«Grévistes mais au boulot !»
Depuis quelques jours, les banderoles ont été déployées sur les murs du centre de secours de Rumilly. Comme partout en France, les sapeurs-pompiers professionnels de Haute-Savoie, et particulièrement de Rumilly, se sont mis en grève. Un mouvement qui dure déjà depuis plusieurs semaines et qui veut mettre l’accent sur les revendications des «soldats du feu» dans de nombreux domaines.
Primes, retraites et sécurité
Ces revendications, elles portent sur les rémunérations, naturellement : les sapeurs-pompiers demandent, en particulier une revalorisation de la «prime de feu» (une prime de danger que policiers et gendarmes ont vu augmenter après les manifestations des Gilets jaunes, mais pas les pompiers).
Elles portent aussi sur le maintien de leur régime de retraite spécifique qui, grâce à une sur cotisation, leur permet de partir en retraite cinq ans plus tôt que les autres travailleurs. «On n’imagine pas un pompier de 64 ans sur le terrain !».
Autre question en débat, le recrutement. Pour David Sevestre, secrétaire de la section CFDT au SDIS 74, le département ne manque pas, pour le moment, de personnel, mais aucun recrutement n’a eu lieu depuis trois ans, sauf quelques «raccommodages» avec des CDD pour compenser les congés. «Même si ce n’est pas urgent, il est nécessaire de se mettre autour de la table et d’engager des discussions».
La sécurité des personnels fait également partie des préoccupations des sapeurs-pompiers professionnels.
Le nombre d’agressions qu’ils subissent est en très forte hausse, de l’ordre de 30% en Haute-Savoie, ces dernières années (à Rumilly, deux pompiers ont été agressés violemment il y a moins de deux mois), alors qu’ils «ne sont ni formés ni équipés pour cela. Tout ce qu’on nous propose, c’est de porter des caméras !».
Pour les grévistes, la présence policière devrait être renforcée à leurs côtés, mais là aussi, les effectifs manquent…
En matière de sécurité, la question des fumées toxiques reste un problème récurrent. Après une opération, les soldats du feu «ramènent tout à la maison » (vêtements, chaussures, etc.) sans «décontamination».
Le secours, prioritairement !
Bref, les motifs de mécontentement sont nombreux, qui motivent un «mouvement légitime». Mais dans ce mouvement a commencé en juillet en Haute-Savoie, «les sapeurs-pompiers sont grévistes mais au boulot».
Pour eux, le secours est prioritaire et, même s’ils affichent «Pompiers en grève», les véhicules de secours et leurs occupants sont toujours prêts à partir pour porter assistance aux victimes. «On n’a pas le droit que ça ne fonctionne pas ! 24 heures sur 24 !».
Au fil des semaines la mobilisation s’est intensifiée, au départ portée par deux syndicats, la CFDT et Avenir Secours. Le SNSPP (syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels) a rejoint le mouvement qui concerne les 655 sapeurs-pompiers professionnels, dont 150 officiers (pour 2750 volontaires) et les 160 personnels administratifs et techniques.
Les responsables syndicaux estiment que, aujourd’hui, les trois quarts des pompiers de garde se déclarent grévistes.
Des grévistes qui, tout en maintenant un «dialogue social constructif» avec les responsables du SDIS 74, ont décidé d’afficher leur mouvement, d’où les banderoles… «Nous avons besoin du soutien de la population», déclarent-ils. «Pour nous, quand on nous applaudit après une intervention, c’est gratifiant. Et on en a besoin !».
«Le secours est en danger en Haute-Savoie», affirme David Sevestre. Le préavis de grève court jusqu’au 31 août, mais selon les grévistes, il est fort probable qu’il soit prolongé.
«Un petit coup de klaxon quand vous passez devant la caserne, pour nous assurer de votre soutien, ça nous fera chaud au cœur…».