Hommage à François Ducret, un bâtisseur, un père, un homme juste
Le 22 décembre 2003, François Ducret a été nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. - ©DR
Et avec lui, c'est une part de notre histoire familiale, mais aussi une page de l'histoire de la presse savoyarde, qui se referme doucement.
Un homme formé par l'exigence, guidé par la loyauté
Né à Rumilly le 16 octobre 1940, François suit un parcours déjà fait de rigueur, de curiosité et d'ouverture. De l'École des Frères au Collège Sainte-Marie, puis en Suisse à l'Institut Florimont, il acquiert rapidement cette discipline qui lui servira toute sa vie.
Son retour à Rumilly pour apprendre le métier de typographe, auprès de Georges Berthod - alors le plus ancien de la maison - est un choix humble, presque instinctif : revenir aux fondations, aux métiers de base, au savoir-faire manuel. Mention au CAP, puis direction Paris, à l'École Estienne, temple des arts graphiques.
Après une parenthèse militaire sur le De Grasse, croiseur amiral sillonnant la Méditerranée, son parcours le mène à la Tribune de Genève où, pendant quinze ans, il gravit les échelons : devis, fabrication, direction technique, administration des ventes... Et au cœur d'une imprimerie alors à la pointe, il se frotte aux plus grands noms de l'édition : Albin Michel, Skira, Denoël, Tavaro...
L'organisation helvétique lui façonne une méthode : sérieux, précision, anticipation, respect des délais.
Ceux qui ont travaillé avec lui le savent : François était un homme carré, fiable, exigeant mais juste.
Le retour à Rumilly : relever un défi colossal
Lorsque François revient à Rumilly en 1979 pour reprendre les rênes du journal, c'est un tournant décisif. L'entreprise doit évoluer. Le monde de la presse bouge. Les technologies bousculent les habitudes. Beaucoup auraient hésité ; lui non.
Avec calme, détermination et une vision claire, il entreprend de moderniser l'outil, les méthodes, l'identité même du journal.
1984 marque un basculement historique :
fin du plomb,
apparition de la photocomposition,
création d'un laboratoire photo,
nouveaux procédés offset,
transformation du format du journal.
Une révolution menée avec un personnel qu'il n'a cessé de remercier : " Le plomb a disparu du jour au lendemain, et chacun a dû faire place à des machines inconnues. Ils ont tous relevé le défi. "
Cette confiance, François la donnait facilement. Et elle lui était rendue.
Le journal se développe, grandit, innove.
Première Une en couleurs en 1986, tirage en hausse constante, pages supplémentaires, place accrue pour le sport, les photos, les dossiers.
Sans bruit et sans fracas, François hissait son journal parmi les références régionales.
Le visionnaire : créer l'Hebdo des Savoie
En 1995, c'est un nouveau défi : racheter Le Vert - 73 Hebdo d'Aix-les-Bains.
La tâche est rude, les premières années compliquées. Mais François persévère, comme toujours.
En 1999, il décide de fusionner les deux titres pour créer ce qui deviendra notre identité :
l'Hebdo des Savoie.
Nouvelle ligne, nouveau territoire, nouvelle ambition.
Chaque vendredi, désormais, des milliers de lecteurs retrouvent un journal enrichi, structuré, ancré dans son époque.
Là encore, il avait vu juste.
Un père, un homme, un repère
Au-delà du professionnel, nous voulons aujourd'hui saluer l'homme.
François était discret mais chaleureux, rigoureux mais profondément humain. Il aimait le travail bien fait, les discussions qui durent, les gens qui s'engagent.
Il savait écouter, il savait décider, mais surtout il savait transmettre.
Son héritage n'est pas seulement celui d'un journal modernisé, d'une entreprise solide ou d'un titre devenu incontournable.
Son héritage, c'est une vision, une droiture, une façon d'être, un respect du métier et des gens.
Pour nous, sa famille, il restera l'homme qui ne renonçait jamais, celui qui avançait toujours, même quand les temps étaient difficiles.
Celui qui aimait profondément ce territoire, ses habitants, son histoire.
Merci, Papa. Merci, François.
Aujourd'hui, c'est avec une immense gratitude que nous lui rendons hommage.
Nous poursuivrons son œuvre avec la même passion, la même honnêteté et la même exigence.
Parce que l'Hebdo des Savoie, c'est plus qu'un journal.
C'est une lignée, un engagement, un héritage.
C'est une histoire de famille.
Et François en restera, pour toujours, l'un des bâtisseurs les plus précieux.
Pour lui rendre hommage c'est ici








