« Il n’y aura pas de pénurie d’eau généralisée »

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La sécheresse perdure et menace l'alimentation en eau potable. Si la tension est palpable sur tout le territoire de Grand Lac, elle est plus ou moins critique selon les communes. En plus de sensibiliser les élus et la population, l'agglomération a réalisé des maillages de réseaux et optimisé le pompage de l'eau. L'eau devrait toujours couler au robinet, à part ponctuellement sur certains secteurs, en cas de tirage inhabituel ou d'incident.

 

Jamais le territoire n'aura connu pareille crise. Fin juillet, la préfecture de la Savoie a placé le bassin versant du lac du Bourget en alerte sécheresse de niveau 4, soit le plus élevé. « Nous avions déjà connu ce classement pendant deux semaines en 2018 », relève Christophe Touzeau, directeur du service des eaux de Grand Lac. La situation ne devrait pas s'améliorer de sitôt, aucune précipitation n'étant attendue dans les 15 prochains jours... « Le déficit en eau le plus important a été enregistré en 1976, soit une pluviométrie 30% inférieure sur un an. Aujourd'hui, nous avons atteint le même niveau qu'en 1976, sauf que nous sommes seulement le 5 août », alerte M. Touzeau. 

Sur tout le territoire, les niveaux de ressources en eau sont fortement impactés, inférieurs de 10 à 60% aux normales de saison. Les sources au pied du Revard souffrent particulièrement et présentent des débits minimum survenant habituellement en septembre ou octobre... alors que les communes doivent faire face à des consommations estivales. 

 

Une hausse des volumes de consommation

Le service des eaux de Grand Lac constate d'ailleurs une hausse des volumes de consommation sur le territoire. Une partie est due à un fait inhabituel de la part du monde agricole : des éleveurs forcés de puiser dans le réseau d'eau potable cette année pour hydrater leurs bêtes, tout comme les maraîchers pour leurs plantations sous serre. « Tout cela est très encadré et d'ailleurs l'arrosage plein champ n'a plus cours », précise M. Touzeau. En cause ensuite, certains comportements. La collectivité distille à cet effet des conseils de bon sens à la population, comme ne pas laver sa voiture ou nettoyer sa façade, ne pas remplir sa piscine. Et des SMS ont été envoyés aux habitants des communes où la situation est critique. 

Certaines communes comme Vions, Chanaz ou Conjux, s'en sortent mieux car elles prélèvent dans une nappe associée au Rhône. D'autres se trouvent dans des situations plus critiques, comme celles situées au pied du Revard, dans l'Albanais, mais aussi Ruffieux et Chindrieux. Mouxy, par exemple, ne produit que 20% de ses besoins. Heureusement, la solidarité intercommunale joue pleinement son rôle et cette période difficile rend d'autant plus tangible l'intérêt d'une gestion de l'eau à une échelle plus large. « Dans le cas inverse, une commune aurait dû demander à sa voisine si elle était d'accord pour lui fournir de l'eau », remarque Robert Aguettaz, maire de Viviers-du-Lac et vice-président de Grand Lac en charge de l'eau et de l'assainissement. 

 

Des solutions d'urgence et à plus long terme

La collectivité a déjà opéré des interconnexions de réseaux entre communes, comme entre Mognard et La Biolle. D'autres, provisoires, en attente d'être pérennisées à l'automne, sont prêtes à être actionnées en cas de besoin, entre Saint-Ours et Saint-Girod ou entre Grésy-sur-Aix et Epersy. Outre le chantier colossal (14 M€) visant, d'ici à 2026, une meilleure répartition de la ressource en eau entre Aix-les-Bains et les communes moins bien dotées situées au pied du Revard et au sud du lac, d'autres travaux d'interconnexion sont programmés en Chautagne (Ruffieux, Chindrieux, Motz et Serrières-en-Chautagne). A l'avenir, Christophe Touzeau évoque de nécessaires liaisons entre les réseaux d'eau potable du Grand Chambéry, de Grand Lac et du Grand Annecy.

Cette situation exceptionnelle a conduit Grand Lac à modifier le process de pompage à l'usine d'eau potable de Mémard, à Aix-les-Bains, afin de pomper davantage dans le lac du Bourget. 

Malgré ces mesures, existe-t-il un risque que l'eau ne coule plus du robinet ? « Il n'y aura pas de pénurie d'eau généralisée mais il pourrait y avoir des ruptures d'alimentation ponctuellement sur les secteurs en tension, en cas de tirage inhabituel », prévient Christophe Touzeau. Il pourrait aussi y en avoir en cas d'incident sur le réseau. « Les canalisations subissent aussi l'état de sécheresse. Nos sols travaillent et peuvent provoquer des fuites. Mais tous nos services sont en alerte et surveillent le réseau 24h/24 », rassure Robert Aguettaz. 

 

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