La gratuité, on s’habitue…

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Eh ben dis donc ! Si le monde d’après est à l’image de celui de ces derniers jours, il y a du souci à se faire… Entre les derniers effets du déconfinement, les alertes de redémarrage de l’épidémie, les manifs monstres contre le racisme, celles pour soutenir les soignant(e)s, ou les bagarres de rue de Dijon, c’est à se demander si on n’était mieux avant, cloitré(e)s dans nos maisons et appartements…

Bon, j’exagère. C’est sûr, quand le monde se réveille, c’est un peu comme quand moi je me réveille. C’est grincheux ! Mais ça réfléchit ! Enfin, un peu… Et ça repart de plus belle.
Quand je dis que ça repart, je frise l’optimisme béat Parce que ça ne repart pas vraiment pour tout le monde pareil. Et pour certain(e)s, ça ne repart pas vraiment bien du tout. 

Un exemple ! Parmi toutes mes relations, je me flatte (enfin, je n’ai aucun mérite) de fréquenter quelques artistes. Des musicien(ne)s, chanteurs et chanteuses surtout, et quelques acteurs de théâtre. Pas des stars, évidemment, mais des gens qui tentent, modestement, de vivre de leur art sans faire appel de trop aux aides publiques. Pas facile tous les jours. 
Mes amis, ces derniers mois, n’ont évidemment pas travaillé. Pas de quoi faire pleurer, la plupart bénéficient du statut d’intermittent du spectacle qui leur permet de conserver un revenu minimum. 

Aujourd’hui, on repart très lentement. Mais seulement en « petites formes » : des concerts dans de petites structures, avec peu de monde sur scène et dans la salle… Et des budgets limités évidemment.
Mais budget limité ne signifie pas absence de budget. Car, pour la fête de la musique (enfin ce qu’il en reste !), certains d’entre ces artistes professionnels (j’insiste sur ce mot) ont été sollicités pour animer places, bars et restaurants. Bien ! Il faut que tous puissent recommencer à travailler. Mais pas gratuitement, comme on le leur demande. Car, après trois mois de concerts sur écran d’ordinateur, de musique de chambre ou de cuisine ( !), on dirait bien que le public s’est habitué à la gratuité. 

« La musique est notre métier », explique l’une de ces musiciennes invitée à se produire gratuitement avec son groupe pour la fête de la musique, « cela veut dire des frais énormes de matériel, de véhicule, et un travail titanesque en amont et en aval ». C’est vrai ! A la Fête de la bière, on paye son verre. A la Fête du pain, on paye sa brioche. Alors, à la Fête de la musique… 

En fait, l’esprit de cette fête qui dure depuis bientôt 40 ans, c’est effectivement la gratuité et l’amateurisme. Mais ce n’est en rien une occasion d’organiser des concerts de pros payés de bons sentiments. C’est l’occasion, pour les amateurs bons ou mauvais, de se produire – gratuitement, c’est vrai - devant un public. Mais il y a une grande différence entre un groupe de lycéens qui répètent du rock dans le garage des parents et une troupe de musicien(ne)s professionnels dont le revenu dépend du cachet qu’ils recevront.

Je ne sais pas ce qui va se passer ce dimanche pour la Fête de la musique. Elle sera sans doute un peu triste et limitée. Mais, là où elle aura lieu, j’espère pouvoir applaudir de jeunes musiciens qui viendront, pour la première fois, partager leur art naissant. Et qu’ils soient bons ou mauvais, peu importe !
 

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ladymarianne74@orange.fr

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