La Facim souffle les 20 bougies de ses Rencontres littéraires
Deux décennies de Rencontres littéraires, cela se fête et la Facim (Fondation pour l’action culturelle internationale en montagne) n’allait pas s’en priver. Reconnue d’utilité publique, cette dernière oeuvre pour la connaissance et la valorisation du patrimoine et de la culture en Savoie Mont-Blanc et instaure un dialogue entre ce territoire et des créateurs contemporains, écrivains et artistes. Elle propose des visites et activités de découverte des patrimoines, des rendez-vous artistiques, des événements littéraires et publie des livres dans diverses collections.
Un idéal d’ouverture,
dialogue et partage
Pour ce 20e anniversaire, les Rencontres littéraires mettront encore une fois à l’honneur un idéal d’ouverture, de dialogue et de partage. Partage des genres, car la création littéraire se nourrit plus que jamais d’autres pratiques et expériences artistiques : arts plastiques, musique, performance, photographie, etc. Dialogue des identités, puisque les écritures contemporaines s’interrogent inévitablement sur les frontières de l’un et de l’autre, du féminin et du masculin, du local et de l’universel. Ouverture à l’étranger, du fait tout naturel de se retrouver dans un extraordinaire lieu-carrefour, à la croisée des panoramas, des langues, des cultures. Savoie Mont-Blanc est un espace privilégié pour penser ce passage multiple des frontières, et pour cela les Rencontres ont toujours fait honneur à leur nom : elles font se rejoindre des personnalités et des paysages, des expériences passées et des pratiques d’aujourd’hui, dans un esprit qui se doit de souffler, au-delà des journées de septembre, sur l’ensemble de la Saison littéraire.
Des invités
de renom accueillis
Cinq invités seront au rendez-vous. Bertrand Belin tout d’abord, auteur, compositeur et interprète de 6 albums solo, à la voix grave et lente, douce et entêtante, qui se refuse aux grands effets, cherchant à donner toujours plus de relief et de résonance possibles aux mots et dont les musiques oscillent avec élégance entre le folk et rock. Compositeur pour d’autres artistes, pour des spectacles ou des films, il est également comédien de théâtre et de cinéma. En tant qu’écrivain, il a publié chez P.O.L. les romans «Requin» (2015), «Littoral» (2016) et «Grands carnivores» (2019) et un recueil de fragments en prose «Vrac» (2020). Grégory Buchert sera le second visage masculin de ses Rencontres littéraires. Après une formation en arts visuels, il a créé pendant 10 ans des oeuvres principalement sous forme de vidéos et performances, riches de références et d’enjeux littéraires (Enrique Vila-Matas, Georges Perec ou Italo Calvino). Fort de cette expérience, il postula en 2016 à une résidence au centre d’art contemporain la Maison des Arts de Malakoff, avec pour projet artistique la tenue d’un journal intime. Ainsi naquit son premier roman nourri d’images, «Malakoff» (Verticales, 2020), prix du Salon du livre de Chaumont et accueilli par une presse très enthousiaste. La Facim l’a reçu en résidence d’écriture de mars à juin 2021. Autre invitée attendue, la philosophe de formation, traductrice et essayiste Hélène Frappat, qui est aussi autrice de fictions radiophoniques et critique de cinéma. En tant que romancière, elle a notamment publié «Par effraction» (Allia, 2009), prix Wepler-Fondation La Poste et aux éditions Actes Sud «Inverno» (2011), «Le dernier fleuve» (2019) et «Le mont Fuji n’existe pas» (2021). À travers ces textes singuliers, Hélène Frappat explore les mystères de la mémoire et la magie de l’expérience humaine. Le rendez-vous sera par ailleurs marqué par la venue de Douna Loup, autrice franco-suisse, qui est entrée en littérature en 2010 avec un récit de vie, une pièce de théâtre très remarquée et un premier roman, «L’embrasure» (Mercure de France), récompensé par plusieurs prix. Ont suivi chez le même éditeur «Les lignes de ta paume» en 2012 et «L’oragé» en 2015, salués également par diverses distinctions. En 2019, elle a publié «Déployer» (Zoé) et au printemps 2021 «Les printemps sauvages» chez Zoé et «L’affaire clitoris», une bande dessinée en collaboration avec Justine Saint-Lo chez Marabout. Toute son œuvre est une ode solaire à la nature et à la liberté qu’elle met en scène par des lectures-performances. Enfin pour compléter la liste des invités, on retrouve Lydie Salvayre, fille d’exilés espagnols ayant fui le franquisme, réfugiés en France avant sa naissance.
