Grand hôtel du parc nouvelle version : luxe, calme et volupté
Des mois que l'on voit s'affairer des ouvriers et petit à petit se métamorphoser le Grand hôtel du parc. Le chantier arrive bientôt à son terme. Une chose est sûre : l'établissement sera transfiguré pour le meilleur.
Le hasard fait parfois bien les choses. Alors qu'il y a un an naissait le premier Festival du cinéma français à Aix-les- Bains, une autre ode au 7e art et à ses égéries était en gestation. Quand Catherine Aitis se lance dans un projet, elle ne fait pas les choses à moitié. La créatrice et ex-dirigeante de Leclerc Drumettaz-Clarafond aime le cinéma, ses icônes féminines, la mode et l'élégance. Et ce sont ces thématiques qu'elle a choisies pour donner le ton du Grand hôtel du parc, établissement qu'elle a racheté il y a quelques années, réhabilité de fond en comble. Datant de 1863, l'hôtel-restaurant a subi quelques évolutions au fil des changements de propriétaires mais jamais une restauration de cette ampleur.
Les aléas du chantier
«Il y a très longtemps, j'avais rêvé que j'avais un hôtel», relate cette femme pétillante aux yeux d'un bleu perçant. Là encore, le hasard frappe. En poussant la porte de l'hôtel, en tant que voisine, pour saluer son propriétaire, il lui apprend sa volonté de vendre. Catherine Aitis le visite le lendemain et prend le pouls des lieux. «Je m'y suis sentie bien, même si la décoration ne me plaisait pas», sourit-elle. L'établissement affiche à ce moment-là une facette classique à la limite de la désuétude.
Commence alors le grand chambardement, dans un premier temps limité au restaurant. En 2019, la Bonne fourchette fait peau neuve et devient le Léo-Paul. Aux fourneaux, officie alors Gilles Blonay, passé par «Couchevel, les cuisines de l'Elysée et La Grange à sel où il décroche une étoile».
En novembre 2021, attaque la déconstruction et le curage de l'hôtel. Au total, la phase gros oeuvre aura duré plus d'un an, dépassant largement les délais et le budget (un surcoût d'un million d'euros portant la note finale à 7 M€). Le restaurant et le bar ont rouvert le 7 juin, soit un an après la date prévisionnelle, et l'hôtel à l'automne au lieu du 31 janvier. L'entreprise générale Campenon Bernard Dauphiné Savoie a dû gérer des travaux de reprise structurelle beaucoup plus importants que prévu. Alors que les planchers ne devaient initialement pas être changés, un tiers a été refait à neuf et les autres renforcés par des structures métalliques. Soixante-dix-neuf conduits de cheminée ont dû être rebouchés et des murs porteurs créés.
Ces aléas sont venus se greffer sur un programme déjà très lourd pour requalifier ces 2000 m² de surface plancher et décrocher une quatrième étoile : les espaces, les accès et les circulations ont été entièrement repensés, un patio, un spa et une salle de séminaire créés, le nombre de chambres ou de suites réduit à 29 et le lounge bar agrandi.
L'enveloppe extérieure a elle aussi été retravaillée. Le choix s'est porté sur une couleur ocre et blanc cassé, en accord avec l'Architecte des bâtiments de France, des menuiseries en eucalyptus verni et des arcades en pierre sont venues habiller des pans de façade.
Espaces larges, matériaux nobles et mobilier de qualité
L'aménagement intérieur et la décoration sont tout aussi soignés. Aux manettes, l'architecte d'intérieur pugnerain Thomas Ouf (Source Studio) en co-traitance avec l'Atelier Mey. La partie hôtel tourne autour des thèmes chers à Catherine Aitis. Chaque niveau présente un univers bien distinct : le premier l'élégance, Audrey Hepburn, Chanel, le noir et blanc ; le deuxième l'extravagance, Madonna, Jean-Paul Gaultier, les couleurs pop, les formes géométriques ; le troisième la volupté, Vanessa Paradis, Dior, Marylin Monroe, les teintes poudrées ; le quatrième la bohème, Brigitte Bardot, Jane Birkin, avec une forte présence du bois. Tous ces étages sont desservis par l'escalier monumental restauré, au centre duquel trône un lustre composé de cinq anneaux lumineux portés par 20 filins sur lesquels sont suspendus 400 pétales en céramique.
Au rez-de-chaussée, le lounge bar, auquel Mme Aitis tient beaucoup, a doublé de volume. Ses couleurs sombres et moutarde lui confèrent une ambiance cosy et Art déco. Un plafond végétal plane au-dessus du comptoir. «Les plantes mettent de la vie», estime l'entrepreneure. C'est la raison pour laquelle elle a souhaité redonner naissance au patio, recouvert par l'un des anciens propriétaires pour y servir le petit-déjeuner. «Ça ne me plaisait pas du tout. J'ai décidé de tout casser pour recréer les jardins.» Erable, magnolia, lierre «formeront une jungle luxuriante pour un aspect vivant et chaleureux», mise Thomas Ouf. Espace contemplatif agrémenté de marquises, de verrières et d'une fontaine, le tout composant un jardin d'été et un jardin d'hiver avec cheminée et fumoir. Le lobby se trouvera dans le patio et sera accessible depuis la rue Sommeiller, contrairement au lounge bar et au restaurant dont l'entrée se trouve rue de Chambéry.
Pour gagner les faveurs d'une clientèle exigeante, le Grand hôtel du parc nouvelle génération disposera d'un spa et s'ouvrira aux séminaires au sein d'une salle dédiée. «Ma fille Laurie, qui s'occupe déjà du site internet et des réseaux sociaux, organisera des animations, comme des cours de yoga ou de cuisine», glisse Catherine Aitis, très proche de ses enfants. Au point d'avoir baptisé chaque endroit de l'établissement du nom de ses quatre petits-enfants : Léo-Paul, le restaurant, M. Charles, le lounge bar, Mélina, le spa, et Eva, le jardin.
Catherine Aitis ne cache pas son impatience de voir les travaux s'achever enfin pour accueillir ses premiers clients. L'équipe de 25 personnes, dirigée par Adeline Roux, est dans les starting-blocks. «Aix-les-Bains monte en gamme et c'est une bonne chose», estime Catherine Aitis. Qui n'a certainement pas dit son dernier mot. «J'ai toujours plein de projets en tête, je n'arrive pas à me calmer», plaisante-t-elle.