La nouvelle vie à 100 à l’heure de Marina Ferrari
L'heure de la rentrée a sonné pour la nouvelle députée de la première circonscription de la Savoie, Marina Ferrari. Et l'ambiance dans l'hémicycle ne semble pas si éloignée de celle des cours d'école... L'élue de la majorité présidentielle revient sur ses premiers pas de députée et sur les chantiers qui l'attendent.
Fraîchement élue sur les bancs de l'Assemblée nationale, Marina Ferrari vit aujourd'hui à 100 à l'heure, entre Paris et la première circonscription de la Savoie et prévient d'ailleurs qu'elle sera très peu sur le territoire jusqu'à fin novembre, accaparée par les dossiers de la rentrée.
Sitôt élue, la députée MoDem de la majorité présidentielle a très vite plongé dans le grand bain. Elle a été élue, selon ses souhaits, secrétaire de la commission des finances et travaille actuellement sur un rapport sur les collectivités territoriales, avant de s'attaquer au projet de loi de finances. Marina Ferrari endosse aussi le rôle de secrétaire générale adjointe du MoDem et porte-parole du groupe MoDem à l'Assemblée nationale.
L'élue savoyarde a intégré une Assemblée inédite, que l'on croirait élue à la proportionnelle, qui impose à la majorité relative la culture du compromis. Tâche loin d'être facile dans une ambiance survoltée qui laisse Mme Ferrari médusée. Elle dénonce «le rôle que jouent certains pour ralentir le travail parlementaire», cette «extrême gauche qui cherche le buzz», «dans la tentation de bordéliser la société». «On peut être militant sans être dans l'outrance», tranche-t-elle. Et promet à son tour de «montrer les dents».
Malgré ce contexte chahuté, des dossiers ont toutefois avancé tandis que d'autres se profilent. Tour d'horizon.
Crise des énergies
Le pouvoir d'achat figurait parmi les dossiers prioritaires, et son corollaire, la flambée des prix de l'énergie, conséquence de la guerre en Ukraine : «J'ai voté toutes les mesures sans état d'âme, y compris la mise en oeuvre du terminal méthanier flottant au Havre. Si on veut approvisionner la France en gaz, il faut agir aujourd'hui pour les 20 ans à venir, ce qui n'est pas incompatible avec le développement des énergies renouvelables.» L'été a mis l'accent sur la fragilité de la ressource en eau. «Il faudra que l'on réfléchisse à des retenues collinaires pour le maintien de nos populations et nos agriculteurs», considère-t-elle.
A très court terme, une menace pèse sur les industries et sur les professionnels du tourisme en proie aux augmentations faramineuses des coûts de l'électricité. «Des stations de moyenne montagne annoncent qu'elles pourraient fermer leur domaine, n'arrivant pas à assumer le coût de l'énergie. Des hôteliers voient le prix de leur abonnement multiplié par 10, 50, 60 et se demandent s'ils vont ouvrir leur hôtel. Nous travaillons avec le ministère de l'Economie et des Finances pour étudier quelles aides mettre en place. Nous souhaiterions éviter de repartir sur des mesures de chômage partiel et privilégier le soutien à l'achat d'énergie.»
Dette publique
Avec une croissance remontée à 2,5%, la députée estime que «notre économie tourne plutôt pas mal dans un contexte très dégradé». «Le quoi qu'il en coûte a creusé le déficit français, mais il fallait le faire. Pour redresser les comptes publics, notre philosophie vise le plein emploi, qui nous amène des recettes fiscales.» L'Etat continuera son soutien en 2023, tout en gardant un oeil sur le déficit. Après quoi, il s'agit de contenir les dépenses de l'Etat et des collectivités territoriales pour revenir d'ici 2027 aux critères de stabilité européens.
Difficultés de recrutement
La crise sanitaire a rebattu les cartes et déstabilisé le marché de l'emploi. «Les difficultés de recrutement sont là, et pourtant, nous ne sommes pas au plein emploi», constate Marina Ferrari. Pour elle, l'outil n'est plus adapté et il faut réformer Pôle Emploi... et s'attaquer à l'assurance chômage. «Je m'interroge sur la durée d'indemnisation. On pourrait mettre en place des règles variables : baisser le temps d'indemnisation quand il y a une grande tension sur le marché du travail», propose-t-elle.
Mission flash sur les super profits
Marina Ferrari fait partie de la mission parlementaire flash sur les super profits, voulue par LFI, portant sur les industries pétrolières, gazières et de transport maritime. «J'ai une position de centriste : je comprends et vois d'un oeil favorable l'idée de taxer les super profits. Mais avant de prendre une telle décision, je veux une vision complète. Comment sont réalisés ces super profits ? Où ? Sur quelle activité ? Des impôts ont-ils été payés dessus ? Où ont-ils été payés ? Comment sont-ils utilisés ? Que touchent les actionnaires ? Qui sont les actionnaires ? Comment ils sont investis et où ? Des emplois ont-ils été créés ou détruits ?» Les conclusions sont attendues début octobre.
Les oubliés du Ségur
Depuis le printemps, les salariés de l'Ehpad d'Entrelacs, Au Fil du temps, géré par l'ADMR, réclamaient leur dû, les 183€ mensuels amputés de leur revenu. La prime Ségur, revalorisant les salaires des personnels des Ehpad, leur échappant. «J'ai déposé un amendement sur l'aide à domicile en milieu rural, qui concerne les oubliés du Ségur. Et il y en a encore d'autres. Le Ségur était d'abord destiné au personnel hospitalier, puis s'est étendu aux personnels de soins en général. Dans ces dispositifs, il y a toujours des cas particuliers, des oubliés. J'ai beaucoup travaillé avec le président de l'ADMR d'Entrelacs, Dominique Clément. Il y avait une toute petite partie, un millier d'agents en France, des personnels des ADMR, qui n'étaient pas couverts par le Ségur. J'ai déposé cet amendement et ils le seront désormais. J'ai, depuis, d'autres sollicitations...»
Le Lyon-Turin
La plupart des élus savoyards nourrissent une inquiétude en ce moment au sujet du Lyon-Turin. «La Commission européenne, qui finance 50% du projet, nous reproche de ne pas avancer assez vite.» Si la question n'est pas tranchée d'ici la fin de l'année, les financements européens pourraient s'envoler et il faudrait attendre 2027 pour les solliciter de nouveau. Le projet a pris du retard du fait de la question des accès au tunnel. «Il faut que l'Etat se positionne clairement sur le sujet.» Un sujet crucial tant pour le fret que pour les mobilités du quotidien, qui seront améliorées. «Les élus locaux ont retenu le tracé grand gabarit, mais il coûte 6 milliards de plus. Il faut que les collectivités territoriales redisent à l'Etat leur engagement et que l'Etat prenne vite sa décision. J'ai interpellé le ministre en charge des Transports, Clément Beaune, qui avait l'air de vouloir bouger les choses. Tous les parlementaires savoyards, sauf un (le député LFI Jean-François Coulomme, NDLR), maintiennent l'attention du gouvernement sur ce dossier.»