Entreprises de la région : bilan 2022 et perspectives 2023
En janvier 2023, la Banque de France a réalisé une étude en Auvergne-Rhône- Alpes auprès de 4300 entreprises et établissements de la région pour dresser le bilan 2022 et entrevoir les perspectives 2023. L’économie régionale semble avoir fait preuve de résilience en 2022 face à la résurgence de l’épidémie de Covid et aux effets de la guerre en Ukraine dès la fin février. Globalement, les chiffres d’affaires progressent dans les trois grands secteurs couverts par l’enquête : les services marchands ont rencontré une hausse de 21%, l’industrie de 12% et la construction de 8%. Ces évolutions résultent de deux effets : un effet volume, correspondant au nombre de produits ou de services qui ont été vendus en plus ou en moins par rapport à 2021, et un effet prix. Ce dernier effet a pu fortement contribuer aux évolutions de l’année 2022, marquée par la hausse des prix à des niveaux inédits depuis les années 1990. La situation sur le marché du travail s’est améliorée en 2022 avec un renforcement des effectifs : +5,5% dans les services marchands, +2,7% dans l’industrie et +2,4% dans la construction.
PIB à 2,6% en 2022
L’année 2021 a été marquée par le rebond de la croissance, après une crise économique d’ampleur considérable causée par la crise sanitaire. Alors que l’année 2022 devait consolider cette reprise, la croissance a été affectée par de nouvelles vagues épidémiques et surtout par la guerre en Ukraine. En France, sur l’ensemble de l’année 2022, la croissance du PIB aurait progressé de 2,6 % d’après les plus récentes prévisions de la Banque de France.
Dans le contexte de forte inflation, l’Eurosystème a mis en oeuvre la normalisation de sa politique monétaire, avec plusieurs hausses de ses taux directeurs depuis juillet 2022, et s’est engagé à poursuivre son action afin d’assurer un retour de l’inflation à la cible des 2 %.
+50% dans l’hôtellerie-restauration
En Auvergne Rhône-Alpes, dans l’industrie, le taux de croissance du chiffre d’affaires a progressé de 12% avec de bonnes performances à l’export (+16%). Cette évolution est à nuancer en tenant compte de l’évolution des prix de production des produits manufacturés (+18% sur un an en décembre 2022, +9% hors énergie (Selon l’Insee, en décembre 2022, les prix de production de l’industrie française ont augmenté de nouveau sur un mois (+1,1 %) et sont restés en forte augmentation sur un an (+17,7 %)), des disparités de ce chiffre global entre secteurs manufacturiers et de l’amortissement des prix à la production sur les prix de vente par une compression des marges. Néanmoins, tous les secteurs industriels ont enregistré une hausse de chiffre d’affaires, de 6% pour la fabrication de matériels de transport à 21% pour les produits informatiques-électroniques-optiques.
Dans l'agroalimentaire, la progression est de 11% (avec +2,5% des effectifs) et dans la métallurgie-décolletage de 16% (+1% des effectifs).
L’évolution du chiffre d’affaires dans les services marchands a enregistré une hausse marquée (+21%) avec encore un rattrapage sur une partie de 2022 de la forte baisse de production de services en volume du fait du Covid-19. Les différents secteurs enregistrent des dynamiques différentes avec notamment un taux de croissance de 50% dans l’hébergement-restauration, très présent dans les pays de Savoie, avec la levée complète des restrictions sanitaires qui avaient fortement affecté le secteur du tourisme. Les effectifs ont augmenté de 9%.
Le chiffre d’affaires dans le secteur de la construction a augmenté plus modérément : +6% tandis que les indices de coûts ont connu une dynamique forte en fin de période avec +7% pour la construction et +10% dans les travaux publics sur un an en novembre 2022.
Faible croissance nationale en 2023
En 2022, la situation sur le marché du travail s’est améliorée avec un renforcement significatif des effectifs dans l’industrie (+2,7%), les services marchands (+5,5%) et la construction (+2,4%), malgré le maintien des difficultés de recrutement à un niveau très élevé (plus d’une entreprise sur deux). Une hausse du recours à l’emploi intérimaire est ainsi constatée, variable d’ajustement dans les entreprises. Dans un contexte de forte inflation, la rentabilité d’exploitation des entreprises s’est dégradée (36% des entreprises industrielles indiquent une baisse de leurs marges contre 21% en 2021, 26% dans les services contre 18% en 2021 et 44% dans le bâtiment contre 24% en 2021). Enfin, l’investissement (hors immobilisations incorporelles et financières) est resté dynamique dans les trois secteurs, témoin d’une volonté de développement des entreprises malgré le relèvement progressif des taux d’intérêt.
Selon les projections macroéconomiques publiées par la Banque de France en décembre 2022, l’activité traverserait deux phases bien distinctes lors des prochaines années: un net ralentissement à partir de cet hiver causant une faible croissance de 0,3% pour 2023, puis un recul des tensions inflationnistes et une reprise progressive de l’expansion économique avec une croissance de 1,2% en 2024, puis 1,8% en 2025.
2023 : +5% pour les entreprises industrielles
En 2023, la croissance du chiffre d’affaires des entreprises industrielles de la région devrait augmenter dans la quasi-totalité des secteurs, avec une hausse attendue de 5% au global et à l’export. Les prévisions sont les plus favorables dans la fabrication de produits informatiques-électroniques-optiques (+10%) et le textile (+9%), à l’inverse de l’industrie chimique qui devrait afficher un léger repli (-1%).
L’activité des services marchands progresserait à nouveau mais à un rythme moins important (+6%). La croissance du chiffre d’affaires resterait solide dans les activités informatiques (+9%), l’ingénierie et l’hébergement-restauration, (+7%). Dans la construction, la production serait plus modérée (+2%) avec une croissance portée uniquement par le secteur du bâtiment (+4% dans le gros oeuvre et +2% dans le second oeuvre) tandis que l’activité se stabiliserait tout juste dans les travaux publics. Ces évolutions de chiffre d’affaires sont toujours à nuancer de l’évolution des coûts de production et des marges.
Malgré la succession des chocs d’offre et de demande et un contexte toujours empreint d’incertitudes, les entreprises anticipent un renforcement des effectifs en 2023 dans l’industrie (+2%), dans les services (+2,5%) et dans la construction (+1,2%). Les investissements se poursuivraient dans les trois secteurs, au même rythme qu’en 2022 dans la construction mais en net ralentissement pour l’industrie. Enfin, les prévisions sont moins optimistes concernant les taux de marge avec moins d’un quart des entreprises qui envisagent une hausse de leur rentabilité en 2023.