La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet à Tefal, une visite qui cristallise des tensions

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Sophie Binet entourée des représentants de la CGT à Tefal.

Sophie Binet entourée des représentants de la CGT à Tefal. - Photo : Alexis Fernandez 

Ce jeudi 4 septembre, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT s'est rendue à Rumilly pour rencontrer les salariés de Tefal et échanger sur leurs conditions de travail. 

"Il ne faut pas opposer emploi et environnement", expliquait Sophie Binet lors de la conférence de presse organisée à Rumilly ce jeudi 4 septembre. Venu échanger avec les employés de Tefal sur leurs conditions de travail, la secrétaire générale de la CGT a voulu clarifier sa position d'emblée. "C'est parce que la CGT défend l'emploi industriel et la réindustrialisation du pays que nous pensons indispensable d'anticiper", indiquait-elle. En ligne de mire notamment : le sujet des PFAS, polluants éternels que les salariés ont pu être amenés à manipuler.

Les PFAS inquiètent

Face à ce danger connu par le grand public depuis seulement quelques années, la secrétaire générale a réaffirmé la position de la CGT sur le sujet. "On ne peut pas prétendre maintenir l'emploi sans traiter la question environnementale", lançait-t-elle. "Il faut arrêter de faire l'autruche et de mettre un tabou sur les études scientifiques qui démontrent la toxicité d'un certain nombre de procédés et de composants, mais justement faire la transparence", poursuit la secrétaire générale.

Une volonté qui a pour but de se tourner vers l'avenir. "À partir de cette transparence, il faut anticiper pour pouvoir trouver des alternatives et développer des composants de substitution pour transformer les modes de production, former les salariés et transformer les usines pour maintenir les savoir-faire et la production ici", détaille Sophie Binet. Elle craint qu'un manque de prévoyance permette à d'autres pays de prendre le leadership sur la production de poêles, au même titre que dans d'autres secteurs d'activité.

"Du jour au lendemain, on a dit au secteur de l'automobile que le diesel c'était fini et qu'il fallait passer à l'électrique. Résultat, la France, qui était la championne de l'automobile, est maintenant devancée par la Chine", compare Sophie Binet. Elle souhaite donc que de nouvelles solutions émergent et qu'une réflexion soit initiée en ce sens. "Les poêles existaient avant le téflon, donc on sait fabriquer des poêles en inox ou en céramique et c'est ça qu'il faut développer pour que ce soit produit en France et que notre industrie soit préservée", explique la secrétaire générale.

Des conditions de travail pointées du doigt

Au-delà de l'aspect environnemental, les salariés de Tefal syndiqués à la CGT regrettent des conditions de travail qui se détériorent. "Nous avons environ 80 salariés par an qui quittent l'entreprise et en 8 ans nous avons perdu plus de 300 emplois", témoignait l'une des représentantes du syndicat dans l'entreprise.

Des pertes qui ne sont pas toujours remplacées, d'après plusieurs représentants de la CGT. La perte de compétences, du stress et le mal-être au travail ont été évoqués. "Il est inadmissible que notre travail nous rende malade. La CGT refuse que la santé des travailleuses et des travailleurs soit sacrifiée au nom de la rentabilité", affirmait Catherine Canal, la secrétaire CGT Tefal.

Dans l'entreprise, ils sont de plus en plus nombreux à s'inquiéter des dangers des PFAS. "On ne peut plus faire semblant de ne pas savoir. Il est temps de poser les bonnes questions", poursuivait la secrétaire CGT Tefal. Les travailleurs de la CGT demandent ainsi "de la transparence sur la liste des PFAS utilisés par Tefal, des prises de sang faites aux salariés et la reconnaissance des risques sur la santé des travailleurs et des travailleuses".

Un accueil hostile et des tensions

La visite de Sophie Binet n'a pas manqué de faire réagir du côté de la direction de Tefal. Seules quelques personnes ont pu l'accompagner pour visiter l'entreprise, alors que la réunion avec les employés n'a pas pu se tenir dans les locaux de l'entreprise suite à un refus. "C'est la première fois que j'ai le droit à un tel accueil", a ironisé Sophie Binet. Cathy Pianon, la directrice de communication du groupe, s'est défendue en disant être "ouverte au dialogue social".

Elle a d'ailleurs interrompu la réunion organisée par le syndicat pour défendre le positionnement de l'entreprise. "Nous avons abandonné des PFAS jugés sensibles en 2012. Aujourd'hui, on travaille avec le PTFE qui est un matériau inerte utilisé dans de nombreuses applications au quotidien, dont le médical", insistait-elle. "Tefal est un industriel responsable qui a toujours respecté les lois et qui est extrêmement soucieux de la sécurité de ses salariés et de ses consommateurs", s'est encore défendue la responsable de communication.

Un discours qui n'a pas séduit les représentants de la CGT qui ont d'ailleurs appelé à la grève. "Je suis là également pour préparer les mobilisations qui s'annoncent pour les 15 prochains jours puisque l'heure est à la mobilisation. Nous constatons qu'il y a une forte dynamique sur les terrains avec des personnes qui veulent se mobiliser. Ce n'est plus possible que ce soit tout le temps les travailleurs et travailleuses qui soient sommés de passer à la caisse", a annoncé Sophie Binet.

À l'échelle nationale, des mobilisations se tiendront dès le 18 septembre à l'appel de plusieurs syndicats dont la CGT. Avant cela, une autre vaste mobilisation se tiendra le 10 septembre à l'initiative de "Bloquons tout", un collectif sans affiliation politique ou syndicale.

Sophie Binet était à Rumilly ce jeudi 4 septembre. - Photo : Alexis Fernandez 
Sophie Binet était à Rumilly ce jeudi 4 septembre. - Photo : Alexis Fernandez 
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