L’aboutissement d’un « projet ambitieux »
Fleuron de la gastronomie seysselane au siècle dernier où il était fréquenté par des têtes couronnées, de hauts responsables politiques ou encore des artistes renommés, sans oublier les nombreux touristes étrangers, comme en attestent les livres d'or, recueils de grandes signatures, des exploitants successifs (Mme Charvin, puis le chef Herbelot à partir de 1965), l'Hôtel du Rhône, qui avait acquis une belle notoriété jusqu'à 2 étoiles au guide Michelin, a perdu ensuite petit à petit de son lustre au fil des ans et des repreneurs...jusqu'au dépôt de bilan en 2007.
La municipalité d'alors s'était portée acquéreur auprès du liquidateur pour un montant de 150.000€ : s'en suivirent quelques gérances "éphémères" sans vrais lendemains !
Un objectif de mandat
La nouvelle municipalité en place en 2014, conduite par le regretté Jean-Paul Granchamp, fit alors de cette réouverture un des principaux objectifs de mandat.
Depuis les premières réflexions relatives à ce projet jusqu'à la réouverture de l'établissement, cinq années se seront écoulées avec quelques surprises en route.
Aussi samedi, à l'heure de l'inauguration en présence des conseillers départementaux Annie Meuriau et Philippe Emin, de plusieurs maires et représentants des communes alentours, du cabinet Michel Desvallées et son équipe, des entreprises concernées ainsi que de Mme Josette Herbelot, venue spécialement de Tain L'Hermitage, la satisfaction et une légitime fierté étaient de mise au sein du conseil municipal, notamment pour les principaux acteurs de ce dossier et bien sûr pour le maire Michel Botteri : «Il n'y a pas de plaisir sans efforts. Aussi ce soir nous avons le plaisir d'inaugurer l'Hôtel du Rhône... qui nous a demandé beaucoup d'efforts!» commenta le maire avant de retracer brièvement l'historique de l'établissement rappelé en introduction.
Puis il évoqua la genèse de cette restauration. D'un avant projet avec une première estimation à 700 000€, le coût final, hors honoraires, s'est élevé à 1.427.000€HT «c'était le prix à payer pour avoir un bâtiment répondant à toutes les réglementations» souligna l'élu.
En effet, les planchers et la toiture qui devaient être conservés, durent finalement être remplacés, les divers sondages ayant révélé une structure en très mauvais état, d'où la création de dalles avec des éléments béton à l'intérieur pour les soutenir «en somme, une deuxième structure à l'intérieur des vieux murs» précisa encore le maire.
Une autre surprise, et de taille, allait encore se faire jour avec une faiblesse de la portance découverte suite à des sondages du sol, d'où la nécessité de fondations implantées avec des micro pieux descendant à 16m : 58 pieux pour un montant de 143 000€.
Le maire donna alors la parole à l'architecte Michel Desvallées pour une explication plus technique sur le déroulement du chantier, agrémentée de diapositives, "un chantier difficile, mais passionnant avec un volume central complètement vide tel une dent creuse".
La réalisation d'un bâtiment est "un travail d'équipe", aussi l'architecte ne manqua pas de présenter les professionnels qui l'entourent et les entreprises intervenantes, "des entreprises de la région avec un vrai savoir-faire".
Une belle réalisation
Ce projet a pu voir le jour grâce à diverses subventions : 440 000€ du FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) ; 70.000€ de la région Auvergne Rhône Alpes au titre de l'hébergement ; 61.673€ du CDRA (Contrat de Développement Rhône et Alpes Usses et Bornes), 37 260€ du département de l'Ain au titre du tourisme ; enfin 29.461€ du FISAC (Fonds d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce) : soit un total de 642 394€.
Après des remerciements, le maire poursuivit : «Ce projet était ambitieux ! Il est réussi et nous en sommes fiers pour notre Pays de Seyssel. Mais ce projet appartient à vous, habitants de Seyssel, soyez en fiers aussi».
Comme chaque invité put en juger lors de la visite, l'ensemble est très réussi et fort agréable. Le restaurant, baptisé "Le rive droite", comprend une salle de 60 couverts ainsi qu'une petite salle attenante (avec séparation amovible) de 16 couverts qui servira aussi pour les petits déjeuners ainsi que de salle de séminaires.
Pour ce qui est de l'hôtel, la réception se situe sur l'arrière du bâtiment (côté place de l'église) offrant ainsi un accès de plein pied aux personnes à mobilité réduite avec ascenseur desservant les étages : au premier la salle de restaurant, puis les deux niveaux où l'on retrouve douze chambres spacieuses et lumineuses dont plus de la moitié avec balcon et vue sur le Rhône.
Choix du gérant
A écouter M. le maire, le choix du gérant fut également pas simple car au départ les auditions des futurs partenaires furent des plus "épiques" en passant par "le pizzaïolo mexicain, l'ancien chef cuisinier d'un ex président d'Afrique... ou encore celui qui dit qu'il versera son droit d'entrée à la lecture de son bilan" commenta avec humour l'élu avant de poursuivre : «Heureusement une dernière parution dans une revue spécialisée nous a permis de recevoir la famille Monclerc. Votre enthousiasme, votre investissement et votre professionnalisme nous ont charmés». 6e génération de restaurateur, Nicolas Monclerc, 29ans, a exercé plus de dix ans au sein du restaurant familial "L'auberge du père Louis" créé en 1903 par son arrière grand père et située en face des Folies Bergères, le célèbre cabaret parisien.
Après la vente de l'affaire parisienne avec le désir impérieux de s'installer en province, l'annonce proposant la gérance de l'Hôtel du Rhône puis le visite qui s'en suivit à Seyssel fut "un vrai coup de cœur" souligne le jeune chef cuisinier qui sera épaulé par ses parents Isabelle et Franck.
«M. Monclerc, cet hôtel restaurant, nous vous le confions, avec un œil dessus : on le voit depuis la mairie» conclut avec malice Michel Botteri en lui souhaitant des vœux de prospérité et de réussite.
Auparavant, il avait tenu à remercier tous les intervenants sur ce dossier avec une mention toute spéciale à Denis Berthod, maire adjoint, en charge de ce projet depuis le départ pour une présence de tous les instants lors du chantier...jusqu'à la veille de l'inauguration. «C'est une belle réalisation et une grande fierté pour ma part» précisa l'intéressé.
Le mot de conclusion est revenu au conseiller départemental Philippe Emin : «Avec ma collègue, nous partageons la satisfaction générale devant la réussite de cet établissement et saluons la prouesse technique, notamment après les surprises évoquées». Il rappela la participation du Département "pour soutenir les projets de ses communes, notamment ceux à connotation touristique". Enfin il souligna à propos de la municipalité "le travail d'une équipe avec un projet de cœur" et termina avec des vœux de réussite aux nouveaux exploitants.
Avec des bulles seysselanes, chacun trinqua alors au renouveau de l'Hôtel du Rhône dont l'ouverture au public est prévu le 4 avril.