L’Adjudant-chef Henrique Ferreira commande en intérim la brigade

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Depuis bientôt un an, la Communauté de Brigades de Rumilly / Alby-sur- Chéran n’avait plus de chef. Le Lieutenant Desmarchelier, qui occupait ce poste, s’est mis en indisponibilité pour suivre une formation de pilote d’hélicoptère au sein de l’institution. L’intérim est assuré par l’Adjudant-chef Henrique Ferreira, précédemment en poste à la brigade d’Alby-sur- Chéran, depuis le début de l’été.

Pourquoi avez-vous pris cet intérim ?

J’ai pris cet intérim car le lieutenant Desmarchelier est parti pour deux ans à l’école de pilotage d’hélicoptère. S’il réussit son stage, il ne reviendra pas et sera remplacé par un officier à l’été 2025. La décision finale sera prise en fin d’année, pendant la période de demande d’avancement et de mouvement, appelée PAM (plan annuel de mutation). Il est de coutume que le plus gradé de l’unité prenne l’intérim, donc c’est mon tour. En septembre ou octobre, je pourrais être rejoint par un autre adjudant-chef. L’arrivée d’un officier pérennisera le commandement de cette communauté de brigades qui compte plus de 25 militaires.

Combien êtes-vous sur le canton ?

Nous sommes 30 entre Alby et Rumilly. À la brigade d’Alby-sur-Chéran, nous avons actuellement un effectif complet de 9 gendarmes. Le reste des effectifs se trouve à Rumilly. Ce sont des gendarmes relativement jeunes et récents, puisque la plupart ont été renouvelés cet été. Nous avons une activité constante et incessante, ce qui entraîne un renouvellement fréquent du personnel, souvent muté vers d’autres brigades. Pour la période des JO, nous perdons 5 gendarmes mais récupérons des réservistes, ce qui permet de combler les effectifs en patrouille. Durant cette période, nous ne pourrons pas prendre de permissions ni de vacances. Ce seront trois mois intenses, du 15 juin au 15 septembre, et les vacances s’étaleront jusqu’en 2025.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

Je suis entré en janvier 2004 comme gendarme adjoint pendant deux ans à Aubagne, avant de réussir mon concours d’officier et de rejoindre l’école de gendarmerie de Montluçon. J’ai ensuite passé six ans au PSIG d’Épinal dans les Vosges, où l’activité était très soutenue. Après avoir passé l’examen d’officier de police judiciaire, j’ai rejoint une unité territoriale pour faire de la police judiciaire. Avec la création des zones de sécurité prioritaires et mon expérience en PSIG, j’ai intégré une de ces zones pendant deux ans. Avec la dissolution des Renseignements Généraux et la période des attentats en France, une branche spécifique de la gendarmerie, le Renseignement Territorial, a été créée. J’ai intégré le RT de Metz, où j’ai travaillé sur des thématiques de renseignement pendant quatre à cinq ans. En 2018, j’ai rejoint l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et la Santé Publique, où je suis resté jusqu’à mon arrivée ici il y a trois ans. Nous aimions beaucoup la Haute-Savoie, et la période COVID en région parisienne a été difficile pour ma famille. Nous avions besoin de changement après cette période.

Où êtes-vous rattaché pour votre bureau ?

Je suis rattaché à la fois à Alby et à Rumilly, sans bureau fixe à part celui que j’occupe déjà à Alby. À Rumilly, je garde le bureau du lieutenant vacant jusqu’à l’arrivée de son successeur, donc je prends un bureau quelconque. À Rumilly, je peux m’appuyer sur deux adjudants expérimentés qui composent avec moi le «pool commandement» pour prendre les décisions opérationnelles. Nous assurons une rotation pour qu’il y ait toujours quelqu’un de présent.

Un été sur le canton de Rumilly / Alby, qu’est-ce que cela représente en termes d’activités ?

C’est beaucoup d’interventions, surtout cette année avec les Jeux Olympiques qui mobilisent les forces de l’ordre. Sur un effectif de 30 militaires à Rumilly, cinq ont été envoyés aux JO. Nous n’avons pas de permissions cet été pour assurer les tours pour les JO et maintenir un niveau constant de personnel sur le terrain.

Comment se décomposent vos missions ?

