La crèche familiale Sucre d’Orge fermera ses portes fin août 2025

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En raison d'une pénurie d'assistantes maternelles, la crèche familiale Sucre d'Orge, créée en 1973, fermera ses portes fin août 2025. Une décision prise à contrecoeur par les élus et le centre communal d’action sociale (CCAS) de la Ville qui ont engagé diverses actions pour tenter de maintenir ce service d'accueil auprès de la population. La crèche collective Croq’ Lune, située dans le même bâtiment, restera quant à elle ouverte.

Pénurie d’assistantes maternelles

Lors d’une conférence de presse organisée le 8 février, Christian Dulac, maire de Rumilly et président du CCAS, Astrid Croenne, adjointe en charge de la petite enfance et vice-présidente du CCAS, et Anne Rochas, directrice du CCAS, ont fait part de cette décision «qui n’a pas été prise de gaieté de coeur». La crèche familiale est une structure atypique qui permet à des assistantes maternelles d’accueillir des enfants de moins de 3 ans à leur domicile, tout en bénéficiant d’un lieu collectif, qu’elles partagent avec d’autres professionnelles. Ce mode de garde, à cheval entre l’accueil à domicile et en collectif, se heurte aujourd’hui à une pénurie d’assistantes maternelles. Entre 2009 et 2024, les effectifs de la crèche Sucre d’Orge ont diminué de 81% : En 2009, la structure comptait 47 assistantes maternelles pour 110 places, aujourd’hui elle n’en compte plus que 9 pour 32 places sachant que l’une d’entre elle partira à la retraite dans le courant de l’année.

«Nous sommes face à un problème que nous ne pouvons pas résoudre»

«Nous nous retrouvons au pied du mur. C’est frustrant, c’est un échec, mais nous n’y pouvons rien car nous sommes face à un problème que nous ne pouvons pas résoudre» déplore Christian Dulac. Selon la directrice du CCAS, il y a une double problématique : «La crèche familiale est un modèle qui n’attire plus les assistantes maternelles indépendantes et le métier en lui-même est en perte de vitesse». En France, le nombre d’assistantes maternelles a baissé de 26% entre 2013 et 2022 ; sur le territoire de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, il a baissé de 16% entre 2010 et 2023. Elles étaient 185 en activité contre 155 aujourd’hui.

Des actions de recrutement et d’amélioration du statut qui n’ont pas abouti

Au sein de la crèche Sucre d’Orge, la diminution des effectifs a plusieurs causes : de nombreux départs à la retraite ces dernières années, de nombreux changements de statut pour devenir indépendantes ou encore des changements d’orientation professionnelle.

Des actions de recrutement et d’amélioration du statut (mensualisation, encadrement du temps de travail, communication de grande ampleur auprès des assistantes maternelles du territoire, etc.) ont été effectuées dès 2021 mais n’ont pas abouti. Les postes vacants n’ont pas trouvé de candidates depuis plusieurs années et les effectifs actuels ne sont pas suffisants pour pouvoir maintenir ce service à la population.

«L’annonce de cette fermeture est violente pour tout le monde»

«Nous avons acté la fermeture pour fin août 2025, le but étant de laisser le temps aux professionnelles et aux familles d’anticiper au mieux et de pouvoir se retourner. Nous ne voulons laisser personne dans la nature» explique l’adjointe à la petite enfance. Le maire ajoute que la structure aurait pu fermer en 2024, «ce qui nous aurait permis de faire des économies au vu de nos besoins financiers, mais nous avons privilégié l’humain». Un suivi sera proposé aux huit assistantes maternelles, en lien avec le Relais de la Petite Enfance, pour les accompagner vers le statut d’indépendante, pour les aider à intégrer une crèche collective ou à changer d’activité via un bilan de compétences. «La moitié d’entre elles sont déterminées à se diriger vers un statut d’indépendante et les autres sont toujours en réflexion» informe la directrice du CCAS. Selon l’adjointe à la petite enfance, «toutes sont tristes, et ce qui est touchant, c’est qu’elles ont d’abord pensé aux familles, à leur devenir, notamment celles qui sont le plus en difficulté pour trouver une place. L’annonce de cette fermeture est violente pour tout le monde». Quant à la directrice de la structure, également éducatrice de jeunes enfants, et la secrétaire administrative également chargée d’accueil, un reclassement en interne leur sera proposé selon leurs attentes. «Elles auront un poste assuré». Des solutions alternatives seront proposées aux familles.

Un modèle atypique, très peu répandu en France

Le système des crèches familiales est peu répandu, il ne représente que 2% des places d’accueil en France. La différence entre une crèche familiale et une crèche collective ? «Dans une crèche familiale, les assistantes maternelles reçoivent à la maison et peuvent se rendre à la structure, où des espaces de jeux et d’échanges sont aménagés, pour rencontrer d’autres nounous qui travaillent aussi à leur domicile, sur des temps d’activités communs et en présence d’une éducatrice de jeunes enfants. Dans une crèche collective, des auxiliaires de puériculture s’occupent toute la journée des enfants dans les locaux qui bénéficient de dortoirs, d’une cour, d’espaces plus importants et où ils mangent sur place» explique la directrice du CCAS.

La particularité du modèle des crèches familiales est que l’assistante maternelle n’est pas indépendante mais employée par le CCAS qui gère toute la partie administrative (contrats, accueil des nouvelles familles, fiches de paie, gestion du temps de travail…). La crèche collective Croq’ Lune, qui offre 39 places d’accueil, n’est pas touchée par cette fermeture.

«Il faudrait revaloriser ces métiers-là»

Au-delà du fonctionnement atypique des crèches familiales, une crise du recrutement des assistantes maternelles est observée au niveau national et sur le territoire de Rumilly, tout comme l’ensemble des métiers du soin et de l’accompagnement. Selon les trois intervenants, le statut d’indépendante «peut parfois être plus attractif pour les assistantes maternelles qui peuvent fixer librement leurs tarifs et la proximité de Rumilly avec la Suisse est également un facteur aggravant qui vient concurrencer le modèle», avant de conclure : «Il faudrait revaloriser ces métiers-là».

 

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