Il suffit de passer le pont !
Il en avait vu passer du monde, le Pont Coppet, en ce premier samedi de l’automne 2000. La foule des grands jours s'était pressée sur les berges pour assister au défilé historique retraçant près de 400 ans, depuis la construction, en 1626, de l'un des deux plus anciens ponts à une seule arche de Haute-Savoie.
Bien sûr, les officiels étaient là, en grand nombre, conseillers, sénateurs, maires, etc., et ils avaient procédé à l'ouverture de l'édifice fraîchement restauré, à grand renfort de couper de ruban, de bénédiction par le curé de la paroisse, et de discours des maires des deux communes, concernées, Vallières et Sâles. On a retracé aussi bien l'histoire du pont que celle de sa restauration. Difficile de donner une idée de l'ambiance qui régnait de chaque côté du Fier. Mélange de spectacle en costumes, de foire ou de kermesse, chacun avait dû y trouver son compte.
C’était il y a près de 20 ans et le Pont Coppet sortait à peine d’une léthargie de plus d’un siècle, emprunté seulement par quelques courageux promeneurs, et menacé de s’écrouler un jour de forte crue du Fier.
Depuis il est devenu le rendez-vous favori des amateurs de « vieilles pierres » et le passage favori tant des vallériens que des salésiens. Et l’un des éléments importants du patrimoine historique de l’Albanais, témoin de quelques-uns des grands moments de l’histoire savoyarde.
L’un des plus anciens ponts savoyards
Pour franchir le Fier, on utilise aujourd’hui le Pont Mottet, sur la route Rumilly-Frangy, avant d’arriver à Vallières. Mais jusqu’en 1863, date de la construction de cet ouvrage, le seul passage de la rivière sur l’axe Genève-Chambéry se situait dans un creux de verdure, sur un petit pont construit en 1626, ainsi qu’en témoigne la date inscrite sur un cartouche aux armes du Duché de Savoie sculpté dans la pierre du parapet.
On l’appelle aujourd’hui couramment le Pont Coppet. On devrait dire « Pont de Coppet » puisque son nom fait référence à la proximité de moulins, le « coppet » étant l’auget d’une roue de moulin.
C’est le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er qui, cherchant, à l’exemple de Sully en France, à développer l’industrie et les communications, a initié la construction de cet ouvrage. Une seule arche en plein cintre de plus de 22 mètres de portée : le pont de Coppet se dresse fièrement à plus de 17 mètres au-dessus du lit du Fier. Il est aujourd’hui l’un des plus anciens, voire le plus ancien pont à une seule arche en Haute-Savoie.
Un peu abandonné depuis la construction du pont routier après l’annexion de la Savoie à la France, il a toutefois été un élément de communication au moins entre les deux communes riveraines de Sâles et Vallières.
Une restauration réussie
Malgré certains travaux d’entretien au début du 20ème siècle, déjà en 1968, certains s’étaient alarmés de sa lente dégradation. En vain, semble-t-il puisque, en 1973, on dut l’interdire à la circulation, pour raisons de sécurité. En 1997, la Direction départementale de l’équipement (DDE), les élus locaux et tous les amis du vieux pont on initié un travail de diagnostic qui devait aboutir, deux années plus tard, à une restauration efficace, et réussie : remise en état de la culée rive droite, dégagement du tablier, remise en état des parapets, étanchéité, etc. En tout, plus de 450 000 € de travaux.
Inauguré en septembre 2000 au cours d’une grande fête en costumes d’époque, le Pont de Coppet est maintenant réservé aux seuls piétons, cyclistes ou cavaliers. Pour le plus grand bonheur des promeneurs qui peuvent le découvrir en toute quiétude.
C’est le bon moment pour voir, ou revoir, le Pont de Coppet en imaginant les événements historiques qui s’y sont déroulés, comme cet échange de tirs d’artillerie entre les armées napoléoniennes et autrichiennes.
Comment y aller ? Sortir de Rumilly en direction de Frangy. Un peu avant d’entrer à Vallières (en face du restaurant), descendre un chemin piétonnier fléché pour accéder au pont.