Le Semnoz : L’été, nous rencontrons les problématiques estivales qui gênent les alpagistes, comme la surfréquentation et le bivouac illégal. Nous effectuons des contrôles coordonnés avec la DDT, l’OFB et l’ONF. Le Semnoz nous prend du temps en raison de son éloignement du coeur de notre zone géographique où l’activité est dense, avec en moyenne six interventions par jour. Un véhicule motorisé (4x4) est également déployé sur le site pour faciliter les interventions.

Les enquêtes judiciaires : En plus des interventions, nous avons de nombreuses enquêtes judiciaires, surtout pour des violences intra-familiales. Ces procédures sont lourdes mais nécessaires, impliquant des gardes à vue de 24 à 48 heures et des présentations au magistrat. Dans ces affaires, il y a aussi le temps passé aux auditions, tant de l’accusé que des victimes, pour avoir un dossier le plus complet possible. Malheureusement, ce type d’affaire est fréquent tout au long de l’année.

Accidentologie en hausse : Le seul point noir de notre circonscription est l’augmentation des accidents. Nous prenons des mesures avec plus d’heures dédiées à la police routière, la prévention et la répression routière, en ciblant les comportements dangereux. Nous recherchons les conduites addictives telles que la consommation de stupéfiants, d’alcool et la vitesse excessive. Cet été, nous faisons un effort particulier sur ce point et la population nous verra de plus en plus au bord des routes. Depuis le début de l’année, nous avons eu deux accidents mortels, contre un seul à la même période l’année dernière. Un phénomène de plus en plus fréquent est le “Red rage”, où des conducteurs, excédés par le comportement d’autres usagers, s’arrêtent pour en venir aux mains. L’été, la chaleur et l’alcool aggravent ce phénomène.

Sur tout le reste, comme les atteintes aux biens des personnes et les cambriolages, nous observons une baisse, bien que cela reste important. Nous avons mis en place certaines manoeuvres qui ont permis de faire descendre ces chiffres.

Comment lutter efficacement contre le trafic de drogue, car la COB a effectué récemment plusieurs saisies ?

Nous avons mis en place des contrôles pour lutter contre les produits stupéfiants, notamment dans les zones piétonnières autour des plans d’eau. Ces opérations ont été fructueuses. En été, nous ciblons des endroits où les gens ne s’attendent pas à notre présence.

On va revoir des patrouilles à cheval ?

Oui, nous aurons des patrouilles à cheval armées par des cavaliers de la Garde Républicaine, ainsi que trois gendarmes de Rumilly compétents à cheval. Ces patrouilles ne se feront pas tous les jours, mais elles seront un atout, car ces gendarmes connaissent bien les chemins et les zones de surveillance. Les cavaliers seront sous les ordres de la Compagnie d’Annecy.

Pendant les élections législatives, les gendarmes étaient aussi en première ligne ?

Oui, nous avons été bien occupés avec des centaines de procurations par jour. La possibilité de faire sa procuration en ligne a été très bénéfique et devrait être notée pour les prochaines élections.

La fête patronale approche, vous serez encore sur la brèche ?

Il y a deux ans, il y a eu des violences importantes. L’année dernière, nous avons signé une convention avec la mairie pour avoir trois gendarmes et un véhicule en permanence sur la fête, notamment les samedis. Cela a été reconduit et même amplifié cette année avec quatre gendarmes et deux véhicules de patrouille pour intervenir et bloquer certains axes. La présence de militaires de la gendarmerie est cruciale, surtout après des incidents graves comme ceux survenus il y a deux ans, où des armes blanches ont été utilisées.

Vous avez de l’expérience avec l’environnement, la nature. L’Albanais est-il touché par le braconnage ?

Nous sommes confrontés au braconnage lié à la pêche. Des contrôles coordonnés avec la fédération des pêcheurs sont effectués. La gendarmerie de Haute-Savoie a signé une convention départementale pour lutter contre ce fléau. Ce phénomène est souvent lié à des réseaux organisés, généralement originaires des pays de l’Est, intéressés par les poissons d’eau douce comme le silure, la carpe et le brochet. Ces poissons, peu utilisés en France, sont des mets de choix dans ces pays. Des communautés viennent faire une razzia sur les étangs pour partager ces poissons au sein de leur communauté. Le braconnage touche aussi les écureuils roux, consommés par certaines communautés étrangères.

 

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