La ville rattrapée par son histoire

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Cela aurait dû être une simple formalité ! Juste pour vérifier…
La semaine dernière, des archéologues du Centre archéologique de Bron sont intervenus sur le site du futur jardin qui doit être réalisé au centre ville, entre la rue Charles de Gaulle et la rue du Collège. Pour une opération d’archéologie préventive. C’est-à-dire pour vérifier que, sur un site chargé d’histoire, les travaux d’aménagement ou de construction prévus ne conduisent pas à la disparition d’un patrimoine archéologique. L’objectif n’étant pas d’empêcher la réalisation d’un projet mais de le faire en respectant au maximum les vestiges que renferme le site.
La maison et le clos «Armand» (du nom de ses derniers propriétaires) doivent être le lieu de la réalisation du futur jardin de centre ville que la municipalité veut installer. Un jardin qui se voudra ouvert à tous, rassembleur. Un «poumon vert» pour redonner de l’intérêt à un secteur trop ignoré des rumilliens malgré les efforts des riverains. Les travaux sont prévus pour cet automne, si tout se passe comme prévu.
Si… Car après l’abattage des arbres du parc et le désamiantage de la maison, on n’attend plus que l’accord de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) et de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) pour commencer la démolition du bâtiment ancien et l’aménagement du jardin.
Et il se pourrait que cet accord tarde à arriver. Car les recherches n’ont pas été vaines… 

Datés de la Renaissance
Dans le parc, les sondages n’ont rien donné. Avec l’aide d’une pelle mécanique, les archéologues ont procédé par échantillonnage en creusant sur une profondeur relative en plusieurs endroits du jardin. Ils n’ont trouvé, semble-t-il, que des remblais qui témoignent en tout cas des transformations successives du lieu. 
Par contre, dans la maison, les recherches ont été couronnées de succès. Et de nombreux vestiges témoignent d’une ancienneté remarquable de cette bâtisse qui semble avoir été là de toute éternité.
Sans aller jusqu’à l’éternité, les éléments mis au jour dateraient de la Renaissance. En particulier une cheminée dont les archéologues situent la construction au XVIème siècle au vu des techniques employées. Et des ouvertures, dont des fenêtres à meneaux sur la façade nord, murées lors des différents aménagements de la maison. Meneaux dont on retrouve des traces sur la façade sud et qui pourraient témoigner de la présence d’une large verrière (vitraux ?) à cet endroit. Il semble, au vu des restes de l’encadrement d’une porte, que la partie qui longe la rue Charles de Gaulle ait été rapportée. 
D’autres éléments de l’intérieur seraient dignes d’intérêt selon les archéologues. En particulier des vestiges de fresques et autres peintures murales aujourd’hui recouvertes par les enduits et plâtres que les habitants successifs de la maison ont réalisés. Des supports de pierre témoignent de méthodes de construction caractéristiques de l’époque. Un passage sous la maison, totalement voûté, permet d’accéder au jardin et son pigeonnier.
Découvert, également un cadran solaire qui reste à dater avec précision. Et, à différents endroits, on trouve des inscriptions gravées dans la pierre. Dont certaines à caractère religieux, semble-t-il.

Témoins de l’Histoire
Ce ne sont que quelques éléments que les premières recherches d’archéologie préventive ont permis de découvrir. Pour le moment, les deux archéologues qui ont conduit ce chantier vont rédiger un rapport détaillé sur ce qu’ils ont constaté. Un rapport qui sera examiné par les responsables de l’INRAP dont la mission sera de déterminer si, au vu de ces premières constatations, il convient d’aller plus loin pour tenter de découvrir et de préserver d’autres éléments qui, permettraient de mieux connaitre le passé du centre historique de Rumilly. Ou si, peut-être après avoir démonté et sauvegardé quelques vestiges, on peut procéder à la démolition du bâtiment.
On peut tout de même, sans présager des décisions de l’institution, penser que, même dans le cadre d’un jardin public ouvert à tous, ces témoins historiques pourraient être conservés en partie. En particulier les façades nord et sud. A voir comment elles pourraient être dégagées et mises en valeur, ce qui ne manquerait évidemment pas de modifier le projet actuel. Cela pourrait être une façon de redonner un peu de sa superbe au centre ancien de Rumilly qui, il faut bien le dire, a perdu, au fil des siècles, beaucoup de sa superbe…
Bien sûr, tout cela est soumis à quelques nécessités. Nécessités budgétaires d’abord, dans le cadre d’une réalisation municipale qui, même si, selon une parole devenue célèbre du maire Pierre Béchet, elle «n’a pas de prix», doit s’inscrire dans un cadre financier contraint. Nécessités administratives surtout, que les historiens et autres spécialistes devront définir. 
Du côté de l’INRAP, la réponse devrait arriver dans le courant du mois de septembre. En attendant, les pelles mécaniques resteront au dépôt. 
Les premiers travaux, pour le désamiantage, ont déjà causé des dégâts à l’intérieur du bâtiment. Au moins pourra-t-on, peut-être, garder quelques témoins du passé prestigieux de cette bâtisse.
 

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