Il y a des jours où…
Bien sûr, je ne te connaissais pas jusqu’à dimanche dernier ! Et j’aurais dû continuer à ne rien savoir sur toi. Sauf que, en profitant des derniers jours ensoleillés, tu as eu l’idée de partir faire une virée en vélo dans ton coin de montagne. Tu t’appelais Marc et tes 34 ans viennent d’être arrêtés par la bêtise d’un jeune chasseur, dimanche dernier, quelque part du côté de Morzine.
Je ne te connaissais pas mais je ne peux pas me taire après cet énième «accident». Parce que, vous le savez, je milite depuis longtemps pour que l’on partage différemment l’espace naturel entre les chasseurs et les autres. Une fois de plus, je précise que je ne cherche pas à faire interdire la chasse. Les pratiquants de cette activité se réclament d’une appartenance aux défenseurs de la nature. Je leur laisse cette affirmation, il resterait à en apporter la preuve… Je ne milite pas «contre» mais «pour .
Pour qu’on admette enfin que notre société ne vit plus comme au 19e siècle, qu’elle ne se partage plus simplement entre citadins dans les villes et ruraux dans les campagnes. Aujourd’hui, les frontières entre les deux sont plus mobiles. Ceux qui habitent la campagne sont, en fait, pour la plupart des citadins qui ont déménagé. Ceux qui habitent en ville ont besoin de «prendre l’air» là où il en reste. Ça signifie qu’on ne peut plus raisonner comme autrefois. Il faut partager l’espace naturel le mieux possible. Que les citadins apprennent à respecter les campagnes, en particulier les cultures et les animaux. Que les ruraux apprennent à accueillir ceux qui manquent de contact avec la nature, les enfants surtout. Et que les chasseurs, qui sont une petite minorité il faut bien le rappeler, apprennent à respecter les peurs légitimes de nombre d’entre nous face à des armes qui peuvent être meurtrières. Bref que tous apprennent à partager l’espace !
Un vœu pieux, peut-être… Pourtant j’y crois ! Je suis sûre que mes amis chasseurs (oui, j’en ai !) sont capables de se rendre compte qu’on ne peut plus continuer comme ça. Et qu’il ne suffit plus de porter un gilet fluo pour se dédouaner de ses responsabilités. Marc est le second randonneur tué par un chasseur en Haute-Savoie en deux ans. Combien en faudra-t-il pour qu’on accepte de ne plus chasser le dimanche ?
Voilà ! Je sais bien que les états d’âme d’une bonne femme de la campagne ne feront certainement pas changer les choses. Mais je ne pouvais pas me taire. Pardon à vous les chasseurs respectueux (il y en a, et beaucoup !), mais c’est trop ! Vous ne pouvez plus faire semblant d’ignorer que certains d’entre vous représentent un réel danger pour leurs semblables. Et qu’il faut que vous vous réveilliez !
Il y a des jours où on ne peut plus se fermer les yeux !
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