Forêts et bétail à Saint-Germain et Saint-Ours en 1782
Explorer les archives des XVIIIème et XIXème siècles procure bien des surprises En voici quelques-unes concernant des évènements ou des personnalités plus ou moins connues.
Le royaume Sarde, soucieux de gérer au mieux les ressources de son territoire, lance de nombreuses enquêtes en cette fin de XVIIIème siècle. L’une d’entre elles s’intéresse à l’état des forêts et aux pratiques d’élevage. Conservées par les Archives départementales de la Savoie, ce sont les réponses adressées à l’Intendant général par les communes de Saint-Germain et Saint-Ours qui vont nous intéresser. Des textes assez fournis nous permettent d’entrevoir des forêts inégalement exploitées, souvent mises à mal par la pression exercée par le bétail, plus particulièrement les chèvres.
On peut dire que les deux paroisses, l’une à l’est, au pied des Bauges et l’autre à l’ouest, relevant de l’ensemble Clergeon/Sapenay, relève en grande partie de l’espace montagnard. Le terme de montagne est souvent présent dans la réponse du syndic de Saint-Germain. Ainsi lorsqu’il aborde la question du bois pour brûler qui «peut se couper de huit en huit ans dans la montagne» ou encore à propos de l’alimentation des bêtes et de «la feuille du petit bois que l’on coupe encore à la montagne». Une montagne qui offre «à peu près ce qu’il faut de bois pour brûler…mais très peu pour bâtir». Il faut dire que le bois sert essentiellement au chauffage car dans la paroisse «il n’y a nulle fabrique ni manufacture…il n’y a ni four à chaux, ni tuilerie, ni exercice d’arts et métiers qui exigent consommation de bois». Quant au manque de bois de charpente, les habitants vont l’acheter «dans les paroisses étrangères, notamment dans celles de Gruffi, Alève, et autres voisines des deux premières, qui fournissent du bois sapin pour bâtir, tout préparé». Les résineux manquent donc à Saint-Germain, mais pour le reste on trouve en quantité «les arbres fruitiers quelconques, de même que les saules, peupliers, chênes, frênes et autres de cette nature».
Ces feuillus sont préservés aussi longtemps que possible et «ne se coupent que quand ils sont absolument vieux, hors de service ou crevés, à moins que, dans le nombre des chênes et châtaigniers, il ne s’en trouve de propre à bâtir, lesquels on ne coupe sans en avoir besoin». En effet, ils offrent aux paysans une ressource vitale pour le bétail qui est nourri «par le moyen de foin, paille, feuilles de chênes, de frêne, de peuplier et de fayard respectivement». L’essentiel du cheptel entretenu se compose de bœufs, veaux, vaches, génisses et brebis. La paroisse dispose des pâturages nécessaires pour la pâture des bœufs, veaux, vaches et génisses car, précise le syndic «chacun n’en nourrit qu’à concurrence de sa possession ou de sa proximité aux pâturages communs qui sont le mont de Laval et celui de Corsuet». Par ailleurs, l’entretien des 400 brebis et moutons ne semble pas poser de difficultés. Tel n’est pas le cas des 70 chèvres pour lesquelles on s’étend longuement sur l’intérêt de cet élevage «le profit qu’on retire des chèvres ne peut pas s’appeler profit, si l’on considère le grand ravage que font ces animaux dans les bois, de deux façons, la première en ce que, quand ils sont à la pâture, ils ne s’attachent qu’à ronger les bouts des jeunes plantes qu’ils étouffent ainsi dans leur naissance, et la seconde en ce que on ne les nourrit, pour ainsi dire, qu’avec la feuille du petit bois que l’on coupe encore à la montagne». Les dégâts provoqués appellent des mesures de limitation dont celle «de ne permettre de tenir des chèvres que dans les villages qui sont tout à fait au pied de la montagne, avec défense expresse d’y en tenir plus d’une par chaque feu».
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Préserver les feuillus.
Saint-Ours n’est pas confronté à ce problème puisque le syndic déclare «que l’on n’entretient dans la paroisse aucune chèvre». Les bœufs, vaches et génisses constituent l’essentiel du cheptel, ce qui entraîne des difficultés dans une paroisse qui manque de pâturages à l’exception «d’une teppe de la contenance d’environ 3 journeaux et quelques toises». Le troupeau de 200 brebis et moutons parait plus avantageux car précise le syndic «les secours que les habitants en retirent consistent dans l’engrais qu’ils en font et leur laine qui sert à faire du drap dont la plupart d’iceux s’habillent». Malgré tout, la pression animale sur le territoire de la paroisse semble trop importante car elle appelle à prendre des mesures restrictives consistant à «fixer à chacun de ses habitants le nombre de brebis et autres bestiaux qu’il devroit tenir …et de proportionner ledit nombre à l’étendue et proximité du terrain que chaque habitant y possède». A la fin de la réponse fournie par le syndic, la présentation du couvert forestier est abordée. Immédiatement, on constate une situation bien différente de celle de Saint-Germain car, lit-on «il n’y a dans la paroisse aucun bois d’haute futaie ni forêt» et par conséquent «il ne s’y commet aucun abus, inconvénient ni dégradation» ce qui dispense la paroisse d’employer un garde-forêts. Pas d’habitant qui «commerce en bois». Toutes ces riches informations peuvent se retrouver dans l’inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1793 que l’on peut consulter aux archives départementales de la Savoie.
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«Le grand ravage que font ces animaux».

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