Harmoniser les politiques communales pour une gestion équilibrée du lac

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Grand Lac a commandité une étude prospective sur le lac du Bourget et le canal de Savières à horizon 2030. L’enjeu : concilier préservation des milieux naturels et développement des activités touristiques, avec la nécessité impérieuse d’instaurer une ligne de conduite similaire dans toutes les communes.

Les pourtours du lac changent, la fréquentation, les usages et le climat également. Depuis les années 1980, de gros efforts ont été consentis afin de dépolluer le lac, le dernier en date étant la création du bassin des Biâtres (12 M€), à Aix-les-Bains, qui capte 80% des eaux de surverse. Dans le même temps, les sites ont été valorisés, que ce soit la base des Mottets, le sentier au fil de l’eau, la promenade du lac, le port de Conjux, la plage d’Aqualac... Cette série d’améliorations conjuguée à de nouvelles aspirations sociales sont venues renforcer l’attractivité du territoire et ont conduit même à une fréquentation exponentielle depuis 2020.

Pour garantir le meilleur équilibre possible entre la préservation des milieux naturels et le développement des activités touristiques, Grand Lac a, en 2020, missionné le Cisalb (comité intercommunautaire pour l’assainissement du lac du Bourget) et l’agence Agate pour mener une étude prospective sur le lac du Bourget et le canal de Savières à horizon 2030.

«L’Etat, propriétaire du lac, avait réalisé un plan de gestion servant de base aux usages du lac, en 1993, mais de manière unilatérale», introduit le président de Grand Lac, Renaud Beretti. Depuis, ont émergé un comité de lac _ rassemblant l’Etat, les 13 maires du pourtour du lac, le Département, Grand Lac, le Cisalb et Grand Chambéry _, un comité technique et un comité des usagers. «Les enjeux devenant plus prégnants, il a été décidé d’accomplir un travail transversal, en interrogeant les maires, les socioprofessionnels, le grand public», indique M. Beretti.

«Il en est ressorti le besoin de préserver l’esprit des lieux et l’environnement dont on se rend compte que, si on va trop loin, on perd tout derrière», souligne Marie-Claire Barbier, présidente du Cisalb, vice-présidente de Grand Lac en charge du lac. L’équilibre reste précaire et peut être perturbé par des pollutions accidentelles, le bruit lié au trafic routier, ferroviaire, aérien, aux bateaux à moteur, la saturation des sites et des routes, les incivilités autour du lac, les conflits d’usage, le changement climatique, l’urbanisation...

Instaurer un stationnement payant saisonnier dans toutes les communes

Ce lac est un joyau à bien des égards. Il constitue une immense réserve d’eau potable, soit l’équivalent de la consommation annuelle en eau des Français, une ressource piscicole, un lieu de rafraîchissement et de loisirs et la base d’une activité économique. Mais cette attractivité génère une surfréquentation des sites et des routes qui y mènent. Marie-Claire Barbier évoque les conflits d’usages sur le lac mais surtout sur le canal de Savières, entre les paddles, bateaux, canoës. «Faut-il tout accepter ?», s’interroge la maire de Chindrieux.

Il s’agit aussi d’améliorer l’accueil du public et la mobilité saisonnière autour du lac. «On sclérose nos routes avec la voiture individuelle. Il faut qu’on se mette autour de la table pour voir comment on apporte d’autres formes de transport et comment on contraint le stationnement individuel pour inciter les gens à se tourner vers d’autres alternatives», estime Mme Barbier. Le mot est lâché. Dans le viseur, Aix-les-Bains et Le Bourget-du-Lac, par exemple, qui ne font pas encore payer le stationnement à proximité des grands sites, alors que Chindrieux, Brison-Saint-Innocent, Chanaz ou Annecy ont sauté le pas.

Cette étude aboutit à la nécessité d’harmoniser les pratiques tout autour du lac, alors même que ces politiques relèvent des communes. Sur la question du stationnement, bien sûr, des déchets aussi. Renaud Beretti évoque le désir de supprimer les poubelles sur les grands sites touristiques en faveur des conteneurs semi-enterrés. «Les gens doivent repartir avec leurs déchets plutôt que d’aller encombrer les poubelles, voire les déposer à côté, au risque de les voir polluer le lac. Mais cette ligne de conduite doit être uniforme dans toutes les communes les pieds dans l’eau», considère-t-il. D’autres opérations ont avancé pour répondre aux enjeux pointés par cette étude : la mise en place d’une signalétique pour interdire les feux sauvages, d’une charte d’occupation et d’utilisation de ce domaine public, d’un observatoire de la fréquentation du lac, l’élaboration d’un Système d’information de gestion partagé par tous les gestionnaires pour localiser les zones protégées ou qui ne le sont pas encore... «Nous n’avons pas chômé», résume Marie-Claire Barbier.

 

Marie-France Sarrazin

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