Fin de crise : l’état des lieux en Haute-Savoie
Peu à peu, l’activité reprend en Haute-Savoie comme ailleurs. Mais bien évidemment, la crise sanitaire qui semble toucher à sa fin aura laissé des traces profondes dans le monde économique local. Petit tour d’horizon d’une situation qui reste préoccupante.
Industrie, commerce et artisanat
Dans l’industrie, il faut bien reconnaitre qu’on continue à constater la baisse de l’activité. Mais, peu à peu, on semble s’orienter vers une certaine stabilité, en tout cas pour certaines entreprises. Les carnets de commande « reprennent un peu de couleurs », en particulier pour les exportations.
Mais pas encore d’amélioration coté chiffre d’affaires qui reste très majoritairement en baisse pour 85 % des entreprises et une trésorerie toujours tendue (63 %). A la mi-mai, près de la moitié des entreprises étaient en activité partielle.
Pour les commerces, le principal impact de la crise sanitaire, ce sont les fermetures, qu’elles soient « administratives » ou en lien avec une très forte baisse -voire une absence- de clientèle.
Des fermetures qui font aussi parfois suite à des difficultés d'approvisionnement. 40 % des commerces enregistrent des baisses supérieures à 70 %.
Dans l’artisanat, l’inquiétude est forte. L’impact de la crise sanitaire sur le chiffre d’affaires des entreprises artisanales est important. Plus du tiers des entreprises sondées indiquent une perte de chiffre d’affaires supérieure à 70 %.
C’est le secteur des services qui semble le plus touché. Les secteurs de l’alimentation et du BTP s’en sortent mieux, avec des prévisions de perte plus faibles. « Le niveau de crainte professionnelle quant à la pérennité de leur entreprise est très élevé chez les artisans ».
Tous secteurs confondus, 8 entreprises sur 10 font état de tension au niveau de leur trésorerie.
Impact limité pour l’agriculture
Dans les services également, baisse marquée de l’activité. Que ce soit le domaine des services aux particuliers, dont 44 % des affichent des baisses supérieures à 70 %. Ou pour les services aux entreprises principalement affectés par la diminution de la clientèle, l’annulation de commandes et la suspension de chantiers.
Le secteur agricole semble globalement moins impacté. Avec un début de saison plutôt globalement favorable : la météo de sortie d’hiver est plutôt propice, la végétation a 15 jours d’avance, l’état sanitaire des végétaux est parfait, en plaine la mise à l’herbe des animaux s’effectue dans de très bonnes conditions, la pousse d’herbe n’est pas encore affectée par la sécheresse.
Mais la fermeture des restaurants, l’arrêt des marchés et des rayons de fromage à la coupe en grande distribution, et plus généralement la réorientation des consommateurs sur des produits basiques (beurre, crème, fromages longue conservation…) ont pénalisé les fromages savoyards : 30 % de baisse des ventes sur les fromages laitiers, 25 % sur les fromages fermiers. Face à la chute de la commercialisation des fromages au début du confinement, l’interprofession laitière des Savoie a décidé une réduction des livraisons : - 20 % en zone AOP et - 10 % en zone IGP. Côté arboriculture, «la demande locale a soutenu le marché ».
Les producteurs de légumes ont adapté leurs modes de vente, ce qui leur a permis de passer le cap sans trop de dommages.
Par contre, la production horticole a souffert d’une fermeture de trois semaines : « le marché profite à la grande distribution ».
Emploi : la Haute-Savoie sévèrement touchée
Progressivement, les chantiers de construction ont redémarré. Le secteur des travaux publics reste toutefois vigilant sur les décalages voire les annulations de la commande publique en raison du report des municipales.
Les tendances en matière d’emploi sont par ailleurs préoccupantes (+ 57 % d’inscriptions nouvelles à Pôle Emploi pour le secteur du BTP).
La saison touristique s’annonçait satisfaisante. Avant la fermeture des stations mi-mars, les résultats affichaient une stabilité par rapport à l’hiver précédent (qui reste une saison record) avec un taux d’occupation de 79 % pour les hébergements marchands.
Suite au confinement, les pertes sont estimées à 260 M€ pour les dépenses touristiques totales, à un « manque » de 4 millions de nuitées (dont 380 000 pour les hôtels soit - 25% et 500 000 pour les résidences de tourisme soit - 33%) et à 50 M€ de chiffre d’affaires en moins pour les remontées mécaniques. Sur le front de l’emploi, la Haute-Savoie est durement touchée. Les caractéristiques locales (activité touristique, situation frontalière, activité industrielle) ont accentué les effets de la crise, avec une augmentation marquée du nombre de demandeurs d’emploi. Au 15 mai 2020, près de 17 397 entreprises ont sollicité l’activité partielle en Haute-Savoie pour 156 237 salariés, soit plus de 70 % de la population salariée. A fin mars, la demande d’emploi « Catégorie A » avait progressé de 1,8 % sur un an, de 3,1 % en variation trimestrielle, et de 14 % pour le seul mois de mars (+ 5 040), ce qui place le département bien au-delà des évolutions régionales et nationales.
En avril, les inscriptions à Pôle Emploi ont augmenté de 5 %, soit la plus forte progression de la Région.