Et si la crise ukrainienne s’invitait dans la programmation 2022 ?
Depuis le retour du Mali, le 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins n’a cessé ses activités jonglant entre formations montagne, et terrain dit de haute-intensité, avec une fin d’année intense.
«Nous sommes allés aux Émirats Arabes Unis pendant un mois et demi. Une grosse compagnie plus un petit état major tactique. Nous avons établi un partenariat avec les forces Emiriennes qui ont créé un régiment de montagne dans le Nord, avec la frontière d’Oman. C’est un massif calcaire, qui monte à 1500 mètres d’altitude. Cela ressemble un peu aux Bauges, mais les parties sont très escarpées, et il fait entre 30 et 40 degrés» commente le Colonel Vincent Minguet, chef de corps du 27. Cet entrainement conjoint a permis aux chasseurs de mixer les sections avec les Emiriens, et s’est soldé par un exercice de synthèse dans les montagnes. «Les résultats sont vraiment probant. C’est un partenariat qui est appelé à durer et nous allons certainement y retourner» confie le colonel. Face à un Etat riche, pourvu d’énormes moyens matériels, ils ont acheté dernièrement des Rafales, ont d’énormes capacités d’emport de troupes avec des hélicoptères type Cheenook, ce qui intéresse particulièrement les militaires pour travailler dans la troisième dimension, et le combat aérien en montagne reste indispensable. Le Bataillon a établi plusieurs partenariats notamment avec l’Inde. «Nous recherchons plus particulièrement même si nous sommes aptes à tous les terrains, des milieux montagneux, voir climatique extrême. Les Émirats Arabes Unis, c’est chaud, très chaud. La Jordanie aussi. L’Afrique pareil, avec des zones tropicales humides. Tous les terrains dits extrêmes où nous pouvons mettre en avant notre spécificité montagne nous intéresse».
Un lien avec les «anciens» indispensable
La fin d’année a permis aussi de mettre en place l’exercice Vortex. «C’est un exercice qui nous a été imposé. On rappelle la Réserve Opérationnelle niveau 2. C’est à dire tous ceux qui ont quitté l’armée il y a moins de cinq ans. On a rappelé qu’une certaine tranche, 2017-2018. C’était l’occasion pour eux de revenir une journée pour de la formation, de la remise à niveau question matériel, et sur le rôle de l’armée de terre et du Bataillon à ce jour. Et cette journée a très bien marché. Nous avons eu un taux de retour avoisinant les 95% de personnes rappelées. Un moment assez émouvant pour certains que de revenir ici. C’était l’occasion de leur montrer nos nouveautés en terme d’armement comme le HK qui a remplacé le Famas, mais aussi en moyens techniques pour la montagne» souligne le colonel Vincent Minguet.
2022, au cœur de l’actualité ?
Cette année pas d’exercice grand froid en Norvège, c’est le 13ème BCA qui s’y colle. «Nous allons partir en Champagne nous entrainer dans les différents camps, Sissone, Mailly, … pour du combat haute-intensité. En parallèle à cette grosse période d’entrainement, on va prendre l’alerte nationale d’urgence. Cela consiste à mettre sur pieds une force, composée d’un Etat Major, deux compagnies de combat, qui seront prêtes à cinq jours, pour être déployés sur une zone de crise, où les intérêts de la France seraient menacés. Nous suivons particulièrement l’actualité internationale, car c’est elle qui fera si nous sommes potentiellement projetés ou pas» explique le Colonel Vincent Minguet. Et ça sera peut être au vue de l’actualité du moment, la crise en Ukraine, où la menace d’une invasion Russe fait monter la tension. Le Président de la République n’a pas exclu l’envoi de militaires français dans la zone. Cela rentrerait donc dans les missions qui sont confiées au «27» dans le cadre de l’alerte nationale d’urgence, qui débutera début février.
Milieu du printemps, les militaires participeront à l’exercice Quartz, qui se déroulera dans les Alpes du Sud. «C’est dans un massif où nous avons peut être moins l’habitude de voir travailler des chasseurs alpins. C’est un exercice Brigade de la 27ème BIM, qui aura une double action. Nous aurons deux bataillons qui iront en reconnaissance offensive, et un bataillon qui devra se défendre, et nous nous affronterons les uns les autres.» Pendant ce temps une compagnie, la 4, qui est jumelée avec Rumilly, sera projetée à Mayotte pendant quatre mois, afin de protéger les intérêts de la France. «La mission première, conduite par le Ministère de l’Intérieur, avec l’aide de l’armée, est le contrôle de l’immigration clandestine. Beaucoup de bateaux arrivent des Comores, accostent sur Mayotte, encourageant un traffic humain de clandestins. Nous participerons donc à cette mission, qui regroupent comme je vous l’ai dis, le Ministère de l’Intérieur, mais aussi des douanes, de la police aux frontières, de la marine.»
Arrivant proche de l’été, un effort sera mis sur sentinelle, à Paris. Un Etat Major du 27, renforcé de deux compagnies (soit 200 personnes environs) seront déployés pendant huit semaines sur la capitale.
Septembre pas de temps mort pour le Bataillon qui devra se reconditionnement et monter en puissance pour le début d’année 2023. «En effet, nous allons être projeté dès le premier quadrimestre 2023. Nous ne savons pas où, et dans quel volume. L’Etat Major sera projeté avec une compagnie, et deux autres le seront aussi, certainement dans du partenariat opérationnel avec des pays alliés ou amis. Comme la Jordanie, sommes les Émirats Arabes Unis, mais aussi des pays Africains. Cela nous permet de nous entrainer conjointement, sur des procédures totalement différentes. Mais nous en saurons plus dans quelques mois» commente le colonel Vincent Minguet.
Les 100 ans du Bataillon
Cette année marquera le centenaire du «27» et son arrivée sur Annecy. Plusieurs idées sont lancées, mais avec la pandémie, rien ne peux être encore arrêté. «Nous avons un gros vivier d’anciens qui ont servi le Bataillon. Nous en avons encore eu l’occasion de nous rendre compte dernièrement lors de l’organisation de la journée du Club 27. Nous souhaitons associer à cet anniversaire, tous ceux qui ont servi le Bataillon, leur famille. Nous verrons si cela rentre dans le cadre de journées porte-ouvertes. Mais cela se déroulera cet automne car nous avons une grosse activité avant, mais nous aurons l’occasion d’en reparler. L’année dernière certes c’était les 150 ans de la création des Chasseurs Alpins. Le Colonel Morel a tenté de mettre en place quelque chose, mais avec la pandémie et le départ au Mali, çà n’a pas été simple. Là on va fêter les 100 ans du 27ème BCA, cent ans de présence à Annecy. C’est plus parlant pour la population locale, du Département, car c’est une présence qui date en Haute-Savoie. A suivre donc» termine le Colonel Vincent Minguet.