La majorité municipale face à un réquisitoire

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Les groupes d’opposition ont vivement critiqué l’équipe municipale sur sa gestion financière et son choix de ne pas annoncer de projets d’investissements lors du débat d’orientations budgétaires 2022. La majorité de Renaud Beretti, elle, a tenu à rassurer.

La majorité était attendue au tournant lors du dernier conseil municipal portant sur le débat d’orientations budgétaires (DOB) 2022. L’opposition ne l’a pas épargnée.

Sur la forme, pour commencer. «Un DOB sans orientations budgétaires, c’est du jamais vu. On ne sait pas sur quoi vont porter les 8 M€ d’investissements en 2022. Alors qu’un trimestre budgétaire s’est écoulé, il est scandaleux de ne pas avoir d’orientations», dégaine Christian Pelletier (Aix Naturellement). «Un DOB est censé être un débat. J’y ai vu une collection de chiffres, sans contenu ni priorités», renchérit Daniel Carde (L’Alternative). Il faudra attendre le vote du budget, le mois prochain, pour obtenir le détail des projets.

«Vous naviguez à vue»

Sur le fond, ensuite. Si aucun programme n’a été évoqué, l’adjointe aux finances, Marie-Pierre Montoro-Sadoux, a, en revanche, longuement exposé la situation financière de la Ville et ses projections pour l’avenir. En 2022, malgré des dotations de l’Etat en décroissance continue, les recettes de gestion devraient croître de 6,6% (2,7 M€) grâce à des recettes de fiscalité directe dynamiques et des recettes indirectes, issues du produit des jeux, redressées à 3,2 M€ (+ 1,5 M€). Les droits de mutation devraient aussi se montrer très favorables (3 M€). Les dépenses de gestion devraient progresser elles aussi de 6,7% (2,5 M€). La hausse du prix de l’énergie y contribuerait à hauteur de 700.000€ et les charges de personnel (+5%) à hauteur de 1,2 M€. En 2022, la Ville prévoit 8 M€ de nouveaux investissements auxquels il faut ajouter 4,3 M€ de reports 2021. Voilà pour les projections à court terme.

Christian Pelletier a surtout commenté l’état des finances fin 2021, dénonçant «une situation budgétaire très critique», «une dérive des dépenses de fonctionnement, alors que vous accusez une baisse des dotations de l’Etat et le Covid», « des décisions politiques qui ont privé la Ville de recettes », faisant référence à la baisse du tarif de stationnement «sans concertation». Il a pointé une baisse de l’épargne brute passée de 6,5 M€ en 2019 à 4 M€ en 2021, un déficit de 8,2 M€ entre les dépenses et les recettes 2021. «Comment équilibrer cela ?» Le conseiller d’opposition a insisté sur une capacité de désendettement qui s’allonge (6,2 ans en 2019 contre 9,5 ans en 2021). «Une belle preuve de votre bonne gestion.» Christian Pelletier accusera, pour résumer, la majorité de «naviguer à vue».

«Les indicateurs vont vers le vert»

«Vous n’avez pas de vue sur le pilotage», lui rétorquera le maire, Renaud Beretti, qui, face à ce réquisitoire, a tenu à assurer sa défense. «Il ne faut pas faire comme si on n’avait pas dû affronter la crise sanitaire : l’aide aux entreprises, aux commerces, au stationnement, on l’a choisie. On a dû pallier aussi les défaillances de l’Etat en fabriquant des masques. Sans compter le relogement des services auparavant situés dans les anciens thermes. Vous auriez voulu qu’on augmente les tarifs de stationnement en pleine crise ? Les indicateurs vont vers le vert. Nos dépenses de gestion ont été maîtrisées et continueront à l’être en 2022 malgré la hausse des coûts de l’énergie. Les recettes de gestion sont en hausse et l’épargne brute devrait remonter à 4,3 M€.» Avant de conclure : «Nous sommes perfectibles et nous n’en sommes qu’à la deuxième année de mandat ; il en reste quatre.»

Seul André Gimenez (Aix Autrement) s’est montré clément envers la majorité en saluant son choix de ne pas augmenter les taux d’imposition. «Heureusement, sinon ça aurait été la catastrophe vu que l’Etat a choisi de relever les bases de 3,4%», a-t-il fait observer. «Nous n’avons pas souhaité toucher au seul levier sur lequel nous pouvons jouer, le foncier. D’autres communes l’ont fait. Nous avons préféré baisser les dépenses de fonctionnement pour continuer à investir», a justifié le maire.

 

 

«La brigade de sûreté augmente la masse salariale, mais je l’assume»

Autre pierre d’achoppement : les charges de personnel, qui devraient gonfler de 5% en 2022 (+ 1,2 M€), s’établissant à 25,5 M€ (elles étaient à 22,3 M€ en 2019). « Nous avons pointé à plusieurs reprises l’augmentation inconsidérée de la masse salariale», évoque Christian Pelletier qui ajoute que cette hausse ne compense pas les départs à la retraite. «Vous avez préféré investir massivement dans la sécurité», estime l’élu d’opposition.

Le 4e adjoint, Thibaut Guigue, a tenu à décortiquer ces surcoûts, liés à des décisions de l’Etat : la hausse du Smic (100.000€), des échelles de rémunération des agents de catégorie C (500.000€), l’indemnité inflation (50.000€), l’évolution des taux de cotisation (50.000€) auxquels il faut ajouter 500.000€ de glissement vieillesse technicité.

Renaud Beretti s’est, lui, justifié sur les dépenses liées à la création de la brigade de sûreté nocturne de la police municipale. «C’était un engagement électoral. L’Etat ne nous dote pas assez de policiers. Oui, ça augmente la masse salariale, mais je l’assume. C’est une fierté, une volonté politique.» Cette brigade, en fonction depuis mai 2021, a procédé à 120 interpellations, 600 contrôles routiers, 700 verbalisations et a traité 400 appels.

 

Marie-France Sarrazin

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