Après une licence de lettres modernes et un certificat de littérature espagnole, elle devint pédopsychiatre et exerça pendant 15 ans. Son premier roman, «La déclaration» (Julliard, 1990), fut salué par la presse, «BW» (Seuil, 2009) reçut le prix Billetdoux et «Pas pleurer» (Seuil, 2014) le prix Goncourt. Ses livres ont été traduits dans une vingtaine de langues, certains ayant également fait l’objet d’adaptations théâtrales. En 2019, elle a publié «Marcher jusqu’au soir» (Stock) dans la collection «Une nuit au musée», une médiation inspirée de «L’homme qui marche» de Giacometti. En août 2021 sont sortis «Famille» (Tristram) et «Rêver debout» (Seuil), deux récits où l’on retrouve la voix si particulière de Lydie Salvayre, drôle, énergique, engagée, qui sait transformer la colère en littérature.
Programme des 3 jours de festivités
En ouverture de cette 20e édition des Rencontres littéraires le vendredi 10 septembre à 18h30 au salon Raphaël du Casino Grand Cercle, la remise du prix «Paysages écrits» (accompagné d’une dotation de 3 000€), nouveau prix littéraire de la Fondation Facim récompensant un livre dont l’une des caractéristiques est d’écrire le paysage, c’est-à-dire de décrire le lien qui unit l’acte créateur à l’environnement dont il procède, explicitement ou non, qu’il s’agisse de la montagne ou de tout autre lieu, réel ou imaginaire. Le lauréat, choisi parmi 10 prétendants, ne sera autre que Bruno Pellegrino pour son roman Dans la ville provisoire (Zoé, 2021). Le jury a choisi de récompenser ce jeune auteur suisse pour son bref et très beau roman qui réinvente le paysage de Venise sans jamais citer le nom de cette ville «provisoire». Celle-ci devient une sorte d’espace initiatique, à rebours des clichés : le lieu d’une quête intime et littéraire, où s’éprouve dans un style limpide une sorte de météorologie de l’âme, à la fois contemporaine et totalement intemporelle. À 20h30, une lecture musicale sera ensuite proposée par Bertrand Belin (durée 1h30). Le samedi 11 septembre, un café d’accueil sera servi à 9h à l’embarcadère du Grand Port d’Aix-les-Bains avant le départ à 9h30 pour le Prieuré du Bourget-du-Lac. La traversée du lac du Bourget se fera au rythme des lectures des auteurs invités puis une fois à terre, une promenade littéraire conduira les participants jusqu’au Prieuré. À 12h30, ce sera l’heure d’un apéritif contemplatif suivi d’un déjeuner libre. À 14h30, place à la sieste littéraire «Vivantes !» par Louvaïna avec une lecture musicale de l’autrice performeuse Douna Loup et de la musicienne Carole Martinière. À 16h est programmée la table ronde «Pour une littérature sans frontières ?». Une réflexion sur les écrivains contemporains sortant volontiers du strict territoire littéraire pour nourrir leurs livres d’autres expériences artistiques : musicales, plastiques, cinématographiques… Est-ce à dire que les frontières entre les arts se sont aujourd’hui estompées ? La définition même de la littérature s’en trouve-t-elle bouleversée ? À 17h30, un temps de dédicaces d’une heure sera proposé, précédent le retour en bateau à Aix-les-Bains (durée 30 minutes). Pour la dernière journée, le dimanche 12 septembre, il faudra prendre à 10h30 la direction du parc floral des Thermes pour prendre part au brunch littéraire qui réunira dans une ambiance conviviale l’ensemble des auteurs.