expérience de qualité aux visiteurs et à accompagner nos acteurs locaux dans leurs projets. L'office de tourisme de l'Albanais reste actif tout au long de l'année, avec des projets et des initiatives en continu pour promouvoir et valoriser notre belle région.
Quels sont vos projets pour 2025 ?
Nous sommes déjà en pleine préparation pour 2025. Nous prévoyons de renouveler notre stratégie de communication avec une nouvelle campagne, des captations vidéos et photos sur des thématiques précises. Nous allons continuer à promouvoir nos événements phares comme le Village de la Bière et le Marché des Potiers, tout en cherchant à développer de nouvelles offres pour attirer un public encore plus large. Un autre projet important est le suivi de la taxe de séjour, mise en place en 2023. Grâce à cette taxe, nous pouvons continuer à améliorer nos actions, notamment en matière de communication digitale. C'est un outil précieux pour renforcer notre compétitivité en tant que destination touristique. Nous voulons aussi mettre l'accent sur le côté authentique et préservé de notre territoire. Nous ne sommes pas dans une logique de sur-tourisme, et nous souhaitons garder cet équilibre en valorisant nos savoir-faire et nos spécificités locales.
L'office de tourisme s'implique-t-il dans les projets des collectivités locales, comme la base de loisirs ou la piscine municipale ?
Absolument. En tant que directrice de l'office de tourisme, je fais partie des comités techniques et nous travaillons en collaboration avec la communauté de communes sur ces projets. Nous apportons notre expertise pour s'assurer que ces infrastructures répondent aux attentes des visiteurs et des habitants, tout en respectant les enjeux environnementaux et de développement durable. Nous avons une collaboration étroite et transparente avec la collectivité, et nous suivons une stratégie touristique commune. Il est essentiel pour nous de participer à ces projets, car ils jouent un rôle clé dans l'attractivité de notre territoire.
Propos recueillis
par Stéphane Ducret