Grand Lac : «Nous ne voulons ni embêter ni punir les gens»

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Lors du conseil communautaire Grand Lac du 18 février, les élus ont majoritairement voté un avis favorable à l’instauration d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) sur le territoire Métropole Savoie qui regroupe trois intercommunalités : Grand Lac, Grand Chambéry et Cœur de Savoie. Cette délibération n’a pas fait l’unanimité.

Vers une interdiction des véhicules les plus anciens 

Pour répondre aux obligations liées à la loi Climat & Résilience, une zone à faibles émissions mobilité doit être instaurée dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants dont celle de Chambéry. L’agglomération chambérienne a été définie par l’INSEE comme une «unité urbaine» qui s’étend sur une partie des territoires de Grand Chambéry, Grand Lac et Cœur de Savoie. Côté Grand Lac, seules les 17 communes de l’ex-CALB (communauté d'agglomération du Lac du Bourget) sont concernées. Le principe est de limiter la circulation des véhicules dits «les plus polluants» dans un périmètre défini et selon des plages horaires déterminées par décision des collectivités concernées.

Après consultation des collectivités et du public, la mise en place de la ZFE-m devrait être effective au printemps 2025, entre avril et mai. Pour y circuler, les véhicules devront disposer d'une vignette Crit’Air (classement de 0 à 5) apposée sur leur pare-brise. 

«Répondre à un enjeu
de santé publique»

«Ce dispositif vise à améliorer la qualité de l'air en intervenant sur les émissions d'oxydes d'azote et de particules fines provenant du trafic routier» a rappelé Thibaut Guigue, vice-président à l’urbanisme et président du syndicat mixte Métropole Savoie. Le rapporteur du dossier a ensuite souligné «l’absolue nécessité» de cette démarche «pour répondre à un enjeu de santé publique». Le projet prévoit que «les véhicules «non-classés» au regard de la classification Crit’Air seront interdits à la circulation dans la ZFE-m : voitures particulières immatriculées avant le 31 décembre 1996, véhicules utilitaires légers immatriculés avant le 30 septembre 1997, et véhicules lourds immatriculés avant le 30 septembre 2001. Des dérogations sont prévues pour certains profils de véhicules spécifiques et pour répondre à certains usages» a-t-il précisé. Ainsi, quelle que soit l’ancienneté de leur véhicule, les détenteurs d’une carte grise portant la mention «collection» et les professionnels de santé pourront circuler librement.

«Il s’agit là d’une mesure d’écologie punitive»

La proposition d’émettre un avis favorable au projet d’arrêté portant création d’une ZFE-m sur le territoire de Métropole Savoie a suscité quelques interrogations.

«Nous comprenons et partageons évidemment les objectifs par rapport à la pollution, mais il s’agit là d’une mesure d’écologie punitive qui va faire souffrir ceux qui sont dans la précarité» a lancé Jean-Claude Croze, maire de Brison-Saint-Innocent. «Comment vont faire les gens de certaines communes qui travaillent dans le centre-ville d’Aix-les-Bains et qui n’ont pas un choix de mobilités adaptées ?» a-t-il pointé du doigt. «Localement nous faisons ce que nous pouvons mais l’Etat et la Région ne font pas assez par manque de moyens». Le maire a également souligné un manque de cohérence dans la façon de lutter contre la pollution de l’air : «Il faudrait aussi réguler les avions qui circulent au-dessus de nos têtes, arrêter les hélicoptères qui emmènent les skieurs huppés à Courchevel ou je ne sais où et interdire les ministres de venir en jet privé… Nous demandons donc un moratoire : on est dans un temps politique qui n’est pas favorable, où les gens en ont ras le bol des restrictions. Nous voterons contre cette délibération mais ce n’est pas contre la position de Grand Lac».

«Nous émettons donc un avis favorable, avec des réserves»

Nicolas Mercat, maire du Bourget-du-Lac, a lui aussi fait part de sa réticence :
«Cela concerne 0,5% des véhicules donc l’impact sera quasiment nul. La baisse de la vitesse me semble être une mesure beaucoup plus efficace. Et je m’interroge sur l’impact carbone de la destruction de véhicules thermiques qui sont loin d’être en fin de vie».

Le conseiller communautaire André Gimenez s’est voulu rassurant quant au délai de mise en application : «Cela fait trois ans qu’on travaille à Métropole Savoie sur cette ZFE-m et je pense qu’on n’est ni à la veille ni même à l’avant-veille de cette application par les maires sur les communes».

Renaud Beretti, président de Grand Lac, a remercié les élus pour leurs interventions «qui ont éclairé le débat». Débat qui selon lui «doit se dépassionner, même s’il y aura des votes contre ou des abstentions ce qui est respectable. C’est la loi et nous l’appliquons, à notre manière». Sa conclusion : «Nous ne voulons ni embêter ni punir les gens. Il y a sans doute d’autres solutions sur lesquelles il faut travailler. Nous émettons donc un avis favorable, avec des réserves».

Ce vote pour avis a recueilli 36 votes pour, 4 votes contre et 10 abstentions.

 

 

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