La situation financière force à revoir le plan pluriannuel d’investissement
Avec des dépenses qui évoluent plus vite que les recettes, situation expliquée en grande partie par un contexte économique inflationniste, Grand Lac va devoir revoir ses investissements. Certains projets figurant au plan pluriannuel d'investissement seront repensés, recalibrés ou reportés.
Le mot « sobriété » n'aura jamais autant été employé qu'en 2022. Il semblerait qu'il le soit d'autant plus en 2023. Au fil des années, les collectivités possèdent de moins en moins de marges de manœuvre pour investir, aménager le territoire, contraintes de devoir toujours plus se serrer la ceinture. Pour rappel, les investissements de Grand Lac sont passés de 41 M€ en 2019 et 2020, à 15,6 millions en 2020 et devraient atteindre 10 M€ en 2022...
Ralentissement de l'économie, ruptures d'approvisionnement, envol des prix des matières premières et de l'énergie, surchauffe des marchés financiers, tensions sociales, conflits internationaux, manque de repères quant à la loi de finances 2023 et prêts plus difficiles à obtenir : l'ambiance n'est pas à la fête. « Ce contexte s'installe durablement. On a rarement vécu une période d'aussi grande instabilité sur les orientations, avec un projet de loi de finances 2023 amené à largement évoluer », commente Olivier Rognard, vice-président de Grand Lac chargé des finances, qui a longuement pris la parole lors du débat d'orientations budgétaires 2023 au conseil communautaire.
Le président de l'agglomération, Renaud Beretti, résumera très bien la situation. « C'est dur de se projeter, nos recettes étant plombées par ces incertitudes. La seule certitude, c'est l'augmentation des prix. » Le tarif du gaz a été multiplié par deux depuis le mois de septembre et les marchés de services comme le gardiennage ou le ménage ont pris jusqu'à 20 points. « On demande aux services de restreindre leurs dépenses malgré le contexte », signale Olivier Rognard. La progression des charges de personnel pèsent aussi lourd sur le budget. Un fait que ne manque pas de souligner le maire de Brison-Saint-Innocent, Jean-Claude Croze. Renaud Beretti estime, pour sa part, que le renforcement des équipes était nécessaire, tout comme les revalorisations de salaire. « Ce n'est pas un secret. Certains agents ont du mal à assurer leurs fins de mois. »
Jean-Claude Croze s'inquiète surtout de « la poursuite de la fonte de notre épargne brute » et d'une capacité de désendettement passant de 4,7 ans en 2021 à 5,9 ans en 2022. « On aura du mal à investir à terme », prédit-il.
Les perspectives d'évolution pour 2023 tablent sur des dépenses (+ 3 M€) qui augmentent plus que les recettes (+ 2 M€). Cette situation incite à la prudence. « L'objectif de dépenses d'équipement qui paraîtrait raisonnable serait de 15 M€ plus les reports », conclut Olivier Rognard. Renaud Beretti annonce la nécessité de réviser le plan pluriannuel d'investissement vu la conjoncture, en se requestionnant sur les priorités, les urgences et les montants. « Il ne faudrait pas que l'on coupe le PPI sur les mobilités et le développement durable », intime Bernard Gelloz, maire de Saint-Offenge. « Bien sûr que si, on y touchera, dans des proportions qui respectent nos engagements. Il y a des projets à repenser, à recalibrer, à reporter », rétorque le président.
4,8 M€ pour développer les réseaux de chaleur
Grand Lac et le Syndicat mixte de l'Avant-pays savoyard ont signé avec l'Ademe un contrat de chaleur renouvelable pour permettre d'accompagner les projets situés en dessous du seuil d'éligibilité du fonds chaleur. Il en résulte, notamment, une enveloppe de 4,8 M€ sur trois ans pour les porteurs de projet, qui doivent disposer d'un numéro de Siret. « Peut rentrer dans le dispositif tout le monde, sauf les particuliers », résume Marie-Claire Barbier, vice-présidente en charge de la transition énergétique. Elle annonce déjà quelques gros projets, comme les réseaux de chaleur d'Entrelacs, du Bourget-du-Lac et de Grésy-sur-Aix.