«Je trouve dommage et dommageable de lier la problématique du manque d’eau actuel à la délivrance des permis de construire»

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Lors du conseil communautaire du 24 avril dernier, les élus ont décidé de suspendre la délivrance des permis de construire dans 13 des 17 communes du territoire Rumilly Terre de Savoie. L’objectif : faire face au manque d’eau potable, entre sècheresse et pollution (lire notre article du 27 avril). Suite à cette décision, qui n’a pas fait l’unanimité au sein de l’assemblée (35 voix pour, 6 absentions), Vincent Davy, président de la Fédération des promoteurs immobiliers Alpes (FPI), réagit.

Que comprenez-vous et que comprenez-vous moins dans cette décision ?

«Je comprends que les élus prennent des mesures pour la préservation de l’eau, c’est tout à fait normal et c’est de leur responsabilité. Mais je trouve dommage et dommageable de lier la problématique du manque d’eau actuel à la délivrance des permis de construire, car selon moi ce sont deux sujets qui n’ont pas grand-chose à voir. Il faut savoir que lorsqu’un permis de construire est délivré pour un logement, les gens y habiteront 36 mois plus tard, il y a donc là un facteur temps qui n’a pas été pris en compte, en sachant que cette suspension est censée durer 8 mois.

Trop limiter les autorisations administratives, cela surenchérit le prix du logement»

Le problème de pollution est en train d’être traité, cela prend certes du temps mais dans 36 mois j’imagine qu’il sera résolu. Au-delà de la problématique de l’eau, qu’il faille réguler le nombre de logements et accompagner le développement des communes, je le comprends complètement aussi : il y a en effet peut-être eu trop de constructions, du moins à Rumilly. Mais tout stopper du jour au lendemain, car actuellement il n’y a plus d’eau et qu’une partie de la nappe est polluée, je ne conçois pas le rapport. D’autres décisions me semblent plus adaptées, comme l’interdiction du remplissage des piscines ou certaines restrictions. Et si l’on imagine que cette situation perdure, au-delà des propriétaires fonciers, qui voulaient vendre leur maison ou leur terrain pour partir s’installer ailleurs, stopper et trop limiter les autorisations administratives, cela surenchérit le prix du logement ».

Le milieu de la construction s’adapte-t-il au changement climatique ?

«Un certain nombre de démarches sont mises en place, notamment sur les chantiers, pour réduire les consommations d’eau, les poussières, les emballages plastiques. On fait en sorte que les chantiers soient plus propres et d’ailleurs les collectivités nous le demandent, comme le Grand Annecy avec la charte Chantiers Air Climat ou Annecy avec le référentiel du Bien Construire. Notre métier est de plus en plus porté sur l’environnement et la préservation des ressources. Certaines mesures peuvent être mises en place rapidement mais sur les innovations, il faut faire des tests, on ne peut pas déployer toute une production du jour au lendemain sans avoir les retours nécessaires. Le métier se transforme et c’est une bonne chose, aujourd’hui on ne construit plus de la même manière qu’il y a 10 ans. Il y a une prise de conscience, une évolution positive, une politique d’amélioration dans tous nos process et nos modes constructifs».

Comment allier le besoin en construction et le manque d’eau ?

Nous faisons partie des territoires en France qui attirent la population. En Haute-Savoie, plus de 10 000 habitants s’installent tous les ans. 10 000 habitants, c’est l’équivalent d’une ville. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience générale des élus, qui veulent maîtriser ce développement. Le problème, c’est que beaucoup le font à l’échelle de leur commune alors qu’on ne peut pas gérer l’urbanisme d’un territoire tel que la Haute-Savoie à une si petite échelle. A mon sens, il y aurait besoin d’une recentralisation de tous ces sujets d’urbanisme. Quoi qu’il en soit, la Fédération des promoteurs immobiliers Alpes respecte la décision de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie mais ne comprend pas le lien entre l’absence de permis de construire et les besoins d’eau potable pour cet été ».

 

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