La commune accélère sa politique d’économies d’énergie
Pour garder sa capacité d'investissement et alors que sa facture énergétique devrait doubler d'ici 2024, la municipalité du Bourget-du-Lac a engagé un plan d'actions.
La crise des énergies touche très fortement la commune du Bourget-du-Lac. Avec un prix du gaz multiplié par trois dès 2023 et un doublement de celui de l'électricité dès 2024, la facture devrait passer de 240.000€ à 480.000€ ! Plutôt que de se retrouver au pied du mur, la municipalité a choisi de revoir ses priorités «pour conserver ses marges de manœuvre et continuer à investir demain. C'était une priorité du mandat, mais la crise a véritablement accéléré le processus. Nous avons décalé d'autres projets moins urgents».
Cette politique d'économies d'énergie avait déjà été entamée lors du mandat précédent, notamment en matière d'éclairage public, permettant de gagner 60% de consommation entre 2016 et 2021, soit un gain de 18.000€. La commune poursuit la mise en place de Led pour remplacer les éclairages énergivores. Mais les efforts de s'arrêtent pas là. Désormais, le plan d'attaque concerne aussi bien des mesures de bon sens et de réorganisation, applicables immédiatement, que des travaux à plus ou moins long terme.
Les mesures immédiates
La température a été abaissée à 19° dans les bâtiments tertiaires, 16° dans les gymnases et 21° dans les crèches. «Nous avons instauré une régulation plus fine en fonction des usages», souligne le maire, Nicolas Mercat. Un bureau non utilisé pendant moins de 48h est chauffé à 16° et à 8° au-delà. Les bâtiments énergivores ne sont plus utilisés l'hiver et les associations ont été relocalisées dans d'autres salles. La rationalisation énergétique passe encore par la mise en place de boutons pressoirs permettant d'enclencher la chauffe, à répéter toutes les heures.
Des travaux de rénovation
L'efficacité énergétique nécessite forcément des investissements. Chantiers déjà amorcés cette année avec la réfection et l'isolation des toitures de Cinélac et du club de canoë-kayak.
En 2023, la chaudière gaz de La Traverse va être changée et permettre une régulation plus fine en fonction des activités organisées à l'intérieur. Les bâtiments du stade de football et de l'aviron sont eux aussi concernés par un renouvellement de chaudière, tandis que l'église Saint-Laurent va faire l'objet d'un remplacement de son système de chauffage.
La meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas et les rénovations énergétiques se révèlent pertinentes. C'est l'objet des travaux qui seront engagés dès 2023 sur deux écoles du Bourget-du-Lac. A la Cascade, les murs et le toit seront traités, tout en veillant au confort d'été, garanti par la pose de brise-soleil et la végétalisation de la cour. Au Chat-Perché, un chantier plus lourd va s'engager pour 2 M€. Isolation extérieure, reprise de la toiture, des huisseries, mise en accessibilité vont s'accompagner de l'ouverture de deux espaces périscolaires et d'une nouvelle classe.
Produire de l'énergie fait aussi partie du plan. «Dès que nous le pouvons, nous installons des panneaux solaires», signale le maire. La toiture de Cinélac en est déjà dotée et il est prévu d'en poser sur celle de l'école de la Cascade. Des panneaux thermiques recouvriront les douches du camping «car les chauffer avec du gaz l'été n'a aucun sens».
A moyen terme
La municipalité envisage de mettre en place un réseau de chaleur produisant 1900 MWh annuels pour chauffer l'école, la mairie et des copropriétés du centre-bourg, soit 200 logements, pour un coût de 2,2 M€. «Les avantages sont multiples : les prix 25 à 30% inférieurs à ceux du gaz et plus stables, et du bois provenant de la commune. L'argent dépensé profiterait d'ailleurs majoritairement au plan local, entre l'approvisionnement, la maintenance, et l'installation du réseau», argumente M. Mercat. Les travaux pourraient démarrer en 2023/2024 pour une livraison en 2025.
Deux autres petits réseaux de chaleur pourraient voir le jour, le premier alimentant l'école de la Serraz et deux secteurs pavillonnaires, le second couvrant le futur Triangle Sud.
Autre projet à l'étude pour produire de l'électricité : la réimplantation d'une micro-centrale hydraulique sur le nant Varon, en créant une centrale citoyenne, avec le concours d'Eau et soleil du lac. Créée au XIXe siècle pour alimenter la papeterie de la Roche-Saint-Alban, elle a été mise à l'arrêt dans les années 1950. «Cette production hivernale viendrait compléter l'énergie photovoltaïque estivale.»
Marie-France Sarrazin