Il participe au 5ème Championnat du monde de nage en eau glacée
Erick Warin, savoyard d’adoption et de cœur, installé à Bellecombe-en-Bauges, pratique la nage en eau glacée depuis plus de six ans. Du 12 au 15 janvier, il participe à la cinquième édition du Championnat du monde qui se déroule à Samoëns, au lac des Dames. Ce passionné de sport, au parcours bien rempli depuis sa jeunesse, a pratiqué de nombreuses disciplines, ski, course à pied, vélo, rugby, planche à voile, triathlon dont certaines à haut niveau comme le hockey sur glace, le football américain ou encore le ju-jitsu. En février 2022, il parcourait 1000 mètres en 26 minutes dans une eau à 2°C, au Championnat du Monde de Glagow, en Pologne, après avoir parcouru, en 2019, la même distance en 22 minutes au Championnat de France à Samoëns. Cette année, malgré des problèmes de santé, Erick va tout donner en participant aux épreuves des 50 et 1000 mètres, dans une eau à 3-4°C, son but étant d’aller le plus loin possible pour lui-même, pour son mental sans recherche absolue de médaille.
1000 mètres dans une eau à moins de 5°C
La nage en eau glacée (Ice Swimming) est une discipline de nage en eau libre qui se pratique dans une eau inférieure à 5°C, en maillot de bain. Nager dans de telles conditions demande un bon entraînement, le corps descend vite en hypothermie, à 34°C, et un bon mental car ce dernier joue un rôle essentiel pour la défense de l’organisme. Erick Warin s’entraîne une à deux fois par semaine au lac d’Annecy, au lac du Bourget ou au lac de Lescheraines, dès l’automne et durant tout l’hiver. «On s’entraîne en adaptant progressivement son corps à la baisse des températures, d’abord en restant statique pour travailler la résistance au froid et la respiration, puis en nageant pour habituer son corps aux mouvements». Cette année, au vu de la météo peu hivernale, l’eau frôle les 9-10°C.
D’abord très déçu de ses résultats en Pologne, son objectif étant de parcourir 1000 mètres en moins de 20 minutes, il a ensuite pris conscience, grâce aux paroles de son ami et nageur haut-savoyard Alain Simac, qu’il avait malgré tout réalisé un exploit : «Habituellement, j’éprouve du stress, et il en faut, mais cette fois-ci je ne ressentais que de l’émotion, sans pouvoir expliquer pourquoi. Après ma sortie de l’eau et après avoir récupéré, alors que j’étais démoralisé, Alain a eu ces mots que je n’oublierai jamais : «Nous sommes bientôt 7 milliards sur Terre, sur ces 7 milliards, il y a peu de gens qui nagent dans une eau à 2°, il y en a encore moins qui font 1000 mètres et toi tu es septième mondial dans ta catégorie d’âge. Tu n’imagines pas que ce que tu viens de faire est exceptionnel». Cela m’a permis de relativiser et d’être fier de ce que j’avais entrepris à 58 ans».
«Le corps humain est une machine incroyable»
Le sport est un véritable exutoire pour Erick Warin, par ailleurs moniteur de ski aux Aillons-Margériaz, qui contribue depuis toujours à son équilibre : «C’est à la fois un besoin et un plaisir, à travers le dépassement de soi, l’effort, la maîtrise du corps, la force de l’esprit, puis le bien-être et la satisfaction qui s’ensuivent». Il y a quelques années, afin d’éviter une opération et une prothèse du genou, son chirurgien lui a conseillé de ralentir la cadence des sports d’appui, à impacts, et de privilégier le vélo et la natation. Ayant régulièrement nagé dès sa jeunesse, cela ne lui a pas été difficile de s’essayer à la nage en eau libre et de se lancer de nouveaux défis, comme pour ses 50 ans et ceux d’un ami d’enfance rencontré dans le Nord, sa région d’origine, aujourd’hui installé lui aussi en Savoie. Les deux hommes ont commencé à nager ensemble lorsqu’ils étaient pensionnaires dans leur collège qui avait un club de natation, et ont décidé, pour fêter leur cinquième décennie, de traverser le lac d’Annecy à la nage. C’est à cette époque qu’Erick entre en contact avec Thierry Corbalan, sportif amputé des deux bras suite à un accident de pêche et surnommé «l’homme dauphin», qui cumule de nombreux records de traversées à la nage, pour lui demander des conseils. Après avoir tissé des liens puis partagé quelques kilomètres de nage sur le lac D’annecy pour soutenir l’association SEPas Impossible (qui accompagne les malades de la Sclérose en Plaques et leur famille), une belle amitié est née entre eux. «Je l’admire beaucoup, c’est vraiment un ami cher». Depuis, Erick, qui n’a pas froid aux yeux ni au reste du corps, est progressivement passé de la nage en eau froide (entre 5 et 10°C) à la nage en eau glacée, et est devenu féru de ses bienfaits sur l’organisme, physiquement et mentalement. Bien qu’il ne soit actuellement pas au top de ses capacités et de son énergie, ce Savoyard, qui fêtera ses 60 ans dans quelques mois, est heureux de participer à cette compétition internationale qui rassemble 400 athlètes de tous âges et de 33 pays : «Je n’y vais pas pour la médaille mais pour me dire qu’à mon âge et malgré mes difficultés actuelles, j’en suis capable. Le corps humain est une machine incroyable, je fais toujours tout à fond, c’est ainsi que je me suis construit dès l’enfance». Enfant, Erick souffrait d’asthme et se rendait régulièrement en cure d’été à Allevard, loin de ses parents, puis adolescent, il a échappé de peu à l’amputation de la jambe suite à une blessure d’orteil lors d’un accident de surf qui lui a fait attraper un staphylocoque doré. Autant dire que lorsqu’il a pu remarcher, Erick a pris une revanche sur la vie qu’il a croquée à pleine dents et de toutes ses forces.
Etats «lune de miel» et «afterdrop»
La nage en eau glacée est une compétition très encadrée et sécurisée. Une fois sortis de l’eau, les athlètes passent de l’état «lune de miel» à l’état «afterdrop» : «On vous porte car vous ne pouvez plus marcher, vous ne sentez plus vos membres, vous ne pouvez plus parler, la mâchoire est complètement figée. Il y a un protocole drastique de réchauffement. Après de longues minutes dans l’eau, vous êtes dans un état euphorisant appelé «lune de miel» où pendant 5 à 10 minutes, tout va bien, vous êtes détendu, mais le corps qui continue de descendre en température est obligé de lutter encore plus pour se réchauffer. On vous emmène alors dans une salle où l’on vous pose des serviettes de bain trempées d’eau chaude, sous l’observation d’un médecin, jusqu’au moment où vous commencez à trembler, ce qui signifie que le corps relance la pompe pour refaire circuler le sang. Et par les tremblements, le corps se réchauffe. Après l’afterdrop, vous êtes apaisé, serein et cette sensation est addictive.»
Cette année, l’objectif de ce nageur de l’extrême est de prendre du plaisir, partager chaque moment avec les gens présents, revoir les concurrents étrangers avec qui il a tissé des liens, «retrouver un peu de motivation et de bien-être, et tout donner car j’ai besoin plus que jamais de me dire que 2023, sera source de nouveaux élans».
Possibilité de suivre le Championnat du Monde en streaming sur le site de l’IISA (International Ice Swimming Association).
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Le sportif, vêtu de sa dryrobe, vient de passer de longues minutes dans l’eau du lac de Lescheraines.